Les débuts controversés du site internet Facebook sont revenus devant la justice américaine mardi: d'anciens camarades d'université s'estimant lésés par le PDG Mark Zuckerberg ont demandé l'annulation d'un accord qui leur a rapporté plus de 65 millions de dollars.

Les jumeaux Tyler et Cameron Winklevoss, des champions d'aviron qui étaient comme M. Zuckerberg étudiants à Harvard lors de la création de Facebook en 2004, ainsi que leur ami Divy Narendra, ont tenté de convaincre une cour d'appel que ce règlement était insuffisant, car il surestimait la valeur qui était alors celle du site internet.

Mais ils se sont heurtés à des juges paraissant sceptiques devant leurs arguments.

Comme l'a raconté le film The Social Network, grand succès critique et public de 2010, les jumeaux Winklevoss et M. Narendra avaient pris contact avec M. Zuckerberg fin 2003 pour qu'il les aide à mettre sur pied un réseau social.

Ils affirment qu'il leur a en fait volé leur idée, et qu'il a délibérément retardé leur projet pendant qu'il travaillait à son propre site, qui a débouché sur ce qui est aujourd'hui le plus grand réseau social au monde, avec plus de 500 millions de membres actifs et un chiffre d'affaires annuel estimé à 2 milliards de dollars.

Les plaignants, qui depuis lors ont fondé leur propre site, ConnectU, avaient été dédommagés 20 millions de dollars en numéraire, et 45 millions de dollars en actions Facebook, sur la base d'une estimation à 36 dollars par action, lors d'un accord confidentiel conclu pour solder les poursuites en 2008 (BIEN: 2008).

Ils font appel car ils estiment qu'ils avaient été trompés sur la valeur réelle des actions Facebook à cette époque: selon eux, ils auraient dû obtenir plus d'argent ou plus de parts du réseau social.

Mais les trois juges réunis mardi dans une cour d'appel de San Francisco (Californie, ouest des Etats-Unis) pour entendre les arguments de leur avocat ont semblé sceptiques, notant que les frères Winklevoss s'étaient bien entourés d'experts avec d'accepter l'accord de dédommagement.

«Ils sont eux-même assez malins. Les jumeaux ont un père (diplômé de la prestigieuse) Université Wharton, qui est très brillant», a noté le juge John Wallace. «Quand on est conseillé par autant de gens, n'est-ce pas difficile de faire valoir qu'on a été dupé»?

«Ce dossier porte sur le fait de savoir si des parties bien informées, aidées d'une escouade d'avocats de classe mondiale, peuvent faire annuler un accord créant des obligations», a déclaré pour sa part l'avocat de Facebook, Joshua Rosenkranz.

«Personne n'a été dupé ici», a-t-il ajouté, «les fondateurs de ConnectU ont conclu un accord qui les a rendus très riches et les rend de plus en plus riche chaque jour. Personne ne les a forcés à le signer».

La valorisation à 36 dollars par action Facebook était fondée sur une prise de participation de Microsoft dans le site conclue peu avant, qui valorisait alors l'ensemble de la société à 15 milliards de dollars.

Selon l'avocat des frères Winklevoss, Jerome Falk, Facebook calculait de son côté que ses actions ne valaient que 9 dollars pièce au moment de les attribuer sous forme de stock options à ses employés.

Depuis lors le site a connu une croissance exponentielle. Ces dernières semaines la banque d'affaires Goldman Sachs et la société russe mail.ru, ex-Digital Sky Technologies, ont pris des participations qui valoriseraient le site à 50 milliards de dollars. Ce qui signifie que le dédommagement obtenu par les adversaires de M. Zuckerberg a plus que doublé de valeur.

Les juges «ont fait preuve d'un degré élevé de scepticisme», a concédé M. Falk à l'issue de l'audience. Les juges devraient se décider d'ici trois mois.