La suspension des services des téléphones BlackBerry dans plusieurs pays du Golfe témoigne du haut niveau de sécurité des appareils multifonctions du fabricant canadien RIM (Research in Motion), estiment des experts en sécurité télécoms.

Emboîtant le pas aux Émirats Arabes Unis, l'Arabie saoudite a annoncé mardi la suspension des services des BlackBerry. L'Inde a elle aussi menacé d'interdire leur utilisation.

Ces pays évoquent des questions de sécurité nationale. En clair, selon des experts interrogés par l'AFP, l'incapacité technique à intercepter ou surveiller les données transmises par les BlackBerry.

«Le modèle de sécurité de BlackBerry est très différent de celui d'autres téléphones. Il va d'un bout à l'autre et le cryptage est si puissant que personne ne sait le surveiller», selon Kevin Mahaffey, de la société de sécurité Lookout.

Ce niveau de sécurité, offert uniquement aux clients professionnels de RIM, principal marché du BlackBerry, repose sur un système privatif de cryptage des courriels tenant les données secrètes même pour les opérateurs télécoms les acheminant.

Les combinés se connectant au réseau sont en outre individuellement identifiés par un système de validation codé, selon Peter Beardmore, de la société de sécurité informatique Karspersky Lab.

«BlackBerry est un système plus sûr. Il y a de nombreux services disponibles par le réseau BlackBerry qu'il serait difficile de trouver ailleurs», poursuit cet expert.

Le fabricant canadien vante d'ailleurs ses services comme permettant à ses clients professionnels de «transmettre de l'information sans fil tout en leur assurant que personne, RIM compris, ne peut accéder à leurs données».

La plupart des téléphones intelligents font transiter les courriels par les opérateurs, qui peuvent notamment intercepter les données à la demande de gouvernements.

Les communications vocales, les messages textes et la navigation internet à partir de ces appareils peuvent donc être surveillés - à l'exception des achats en ligne ou transactions bancaires, qui sont cryptés -, explique Nicholas Percoco, vice-président du Spider Labs à la société de sécurité Trustware Information.

D'après lui, RIM - qui assure n'acorder de dérogation de niveau de sécurité à aucun gouvernement contrairement à ce qu'affirment certaines sources - paie peut-être aujourd'hui aussi un conflit intervenu il y a deux ans avec Etisalat, le géant des télécommunications des Émirats.

Le constructeur avait à l'époque affirmé qu'une mise à jour éditée par l'opérateur cachait en fait un programme espion, destiné à accéder aux informations stockées sur les téléphones des clients. «On dirait que RIM ne les avait pas laissés installer un système d'écoute», résume M. Percoco.