Les sites internet de la police fédérale et de la banque centrale australiennes ont été victimes d'un piratage informatique, revendiqué par un Indonésien qui réclame, indique la presse jeudi, les excuses de Canberra, en pleine crise diplomatique entre l'Australie et Jakarta.

La police a qualifié d'«irresponsables» ces actes de piratage et souligné qu'il ne s'agissait pas d'«activités innocentes» et qu'elles pouvaient avoir «des conséquences sérieuses pour ceux qui les ont commises, telles que des condamnations et de la prison».

Le site de la police fédérale, qui ne contient pas d'informations confidentielles, était en panne jeudi matin, a indiqué la police, alors qu'il fonctionnait parfaitement la veille.

Le site de la banque centrale du pays a également été visé, par une attaque par déni de service depuis mardi minuit, a indiqué un porte-parole de l'institution. Mais un système de protection garantit la bonne marche du site, même s'il fonctionne plus lentement que d'habitude.

Ces attaques surviennent en pleine crise diplomatique entre Canberra et Jakarta, après des allégations selon lesquelles l'Australie a écouté le téléphone du président indonésien et placé plusieurs de ses proches sous surveillance.

Jakarta a cette semaine rappelé son ambassadeur à Canberra et annoncé qu'il «rétrogradait» ses relations avec l'Australie. L'Indonésie a également annoncé la suspension de sa coopération avec son voisin dans la lutte contre le trafic de boat-people, cette collaboration étant un maillon essentiel dans la relation entre les deux pays.

Un membre du groupe de pirates informatiques Anonymous Indonesia, utilisant le mot-dièse (hashtag) IndonesianCyberArmy, a revendiqué ces attaques informatiques.

La télévision et radio nationale, Australian Broadcasting Corporation (ABC), a contacté le pirate qui a déclaré avoir agi «en raison de l'espionnage conduit par l'Australie».

Il a ciblé la police et la banque centrale car il estime que ce sont «les deux sites les plus importants d'institutions publiques» dans le pays. «Nous frapperons de nouveau (à moins que) l'Australie s'excuse auprès du peuple indonésien», a-t-il ajouté.

La police fédérale enquête, notamment avec le Centre de sécurité informatique, pour identifier les pirates, a-t-elle précisé.

Les relations entre les deux voisins, glaciales, ne risquent pas de se réchauffer avec la révélation d'un message envoyé sur Twitter par un conseiller du premier ministre australien Tony Abbott, qui comparait un haut responsable politique indonésien «à une star du porno philippine des années 70».

«Un type qui ressemble à une star du porno philippine des années 70 demande des excuses», avait écrit Mark Textor, un message depuis effacé. Il a présenté ses excuses jeudi et assuré qu'il ne visait personne en particulier, bien que la presse ait identifié la cible de son message comme étant le ministre indonésien des Affaires étrangères Marty Natalegawa.

Le ministre avait demandé des excuses à Canberra après les allégations d'espionnage, révélées par des documents émanant de l'ex-consultant du renseignement américain Edward Snowden obtenus par ABC et The Guardian.