Le moteur de recherche américain Google a accusé lundi la Chine de créer des perturbations sur sa messagerie Gmail, à la suite de dysfonctionnements constatés depuis plusieurs semaines et ayant correspondu à des appels à des rassemblements de protestation populaire dans le pays.

«De notre côté, il n'y a pas de problème technique, nous avons cherché de manière extensive», a déclaré Google dans un courriel à l'AFP, «il y a un blocage émanant du gouvernement et fait de manière telle à laisser penser que le problème vient de Gmail».

Des utilisateurs de l'internet en Chine se plaignent depuis plusieurs semaines de difficultés d'accès à leur compte Gmail et de perturbations des réseaux privés virtuels (VPN) qui permettent de contourner la censure.

Ces problèmes ont coïncidé avec des appels émanant de sites chinois basés à l'étranger demandant à la population de se rassembler les dimanches dans une douzaine de villes du pays, dans l'esprit de la révolution du jasmin qui a renversé le régime tunisien.

Ces appels anonymes ont suscité une grande nervosité du gouvernement chinois qui s'est traduite par de nombreuses entraves au travail des journalistes, dont certains ont été violemment frappés par des membres de la sécurité et d'autres ont vu leur messagerie courriel personnelle piratée.

La Chine, qui compte de loin la plus grande communauté d'internautes (457 millions) a mis sur pied une «Grande muraille informatique» («Great Firewall») qui censure sur le Net les sujets sensibles, comme les droits de l'Homme et les critiques du régime communiste, et bloque Facebook, Twitter, Dailymotion ou YouTube.

«D'une manière générale, le contrôle de l'internet s'est renforcé parce que le gouvernement chinois pense que le militantisme sur l'internet menace le régime», a déclaré à l'AFP Michael Anti, expert de la Toile, «alors il fait tout pour que la menace ne s'aggrave pas».

Google avait eu l'an dernier un long affrontement avec le gouvernement chinois. Après s'être dit excédé par la censure en Chine et les cyberattaques venues de ce pays, le groupe avait décidé en mars de ne plus censurer son site en chinois et de le transférer sur Hong Kong.

La Chine avait alors nié toute responsabilité dans les cyberattaques contre le groupe californien, qualifiant les accusations contre Pékin d«'infondées».

Google avait annoncé en juillet que Pékin avait renouvelé sa licence d'exploitation, qui avait expiré fin juin, lui permettant ainsi de continuer à opérer sur le plus vaste marché internet au monde.