Apple, première capitalisation boursière mondiale, a limité la casse lundi en Bourse grâce à des propos rassurants sur la Chine, contrairement à beaucoup d'autres valeurs technologiques qui alimentaient la reprise aux États-Unis ces dernières années.

L'action de la marque à la pomme a clôturé sur un recul de 2,50% à 103,15 dollars après une journée agitée: elle avait plongé de jusqu'à 13% en début de matinée, passant sous la barre symbolique des 100 dollars avec un plus bas en séance à 92 dollars, puis s'était reprise vers la mi-journée, passant même environ deux heures dans le vert avant de rechuter.

Pour Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Market, la résistance du titre «est basée seulement sur le commentaire de Tim Cook selon qui la Chine ne va pas si mal».

Le directeur général d'Apple a réaffirmé les «opportunités sans égales sur le long terme» de la Chine, dans un courriel adressé à un journaliste de la chaîne de télévision financière CNBC. Il a notamment dit être informé quotidiennement de l'évolution des ventes dans ce pays «y compris ce (lundi) matin, et je peux vous dire que nous avons continué de constater une forte croissance pour nos activités en Chine en juillet et en août».

L'effet de ces commentaires sur le marché est à la hauteur de l'importance que joue désormais la Chine pour le groupe américain: sur le trimestre achevé fin juin, il y avait réalisé 27% de son chiffre d'affaires et encore enregistré une croissance énorme, de 112%.

Aussi, les inquiétudes croissantes ces dernières semaines sur la santé économique chinoise se ressentent-elles sur le cours de Bourse: Apple, qui était pourtant encore courant juillet, juste avant ses derniers résultats trimestriels, tout près de son pic de 133 dollars de février, affiche actuellement une valeur inférieure de plus de 20%.

«Le sentiment concernant la Chine pèse sur Apple», reconnaissaient dans une note lundi les analystes de Cantor Fitzgerald, en évoquant toutefois «des inquiétudes sur la Chine exagérées» et une baisse de valorisation «irrationnelle».

Valeurs technologiques touchées 

Au-delà d'Apple, les valeurs technologiques ont globalement semblé plus touchées que d'autres par les turbulences lundi sur les marchés, reconnaît Michael Schiller, analyste spécialiste de ce secteur chez Nasdaq Advisory Services. Lui aussi juge toutefois «artificielle» l'ampleur des chutes de cours en début de séance, y voyant largement l'effet de transactions automatisées à haute fréquence à l'ouverture suivies de «ventes dans la panique».

Parmi les noms en vue dans le secteur technologique américain, Google et Facebook ont fini la journée sur une perte de presque 4%, celle d'Amazon a dépassé 6% et celle de Netflix frôle les 7%. Moins mal lotis, Microsoft a lâché plus de 3%, et Twitter, déjà à ses plus bas niveaux historiques, a reculé de 2,7%.

Parmi les valeurs technologiques chinoises cotées à Wall Street, le géant chinois du commerce en ligne Alibaba est repassé sous son prix d'introduction en Bourse en septembre 2014 de 68 dollars (-3,49% à 65,80 dollars en clôture). Ses compatriotes Baidu et Weibo, considérés comme les équivalents chinois de Google et de Twitter, ont abandonné respectivement 7,74% et 20,48%.

«La Chine a été une thèse utilisée par les gens pour acheter certaines valeurs» du secteur technologique, à commencer par Apple, et l'impression d'un ralentissement brutal dans ce pays a donc motivé des prises de bénéfices, explique Michael Schiller.

Il assure toutefois que le secteur technologique américain n'est pas spécialement surexposé dans ce pays, faisant valoir que certains groupes industriels y sont aussi très présents, et refuse également de voir dans les événements de lundi le début de l'explosion d'une possible bulle.

«En réalité, le marché n'est allé nulle part sur les derniers mois» et avant la séance de lundi était presque à l'équilibre depuis le début d'année, fait-il valoir. «Ce n'est pas comme s'il y avait eu un énorme mouvement à la hausse et que les gens vendaient des valeurs qui étaient en hausse de 50% à 100% sur un an».

Moins optimiste, Trip Chowdhry évoque «un marché divergent», avec quelques valeurs à l'activité et à l'innovation réellement solides (il cite en exemple Apple, Microsoft, Oracle ou Tesla) mais aussi beaucoup d'actions «plutôt hyper-gonflées. Toutes les récentes introductions en Bourse, y compris Twitter, GoPro, Alibaba... il n'y a pas de croissance durable chez ces entreprises» et elles auront davantage de mal à se remettre, prédit-il, anticipant aussi «des problèmes» pour les entrées en Bourse à venir.