Aura-t-il fallu que l'équipe Kojima, les concepteurs de l'excellente série Metal Gear, chapeaute la production de Lord of Shadow pour en faire une version 3D à la hauteur? Sans enlever tout le mérite au concepteur principal Mercury Steam, gageons qu'ils y ont ajouté de leur magie. Le tandem a mené à bien le renouvellement d'une saga qui avait, jusqu'à maintenant, 21 titres derrière elle.
Lord of Shadow continue l'histoire du clan Belmont, une sorte de Van Helsing vidéoludique, où l'on retrouve Gabriel, qui vient de perdre sa femme, tuée par des bêtes issues des ténèbres. Bref, une histoire de vengeance comprenant une course vers un pouvoir qui ne rime pas avec bonheur. Troquant le fouet pour une croix de combat qui en a tous les attributs, cette quête - une rareté sur console nouvelle génération - attend le joueur. Vampires, loups-garous, zombis, sorcières, ogres, tous les monstres classiques doivent être affrontés.
Les puristes castlevaniesques devront cependant laisser leurs principes au rancart. Lord of Shadow ne respecte effectivement plus les standards établis par les jeux classiques de Castlevania ou Metroid. Ils sont délaissés au profit d'une jouabilité empruntée à des jeux qui ont su faire leurs preuves. On reconnaît rapidement, par exemple, God of War avec ses combats à la «tuez-les tous» et ses phases de plate-forme.
Le jeu n'en reste cependant pas là et affiche une personnalité unique et raffinée dans sa progression. D'une combinaison complexe, on passe à des armes spéciales et à un mode de combat utilisant la magie de la lumière ou celle de l'ombre. Les techniques doivent être utilisées avec intelligence. Elles rendent le jeu parfois ardu, mais l'éloigne de cette tendance à vouloir mouler le jeu au joueur.
Difficile de passer sous silence le travail de mise en scène impeccable de Mercury Steam. On ne parle pas ici de graphique à tout rompre. Il arrive même qu'un certain ralentissement se fasse sentir ou que l'on se perde dans les détails au détriment de la progression du jeu. On parle tout de même d'une grande finesse graphique, de décors magistraux et d'une musique somptueuse. Des moments intenses attendent le joueur, que ce soit lors de scènes exceptionnelles ou en vertu d'éléments scénaristiques troublants. Les créateurs qui ont travaillé sur ce jeu sont des passionnés et ça se sent.
Avec 20 heures de jeu, Lord of Shadow est l'un des plus généreux dans le genre. Nous pouvons nous poser la question à savoir s'il est vraiment un produit Castlevania, étant donné sa différence marquée avec les anciens jeux, mais nul doute qu'il mérite d'être dans notre vidéothèque.