Eugène Lapierre est un charmeur, son homologue torontois George Karl aussi. Les deux directeurs de la Coupe Rogers auront justement fort à faire pour convaincre tout le monde que la nouvelle formule «mixte et virtuelle» du tournoi est une amélioration.

Constamment parmi les tournois les plus populaires de l'année, aussi bien sur le circuit féminin que du côté masculin, la Coupe Rogers connaissait une croissance régulière et spectaculaire en alternant entre Montréal et Toronto - une année les femmes, une année les hommes - pendant les deuxième et troisième semaines d'août.

Le tennis occupait l'avant-scène sportive canadienne pendant une vingtaine de jours, avec évidemment d'intéressantes retombées pour Tennis Canada et tous ses partenaires. Il faudra dorénavant se contenter d'une douzaine de jours et trouver une façon de faire «cohabiter» deux grands tournois.

Lapierre n'y voit pourtant que des avantages. «La nouvelle formule nous procurera un impact encore plus grand, a-t-il assuré, mercredi, en entrevue exclusive. La valeur ajoutée sera importante pour chacun des tournois puisque nous pourrons maintenant diffuser les matchs en cours dans l'autre ville sur écrans géants, un peu partout sur nos sites.

«C'est une situation unique, nous sommes les seuls au monde à présenter un tel tournoi dans deux villes différentes, et je suis convaincu que nous pourrons en exploiter tout le potentiel. Déjà, nos grands partenaires ont embarqué avec enthousiasme.»

À ceux qui, comme Roger Federer, regrettent déjà l'ancienne formule, Lapierre répond: «Prenons le temps de vivre le tournoi. Roger est conservateur, il n'aime pas changer une formule qui marche bien. Mais je crois qu'il appréciera son expérience au cours des prochains jours.»

Un nouvel horaire en soirée

Le vice-président de Tennis Canada reconnaît qu'on n'avait guère le choix de toute façon. «Les deux circuits (ATP et WTA) ont décidé d'aller dans cette direction, en multipliant les tournois mixtes, et nous avons dû trouver une solution qui convenait à notre situation. On va devoir vivre avec ça et ce sera pour plusieurs années.»

Jamais à court d'idées, Lapierre a vite réglé les problèmes de logistique liés notamment à la diffusion des matchs à la télé. L'horaire du tournoi a été revu, la session du soir débutant maintenant à 17h30 à Montréal.

«La décision avait été prise depuis longtemps, a-t-il expliqué. Plusieurs personnes se plaignaient de n'avoir souvent qu'un match important à suivre en soirée, alors qu'elles déboursaient autant que les amateurs qui avaient pu suivre plusieurs matchs durant la journée.

«En fait, nous avions un deuxième match en soirée, mais les joueurs rechignaient à jouer devant des gradins dégarnis et il fallait souvent prévoir des doubles. Désormais, les gradins seront peut-être moins remplis au début de la séance - il va falloir s'habituer à arriver plus tôt -, mais tout le monde restera jusqu'à la fin du deuxième match.

«Les amateurs auront encore plus de matchs durant la journée, sur les terrains annexes notamment, mais ceux qui seront là en soirée seront assurés de quatre heures de tennis de haut niveau.»

Un complexe en évolution

Au-delà des changements à la formule du tournoi, Lapierre et son équipe ont revu l'aménagement du complexe du parc Jarry. On a déjà parlé des importants travaux qui ont permis d'aménager trois courts de terre battue sur le toit du centre de tennis intérieur et de construire une nouvelle et superbe galerie à l'extrémité ouest du stade Uniprix.

«Nous avons voulu garder la «signature» du stade avec la forme courbe de la galerie de la presse, mais les travaux nous ont permis d'agrandir et de moderniser les installations», a expliqué le directeur du tournoi.

«Nous avons aussi tenté d'«ouvrir» le site en dégageant l'aire centrale devant le stade de façon à permettre aux spectateurs de circuler plus librement et de suivre ce qui se passera sur les courts et à Toronto sur les écrans. Avec la nouvelle formule, plusieurs réseaux nous ont demandé d'installer des tribunes sur cette place centrale et l'animation sera vraiment continue.»

Soucieux d'intégrer la population des quartiers environnants, les organisateurs ont érigé une vaste tribune de 1000 places sur le court 9, mais à l'extérieur du site, dans le parc Jarry. «L'accès à cette tribune sera entièrement libre et c'est une façon pour nous d'attirer les gens du quartier en leur offrant la chance de découvrir le tournoi.»

Toujours à l'affût de nouveaux spectateurs, Lapierre ne cache pas qu'on espère améliorer cette année la marque d'un peu plus de 200 000 spectateurs établie en 2009. «Tout se passe bien au niveau de la vente des billets. Qui sait, nous serons peut-être à guichets fermés avant même le début du tournoi.»

Même si la nouvelle Coupe Rogers n'est pas encore amorcée, Lapierre planifie déjà la prochaine, en août 2012. Le tournoi olympique, qui sera disputé à Wimbledon, prendra fin le 5 août alors que la Coupe Rogers doit commencer le lendemain.

«Nous sommes en pourparlers avec les dirigeants des deux circuits et nous avons déjà prévu des façons d'emmener les joueurs à Montréal et Toronto. Je ne peux en dire plus pour l'instant, des annonces seront faites pendant le tournoi...»