Il y a Swiatek, Gauff et compagnie, mais il y a également d’autres jeunes joueuses sur le circuit de la WTA, moins connues, certes, mais qui sont déjà en pleine ascension. Ces joueuses représentent elles aussi l’avenir du tennis féminin.

Qinwen Zheng et Marta Kostyuk sont deux d’entre elles. La première est chinoise, elle a 20 ans et est classée au 24e rang mondial. La seconde vient d’Ukraine, elle vient de souffler 21 bougies et est postée au 30e rang mondial.

Même si elles ont peu de choses en commun, outre leur métier, elles partagent tout de même une chose pouvant faire l’envie de bien des joueuses de tennis du même groupe d’âge : du potentiel.

Ensemble, et avec d’autres joueuses de la WTA âgées de 22 ans et moins, elles forment la « NextGen ». Lire ici la « prochaine génération » de championnes du tennis féminin même si, déjà, elles font leur marque sur le meilleur circuit au monde.

De passage à Washington, les deux joueuses ont pris le temps de discuter avec La Presse de leurs ambitions, mais surtout du tennis féminin. La trame narrative est en train de changer et elles sont deux actrices importantes de l’histoire.

De prime abord, Zheng était hésitante à s’inclure dans le fameux groupe des « NextGen », même si elle respecte les deux seuls critères pour en faire partie, c’est-à-dire être jeune et talentueuse.

« Je crois que pour y être, il faudrait que je sois encore meilleure », a-t-elle lâché.

Zheng semblait avoir oublié qu’en 2022, elle a tout de même été nommée recrue de l’année de la WTA, en plus d’atteindre le 19e rang mondial en mai et d’avoir également remporté son premier titre, à Palerme, la semaine dernière.

PHOTO DYLAN MARTINEZ, ARCHIVES REUTERS

Qinwen Zheng

Mon but est toujours d’être la meilleure version de moi-même, sur le terrain ou dans les autres sphères de ma vie.

Qinwen Zheng

À l’inverse, Kostyuk n’a pas de mal à s’inclure dans le groupe des joueuses les plus prometteuses du monde. « Je ne suis pas Carlos Alcaraz non plus, qui gagne tout et qui est numéro un », a-t-elle nuancé.

Néanmoins, avec un titre à Austin plus tôt cette année et un excellent rendement en double, elle comprend qu’elle fait partie de la nouvelle garde.

PHOTO KIRSTY WIGGLESWORTH, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L’Ukrainienne Marta Kostyuk

« Le niveau est très relevé. Les jeunes joueuses sont très inspirantes. On peut beaucoup apprendre d’elles. Tout le monde a ses propres forces et c’est ce qui est beau. J’espère qu’il y aura de plus en plus de joueuses différentes, pour brasser un peu les cartes et rendre les tournois plus intéressants et compétitifs. »

Les autres

L’élite du tennis féminin est dominée par des athlètes encore relativement jeunes. La moitié des joueuses du top 10 sont âgées de 25 ans et moins.

PHOTO ALBERTO PEZZALI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Anastasia Potapova

Derrière, il y a toutefois d’autres jeunes joueuses, moins prolifiques, mais tout de même remplies de promesses, comme Zheng et Kostyuk. Parmi elles, on trouve aussi Anastasia Potapova, Linda Fruhvirtova et Mirra Andreeva.

Elles n’ont pas la réputation de leurs homologues déjà perchées au sommet du classement, mais elles sont sur la bonne voie. Comparer le rendement et le classement peut être trompeur, croit Kostyuk, car tout est une question de perception.

Parce que pour les gens de mon entourage, ça a pris du temps pour atteindre ce classement, mais dans l’œil du public, ça ne fait pas longtemps. Je vois les choses différemment.

Marta Kostyuk

C’est pourquoi le classement demeure un bon indicateur de réussite, mais il ne fait pas foi de tout : « Ce n’est pas à notre avantage de trop le regarder. C’est juste un chiffre de toute façon. Pour moi, c’est plus une question de sensations. »

Et après tout, une fois dans le tableau principal d’un tournoi, aucun classement ne tient. Il est utile pour identifier les favorites, mais sur le terrain, lorsque la balle est projetée dans les airs une première fois, seul le talent brut compte. Le passé, la réputation et les attentes ne valent plus rien.

« Le but ultime est toujours de jouer au niveau auquel je suis capable de jouer au sommet de ma forme », a rappelé Zheng. Et en le faisant souvent et régulièrement, les joueuses parviennent à gravir les échelons, car c’est la capacité à s’élever dans les grands moments qui ultimement fera la différence entre une joueuse ayant du potentiel et une joueuse ayant du succès.

Penser à l’avenir

Si elles sont à un grand titre ou à une percée inattendue dans un tournoi d’envergure de devenir véritablement des joueuses établies aux yeux du public, Zheng et Kostyuk sont conscientes de pouvoir faire une différence, à leur façon.

Grâce aux réseaux sociaux, avec lesquels elles ont grandi, tout se voit, tout se sait et tout se partage. Les athlètes professionnels sont épiés plus que jamais et la nouvelle génération semble préoccupée par le désir de montrer l’exemple.

« Je ne fais rien de spécifique pour le faire nécessairement. J’essaie juste d’être moi-même, et peut-être que certaines joueuses vont se reconnaître », raconte l’Ukrainienne, suivie par 232 000 abonnés sur Instagram.

Curieux constat, toutefois : questionnées pour savoir qui était leur idole, les deux joueuses ont répondu des athlètes masculins. Novak Djokovic pour Kostyuk et Roger Federer pour Zheng.

Pour la Chinoise, la priorité est d’imiter son héros, car c’est comme ça qu’elle a appris à jouer au tennis : « J’essaie toujours de mettre de l’avant une bonne attitude sur le terrain. Je ne suis pas le genre de joueuse qui brise ses raquettes. Je veux montrer les bonnes manières, parce que je sais que des jeunes pourraient me regarder et avoir envie de me copier, comme moi à leur âge. »

Si elles rêvent toutes les deux à un titre du Grand Chelem, rien n’empêche Zheng et Kostyuk d’aspirer à de plus grands objectifs. Comme en gagner plusieurs, monter au classement ou devenir humblement les modèles féminins de demain.