On aimerait que certains voyages ne finissent jamais. C’est précisément ce qu’il arrivera à celui de Simon Chevalier et Joëlle Lavoie qui, d’abord simples explorateurs, viennent aujourd’hui de prendre leurs quartiers au Costa Rica. Leur nouvelle propriété, dont ils furent jadis les hôtes, accueillera les vacanciers de passage ; même si l’année 2020 a généré beaucoup de questions sur leur projet.

Joëlle et Simon ont déjà sillonné plusieurs pays du globe, au gré de l’Europe et de l’Asie. Mais en 2016, quand le couple déboucle ses valises au Costa Rica, leurs mâchoires se décrochent aussitôt. « On ne sait pas pourquoi, mais quelque chose nous attirait irrésistiblement, une force d’attraction voulait nous garder là. Ce sentiment ne nous a jamais lâchés par la suite », évoque Joëlle Lavoie, originaire de Témiscouata-sur-le-Lac et installée à Montréal ces dernières années. « Tout le temps du voyage, on s’est dit : “C’est quoi, ce pays ?”, on avait les larmes aux yeux en repartant. »

PHOTO TIRÉE DU SITE BOOKING.COM

La maison d’hôte Vida Verde, à Playa Avellanas

Au cours de ce premier séjour, leurs vues et leurs vies se teintent d’une nouvelle couleur. Rose, certes, mais surtout verte, puisqu’ils logèrent à Vida Verde (« Vie Verte » en espagnol), une propriété de Playa Avellanas, sur la côte Pacifique. Rapidement, ils se lient d’amitié avec Camille et Pascal, le couple qui les héberge au sein de cette bâtisse construite sous leurs directives, et munie de deux cabinas destinées aux touristes. Leur soif d’ailleurs est étanchée par la mer, la biodiversité, les liens avec les locaux.

Moins de deux ans plus tard, en janvier 2018, ils cèdent à nouveau au chant de ces sirènes costaricaines, qui ne se sont jamais tues dans leur tête. Tels les jaguars qui arpentent les jungles nationales, ils se postent aux aguets. Leur proie ciblée : une occasion de prolonger leur présence sur ces côtes. Aussitôt qu’elle pointe son nez, Joëlle et Simon jaillissent de leurs cabines pour s’en saisir ; ainsi, huit mois durant, ils assureront le gardiennage de la maison d’Américains absents au cours de la basse saison. Leur contrat terminé, de retour au Québec, ils renouent avec une autre saison, plus mordante. « On est revenus en plein hiver, on a eu vraiment un choc et on s’est demandé ce qu’on faisait ici », raconte Simon, originaire de Québec.

Le couple se mute de nouveau en jaguars à l’affût. Et cette fois, leur zone de chasse se trouve en terrain connu : leurs amis, Camille et Pascal, mettent en vente la fameuse propriété de Vida Verde, en juillet 2019. Toutes griffes dehors, ils foncent. Se démenant pour financer leur projet, ils parviennent finalement à établir un plan pour un déménagement en mars 2020. Un mois, vous vous en doutez, très particulier. « Le projet était déjà bien sur les rails avant la pandémie, et c’est arrivé au moment où on s’apprêtait à partir », se souvient le couple, qui a dû s’armer de patience et de résilience, contraint d’attendre le 13 novembre pour enfin boucler ses valises et attraper l’un des vols vers le Costa Rica, grippés depuis des mois.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Simon Chevalier et Joëlle Lavoie en train de se préparer pour le grand départ

Nouvelles plages horaires

Acquérir une maison d’hôtes alors que le tourisme international est plus que jamais enfiévré n’a-t-il pas préoccupé ces Québécois migrateurs ? « C’est sûr que ça nous a fait un peu peur, on a eu des questionnements sur le projet. Mais les anciens propriétaires ont réussi à se faire une clientèle locale, et il reste une demande pour du logement à moyen et long terme. On est conscients que les deux premières années seront plus difficiles », confie le couple. Et pas question pour nos jaguars de se muter en paresseux — un autre animal national emblématique. Joëlle, qui a travaillé en restauration et en hôtellerie, peut compter sur son expérience dans le domaine pour gérer les futurs hôtes ; quant à Simon, designer interactif, il a conservé son emploi et fera du télétravail, avec une plage non plus en fond d’écran, mais en véritable décor d’arrière-plan.

Ne craignent-ils pas, alors, que l’effervescence de leurs premiers flirts avec le Costa Rica ne s’étiole, que l’élan de ces voyages antérieurs ne s’essouffle, et que le quotidien ne finisse par les rattraper, même avec du sable entre les doigts de pieds ? Ils confessent en avoir pleinement conscience, mais restent convaincus que leur avenir sera de toute façon plus radieux sous ces nouveaux cieux. « De vivre à l’extérieur en permanence, avec une température constante et l’accès à la mer, c’est très attirant. Le quotidien d’un coucher de soleil, on ne peut pas s’en lasser. Ici, au Québec, c’est métro-boulot-dodo. Au Costa Rica, c’est plus simple et on reste entourés d’un milieu très communautaire », lancent-ils, juste avant de plonger corps et âme en pleine pura vida, la « vraie vie », devenue la philosophie de ce très beau pays.

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