(Paris) Triple lauréate de Roland-Garros, la N.1 mondiale Iga Swiatek se présente, sur la lancée d’un doublé Madrid-Rome, en archi-favorite de l’édition 2024 qui s’ouvre dimanche, forte de son arme fatale empruntée à son idole Rafael Nadal, son bondissant coup droit lifté.

Sur la terre battue madrilène, comme sur la romaine, la Polonaise de 22 ans a vaincu à chaque fois en finale la N.2 mondiale Aryna Sabalenka. Plus de trois heures de bras de fer et trois balles de match écartées dans la capitale espagnole début mai, à peine une heure et demie sur l’ocre italienne dimanche dernier : deux scénarios, une même issue.

Si bien qu’avec une tournée printanière quasi parfaite –– elle n’a perdu qu’un match sur quinze joués, en demi-finale à Stuttgart (Allemagne), battue par la N.4 mondiale Elena Rybakina en avril -, Swiatek fait forcément figure de grandissime favorite à sa propre succession.

« Évidemment je suis en confiance. Je sens que je joue du super tennis. Mais les tournois du Grand Chelem, c’est une autre histoire. Il y a une pression différente sur le court et en dehors. Il y a sept matchs durs à gagner », a-t-elle rappelé à Rome.

« J’adore revenir à Paris », a ajouté la quadruple lauréate en Grand Chelem (Roland-Garros 2020, 2022 et 2023, Internationaux des États-Unis 2022), mais « je ne tiens rien pour acquis, je vais travailler dur comme je l’ai fait à Madrid et à Rome, et on verra ».

Comme Justine Hénin ?

Jusque-là, seule Serena Williams a réussi un triplé Madrid-Rome-Paris, en 2013.

Si elle est sacrée pour la quatrième fois Porte d’Auteuil samedi 8 juin, Swiatek deviendra, à égalité avec la Belge Justine Hénin, la troisième joueuse la plus couronnée à Roland-Garros dans l’ère Open (depuis 1968).

Seuls quatre joueurs et joueuses la devanceraient encore au nombre de titres sur la terre battue parisienne : Nadal évidemment, avec ses vertigineux quatorze triomphes, Chris Evert (7), Steffi Graf et Bjorn Börg (6).

Toutes proportions gardées, il y a un peu de « Rafa » dans l’arme N.1 d’Iga, qui donne sa pleine expression sur l’ocre, ce lift à donner le tournis qu’elle imprime à son coup droit, sans égal sur le circuit féminin.

« Je ne serai jamais capable de faire tourner la balle à la vitesse où il la fait tourner », mais « c’est bien de prendre son coup droit en exemple, de regarder comment il utilise le lift pour faire la différence », a-t-elle admis à Rome, interrogée sur les éléments du jeu de l’Espagnol qu’elle aurait cherché à lui emprunter.  

« Je pense qu’on a beaucoup de similitudes sur ce plan », a ajouté la reine du circuit WTA, en mentionnant leur revers joué « assez à plat ».

Plus de 3000 tours par minute

Selon des statistiques présentées par la WTA, lors de la quinzaine de 2020, celle de son premier sacre, la balle de Swiatek en coup droit était celle qui tournait le plus sur elle-même parmi les joueuses, avec en moyenne 3200 tours par minute, à peine en dessous de celle de « Rafa » cette année-là. Une de ses balles en finale contre l’Américaine Sofia Kenin avait même atteint 3453 tours par minute.

Jusqu’à quel point Swiatek, qui fêtera ses 23 ans le 31 mai et y compte pour l’instant 28 victoires pour seulement deux défaites, marquera-t-elle Roland-Garros de son empreinte ?

Trop tôt pour le dire, mais ces bases ont aussi quelque chose de « nadalesques ». Quand il a triomphé pour la première fois sur la terre battue parisienne en 2005, le gaucher majorquin venait tout juste de fêter ses 19 ans. Swiatek avait le même âge quand elle s’y est offert son premier titre du Grand Chelem en 2020, au bout d’une exceptionnelle édition automnale en pleine pandémie de COVID-19.

Si elle glane un quatrième sacre en cinq ans dans un peu plus de deux semaines, elle n’aura qu’un an de retard sur les temps de passage infernaux de l’ogre de l’ocre.