(Londres) Des centaines de fans se sont précipitées jeudi pour assister à la dernière séance d’entraînement de Roger Federer, à Londres, inconsolables de voir partir à la retraite ce « gentleman du tennis » à l’aisance et l’élégance unanimement saluées.

À la veille de son dernier match, un double en association avec son grand rival Rafael Nadal, dans le cadre de la Laver Cup qui oppose une équipe d’Europe au Reste du Monde, la file d’attente pour entrer dans la O2 Arena n’avait pourtant rien d’une veillée funèbre.

Achetés le plus souvent bien longtemps avant l’annonce, il y a une semaine, de sa retraite prochaine, ces billets ont soudain pris une valeur presque aussi symbolique que pécuniaire, les entrées pour son match vendredi soir se revendant plus de 2300 euros (3000 $) sur l’internet.

« Je suis extrêmement chanceux de le voir avant sa retraite », a reconnu Shanav Shah, entrepreneur de 26 ans, venu avec une amie portant une pancarte « Roger, est-ce que je peux te payer un coup à boire pour ta retraite ? ».

« On est obligé de l’aimer »

PHOTO GLYN KIRK, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des fans de Roger Federer tenaient une bannière sur laquelle on pouvait lire : « Merci pour tout Roger Federer. Nous t’aimerons à jamais. Les fans de Federer sont partout. »

« On a acheté les billets dès la mise en vente, en mars, parce qu’ils avaient dit qu’il serait là. On ne venait que pour lui », a assuré Salma Mashhour, 30 ans, doctorante en Sciences politiques.

Certains ont pu assister directement à ses exploits, comme Judith Flavel, retraitée de 68 ans et qui arborait un t-shirt rouge avec une croix blanche, comme le drapeau suisse, barrée du nom de Roger Federer.

« Je l’ai vu déjà ici aux Masters en 2010 », année où il avait battu Nadal en finale, s’est-elle souvenue.

« C’est le meilleur », a-t-elle asséné, « Nadal n’est pas loin, mais sa sportivité, son éthique de travail, j’aime tout chez lui ».

Les qualificatifs qui reviennent pour évoquer son jeu sont souvent les mêmes.

« Il donne l’impression que ce sport est tellement simple avec son aisance. Je pense qu’il a incité beaucoup de monde à se lancer dans le tennis », a estimé Corey Blackwell, 14 ans, venu avec sa mère.

S’il ne l’avait jamais vu en vrai avant ce jeudi, il gardera comme souvenir de « Roger » la « victoire à Wimbledon en 2017 où il ne perd pas un set de tout le tournoi. C’était vraiment magistral ».

« Même si vous préférez Nadal ou Djokovic, on ne peut pas ne pas apprécier Federer, on est obligé de l’aimer, c’est un tel gentleman », est allée jusqu’à affirmer Carla Khoury, doctorante en pédiatrie de 31 ans.

« Je n’arrive pas à imaginer le tennis sans lui »

PHOTO GLYN KIRK, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des fans tenaient à la main le drapeau de la Suisse.

« Je l’aime bien, mais je préfère Nadal », a ainsi avoué, Cathy Geary, 56 ans et retraitée. « Roger joue un tennis magnifique, mais je n’ai pas une vraie connexion émotionnelle avec lui », s’est-elle justifiée.

« Mais son jeu a l’air tellement naturel, tellement élégant […] C’était un vrai plaisir de le regarder jouer. Il me manquera », a-t-elle fini par admettre.

L’annonce de sa retraite, bien que redoutée, n’a pas vraiment surpris les fans.

« Cela fait 10 ans qu’on parle de sa retraite. Ce ne sera jamais le bon moment, mais cela devait bien arriver tôt ou tard », admet, philosophe, Judith Flavel.

« Il a eu une carrière incroyable, mais je ne pense pas qu’il pouvait revenir à son meilleur niveau, donc c’était censé », a aussi jugé Cathy Geary.

La perspective d’un circuit ATP sans Federer est pourtant déstabilisante pour certains.

« Je suis née en 2003, quand il a gagné son premier Grand Chelem, et je l’ai connu toute ma vie, je n’arrive pas à imaginer le tennis sans lui », a confessé Ella Weaver 19 ans, étudiante en histoire à Cambridge.

« C’est un dieu absolu du tennis […], je serai dévastée » quand il ne sera plus là, a avoué Jennie Douglas, 50 ans, institutrice retraitée, tout en espérant « le revoir bientôt aux commentaires à la télé ».

Prendre sa place dans les cœurs ne sera pas simple.

« Je redoutais vraiment ce jour. Je sais que ça sonne très solennel, mais c’est vrai […] Je vais avoir beaucoup de mal à trouver quelqu’un que je soutiendrai autant », a déploré Naia Martin, 27 ans, employée en ressources humaines.