Les deux tiers des internautes de 14 pays ont été victimes de cyber-escrocs, mais peu participent à la lutte contre ce fléau, selon une enquête publiée mercredi par la société de sécurité informatique Symantec.

C'est en Chine que les internautes sont le plus exposés, selon cette étude, avec 83% d'entre eux se disant victimes de virus, de vol de données personnelles ou d'interception des coordonnées de leur carte de crédit, entre autres arnaques.

Le Brésil et l'Inde sont ex-aequo à la deuxième place du classement avec 76% des internautes victimes de fraude, suivis de près par les Etats-Unis (73%).

Viennent ensuite la Nouvelle Zélande (70%), l'Italie et l'Australie (69%), le Canada (64%), l'Allemagne et l'Espagne (62%), la Grande-Bretagne (59%), la France (57%), la Suède (56%) et le Japon (36%).

Symantec, qui a présenté cette étude à l'occasion de la sortie d'une actualisation de son système de sécurisation Norton, explique que les victimes hésitent à réagir de peur que leurs efforts soient vains, alors même que selon Norton, les dénonciations d'escroqueries, même minimes, sont indispensables pour aider les forces de l'ordre à démanteler des réseaux.

«Les cybercriminels font exprès de ne voler que de petits montants pour ne pas se faire remarquer, mais tout cela finit par s'accumuler», a souligné Adam Palmer, un responsable des produits Norton. «En ne révélant pas que vous avez perdu de l'argent, vous pouvez en fait aider les criminels à rester indétectables».

La tendance des gens à s'accommoder de la cybercriminalité s'inscrit dans un réflexe acquis à ne pas se faire aider, pour Joseph LaBrie, professeur de psychologie à l'Université Loyola Marymount.

«C'est comme quand on se fait escroquer par un garagiste: si on ne s'y connaît pas assez en voitures, on ne va pas discuter avec le mécanicien», selon M. LaBrie. «Les gens l'acceptent, même s'ils n'aiment pas ça».

Cette étude révèle aussi un flou dans la perception de ce qui est légal ou illégal sur internet: près de la moitié des personnes interrogées pensent qu'il est permis de télécharger juste un film sans payer, et 24% pensent qu'il n'y a rien de répréhensible à lire les courriels d'un autre en secret ou à regarder l'historique de leurs consultations sur internet.

«Les gens sont réticents à se protéger ou à sécuriser leur ordinateur parce qu'ils pensent que c'est trop compliqué», a relevé Anne Collier, une responsable de l'organisation à but non lucratif ConnectSafely.org, qui a participé à l'étude de Norton.

«Mais tout le monde peut prendre des mesures simples, comme avoir un logiciel de sécurité à jour. Pour ce qui est de la criminalité en ligne, quelques grammes de prévention valent des tonnes de remède», a-t-elle ajouté.

L'étude a été réalisée en février 2010 par la société StrategyOne auprès de 7066 adultes dans 14 pays.