C’était une bataille des nerfs. Après une première manche ardue, Aryna Sabalenka s’est retroussé les manches. Point par point, elle est revenue de l’arrière pour défaire Elena Rybakina en trois manches de 4-6, 6-3 et 6-4 et être couronnée championne des Internationaux d’Australie, samedi au petit matin.

Sans doute nerveuse de servir pour son premier Grand Chelem en carrière, Sabalenka a eu besoin de quatre balles de match avant d’enfin s’approprier la victoire. Après la balle trop longue de Rybakina confirmant sa victoire, la Biélorusse s’est laissée tomber au sol. Les bras couvrant son visage, elle s’est mise à sangloter. D’extase, probablement. De fatigue aussi, sûrement.

Les yeux mouillés, le sourire qui en disait long, elle a lentement rejoint son équipe en bordure des gradins. Quelques secondes avant de monter sur scène, l’athlète de 24 ans semblait encore prendre conscience de ce qui lui arrivait. Puis, elle a reçu son trophée des mains de Billie Jean King, qu’elle a d’ailleurs remerciée pour « tout ce qu’[elle a] fait » pour le sport.

« Je suis désolée pour mon anglais, je tremble encore et je suis un peu nerveuse », a lancé la gagnante, d’entrée de jeu.

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Aryna Sabalenka, à gauche, et Elena Rybakina

Après avoir félicité son adversaire, Sabalenka, émue, s’est adressée à son équipe, qu’elle a qualifiée en riant de « plus folle du circuit ».

« Nous avons eu beaucoup de creux dans la dernière année, nous avons travaillé si fort. Vous méritez ce trophée. Cette victoire est plus à propos de vous qu’à propos de moi. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi », leur a-t-elle dit, alors que les trois hommes lui ont répondu en formant des cœurs avec leurs mains.

Avec ce premier titre en carrière remporté face à la championne en titre de Wimbledon, Sabalenka demeure invaincue en 11 duels cette année.

Puissante

Il était difficile de prédire l’issue de cet affrontement, considérant que le classement de Rybakina ne reflète pas réellement son talent. Même si elle représente le Kazakhstan, la native de Moscou avait été pénalisée par la décision du All England Club de n’accorder aucun point aux athlètes russes et biélorusses en raison de l’invasion en Ukraine l’année dernière. Son rang mondial était donc demeuré le même malgré son importante victoire à Wimbledon.

Ce qu’on savait, toutefois, c’est que les deux jeunes joueuses offriraient un bon spectacle. Ce qu’elles ont fait.

Le match s’est déroulé en deux temps. Elena Rybakina a dominé la première manche. Elle s’est accordé un premier bris de service dès le troisième jeu afin de prendre les devants 2-1. D’un calme olympien, elle jouait de prudence et de stratégie devant une Sabalenka ébranlée, et même parfois un peu frustrée.

Après une manche, chacune des joueuses cumulait 5 as, mais la Biélorusse avait déjà commis cinq doubles fautes et neuf fautes directes.

Puis s’est entamé le deuxième set, qui réservait aux spectateurs de belles surprises. Encore fragile, Sabalenka a d’abord dû sauver deux balles de bris dès le premier jeu. Le même scénario s’est produit à son retour au service quelques minutes plus tard.

C’est là que Rybakina a commencé à éprouver plus de difficultés à atteindre les balles de son adversaire. Sabalenka, qui avait retrouvé ses moyens, lui a fait subir un premier bris de service pour faire 3-1. Graduellement, le jeu de Rybakina a perdu de son exemplarité. À son tour, l’athlète de 23 ans s’est montrée parfois un peu frustrée. Mais elle a continué de lutter.

En deuxième manche, Sabalenka a commis dix fautes directes, mais réussi sept as et remporté 72 % de ses premières balles.

C’est surtout l’endurance des deux athlètes qui a été mise à l’épreuve lors du troisième set. Rybakina, qui semblait à bout d’énergie, peinait à suivre le rythme de Sabalenka. Et les frappes de cette dernière n’ont jamais perdu de leur puissance. À sa première finale en Grand Chelem, elle n’avait pas l’intention de laisser filer la victoire.

La Biélorusse a enfilé au total 17 as et converti trois de ses 13 balles de bris dans le match pour triompher.

« Je sais à quel point tu as travaillé fort pour ça », a dit Rybakina à Sabalenka après le duel. Les deux joueuses, souriantes, se sont toutes deux souhaité d’autres affrontements en finale de Grand Chelem.