Ce n'est peut-être pas une campagne totalement 2.0, mais tous les partis sont actifs sur le web depuis le début de la campagne. «Tout le monde est là, les «influenceurs» et ceux qui veulent l'être, souligne Michel Rochette, directeur des communications du Parti libéral du Québec. C'est une vitrine qu'on utilise aussi pour corriger des messages, comme avec le site web Pour la vérité. Est-ce qu'on influence le débat? C'est difficilement quantifiable. Au moins, les gens qui font des veilles de contenu voient passer nos arguments.»

Quant à l'absence du chef sur Twitter, la raison en est bien simple. «Quand on a des responsabilités de chef de parti et de chef d'État, on n'a pas le temps de répondre à tout le monde. On ne voulait pas que Twitter devienne un canal unidirectionnel et se le faire reprocher.»

Au Parti québécois, on est très fier d'être le parti le plus suivi sur la scène nationale. «Ce n'est pas le seul moyen de rejoindre les gens, mais c'est un outil additionnel qui est devenu incontournable, note Nicolas Girard, candidat dans Gouin. En ce qui me concerne, comme mon adversaire jouit d'une visibilité sur la scène nationale, je mène une campagne plus locale et j'utilise beaucoup les réseaux sociaux. Ça m'a permis d'aller chercher des bénévoles, de rejoindre des gens qui ne voudraient pas d'une pancarte devant leur maison, mais qui acceptent volontiers de relayer nos positions sur Twitter et Facebook. Le portail L'Atelier remporte aussi beaucoup de succès et permet aux citoyens de s'exprimer.»

Vieux routier du web, le candidat de la CAQ Mario Asselin connaît les dangers inhérents aux réseaux sociaux. «C'est un sport extrême et on a déconseillé à ceux qui n'y étaient pas avant la campagne de s'y lancer.» Le candidat de Taschereau se réjouit que son chef, François Legault, soit très présent sur Twitter, une stratégie qui a permis à la CAQ d'avoir encore plus de visibilité et de faire connaître ses positions.

Les «petits» partis

Mais de tous les partis, c'est sans doute Option nationale et Québec solidaire qui bénéficient le plus des retombées de leur présence sur les réseaux sociaux. Le parti Option nationale, peu couvert par les médias traditionnels, a convié les électeurs sur le site ONdebat.com pour entendre Jean-Martin Aussant après le débat de dimanche dernier, auquel il n'était pas invité. Selon le parti, l'initiative a attiré 18 000 visiteurs uniques. «On pensait rejoindre surtout des jeunes, mais ce n'est pas le cas, il y a des gens de tous les âges», explique Laurent Deslauriers, responsable des réseaux sociaux pour ON. Option nationale est le parti qui a attiré le plus grand nombre de nouveaux abonnés Twitter depuis deux semaines - plus de 10 000, selon la firme Adviso.

L'autre «petit» parti qui attire l'attention sur le web est Québec solidaire. La gestionnaire de la campagne web, Anne-Marie Provost, dit s'être inspirée de plusieurs grandes campagnes, comme celles de Barack Obama et de Tony Blair. Un exemple: au lendemain du débat, QS, qui compte le plus grand nombre d'abonnés Twitter, a fait circuler une affichette qui demandait aux gens de donner 10$. «Un des organisateurs d'Obama avait expliqué que les gens donnent moins lorsqu'on les sollicite sans préciser de chiffre. On a doublé le nombre de dons. Nos vidéos sur les mythes liés à la gauche, vues par 70 000 personnes, ont également très bien fonctionné.»