La volonté du Canada de monopoliser le podium aux Jeux olympiques de Vancouver fait réagir. En restreignant l'accès aux installations olympiques aux athlètes étrangers, le Canada s'éloigne de l'esprit olympique, dénoncent deux patineurs de vitesse américains.

«Ils font un sale travail», a accusé la patineuse Catherine Raney dans le New York Times d'hier. Publié en page frontispice du prestigieux quotidien, le long article énumère plusieurs exemples où le comité organisateur des Jeux (COVAN) limite l'accès aux installations aux athlètes étrangers.

Ainsi, l'Américaine Raney a dû mettre un terme à sept ans d'entraînement avec l'équipe canadienne de patinage de vitesse. Au même titre que les autres patineurs étrangers, elle n'a maintenant qu'un accès limité pour s'entraîner à l'anneau olympique de Richmond avant le début des Jeux. «Ça ne semble simplement pas dans l'esprit olympique», prétend son coéquipier Derek Parra, double médaillé aux Jeux olympiques de Salt Lake City, en 2002.

Le COVAN réplique en affirmant que tous les pays ont un «accès équitable» avant les Jeux et qu'il répond en tout point aux exigences en ce sens des fédérations internationales. En revanche, le COVAN ne se cache pas qu'il vise ainsi à favoriser les athlètes canadiens. «On a une équipe compétitive et on fait du mieux qu'on peut pour lui donner les avantages d'être à la maison, ce que feraient tous les autres pays dans le monde», a affirmé John Furlong, directeur général du COVAN, hier.

Ce dernier a rappelé que le Canada visait le premier rang au tableau des médailles et qu'une bonne performance de l'équipe locale était une condition incontournable pour «générer une bonne ambiance» durant les Jeux. Au surplus, les États-Unis ne s'étaient pas privés de favoriser ses propres athlètes en prévision des Jeux de Salt Lake City, a rappelé M. Furlong. Dans des disciplines comme le bobsleigh, la luge et le skeleton, les Américains, qui n'étaient pas attendus, avaient finalement remporté sept médailles.

L'accès au centre de glisse de Whistler est d'ailleurs un sujet sensible. La connaissance de cette nouvelle piste, réputée très difficile, devrait favoriser les athlètes canadiens, qui auront droit à plusieurs centaines de descentes d'entraînement par rapport à quelques douzaines pour les athlètes étrangers. Ce point de discorde a mis fin à une collaboration entre les fédérations canadienne et américaine de luge remontant aux Jeux de Lake Placid, en 1980, révèle le NYT.

Dans la même veine, Canada Alpin a organisé deux camps d'entraînement réservés à ses skieurs sur la piste de descente de Whistler au cours des deux dernières années. L'Association canadienne de ski acrobatique a, pour sa part, refusé une demande des Australiens de venir s'entraîner sur la piste olympique de bosses de Cypress. La fédération australienne a répliqué en défendant aux bosseurs canadiens de venir s'entraîner avec ses membres durant l'été.

Ce parfum d'inimitié annonce de belles batailles durant les Jeux de Vancouver.