La mise aux enchères par Industrie Canada du spectre des ondes autrefois réservées à la télé analogique fait saliver les grands acteurs du sans-fil canadien, qui promettent des nouvelles technologies qui bouleverseront le quotidien des entreprises canadiennes. Rien qui laisse présager une baisse du coût des communications au pays, cependant.

Le ministre de l'Industrie, Christian Paradis, compte annoncer d'ici quelques semaines comment se dérouleront ces enchères. M. Paradis devrait aussi préciser quelle sera la nouvelle place de l'investissement étranger dans ce processus.

À moins qu'Industrie Canada n'autorise l'investissement étranger pour aider les petits indépendants, le champ risque d'être libre pour les trois grands que sont Bell, Rogers et Telus. Tous trois ont démontré à répétition un intérêt manifeste pour le spectre des 700 MHz. Ils le jugent essentiel à l'introduction de nouveaux services fortement lucratifs, essentiellement destinés aux entreprises et aux commerçants: transactions mobiles par sans-fil, communications automatisées entre machines, et autres services mobiles qui révolutionneront le monde des affaires.

«Le nombre d'appareils qui pourront se brancher à ces nouveaux services est énorme. Il y a beaucoup plus de potentiel de profits dans ce marché que si on ne fait qu'accroître les revenus par client avec des services grand public», explique Nadir Mohamed, PDG de Rogers, en entrevue à La Presse Affaires. «Nous devons avoir accès à ce spectre, car 9 millions de nouveaux clients à travers le pays sont prêts à adopter ces nouveaux services.»

Pas de baisse de prix en vue

L'accès aux fréquences contenues dans le spectre des 700 MHz vise à ouvrir la voie à une nouvelle génération de services de transmission de données à haut débit. Comme en 2008, le gouvernement souhaite provoquer une réduction du coût d'accès à l'internet, avec ou sans fil, et un accroissement de la concurrence dans le marché des services internet en tout genre.

Vivement la concurrence, opinent les analystes. Ils se demandent toutefois d'où elle viendra. Les fournisseurs indépendants nés de la dernière enchère en ont plein les mains, et ne semblent pas prêts pour une deuxième ronde d'acquisition à grands frais de nouvelles fréquences.

Sortant d'une rencontre avec les dirigeants de Public Mobile, la semaine dernière, l'analyste Jeff Fan, de Scotia Capital, notait «qu'ils n'ont aucun intérêt pour le spectre des 700 MHz, à moins que le prix ne soit particulièrement attrayant». Le sentiment semble partagé par leurs homologues de Mobilicity et Wind Mobile, davantage pressés de hausser le coût de leurs services téléphoniques afin de renflouer leurs coffres, que de surenchérir contre leurs concurrents aux poches plus profondes.

Les coûts resteront donc parmi les plus élevés au monde, pour un service somme toute moyen. Au sein des 32 pays de l'OCDE, le Canada arrive 15e pour la qualité de son accès à l'internet, selon une étude réalisée au début de février par la société montréalaise Lemay-Yates Associés, pour le compte de Rogers. Le coût de transmission des données, lui, place le Canada au 12e rang.

Dans le sans-fil, le Canada se démarque par le coût encore plus élevé des services offerts. L'an dernier, l'OCDE classait le sans-fil canadien au troisième rang des plus coûteux parmi ses pays membres, et au premier rang pour les services itinérants (à l'étranger).