(New York) Le stade Arthur-Ashe n’avait probablement jamais été aussi plein, aussi bruyant et aussi étincelant pour un match de premier tour aux Internationaux des États-Unis.

Les célébrités de tous les horizons et les amateurs de tennis les plus fervents s’y étaient donné rendez-vous pour ce qui aurait pu être le dernier match en simple sur le court new-yorkais d’une joueuse que nombre d’entre eux considèrent comme la plus grande de tous les temps.

Ils étaient pleinement conscients que ce statut présumé ne mettait pas à l’abri Serena Williams d’une sortie rapide de tournoi. Malgré ses 23 titres en Grand Chelem, dont 6 à New York, l’Américaine de 40 ans n’avait remporté qu’un match sur quatre depuis son retour à la compétition après un arrêt de 14 mois.

Mais Serena Williams n’était pas prête à tirer sa révérence.

« Wow ! Wow ! Wow ! », a lancé l’animatrice de l’émission matinale de CBS Gayle King au début d’une cérémonie qui a suivi la victoire en deux manches de 6-3 de Williams contre la Monténégrine Danka Kovinić, 80e joueuse au monde.

« Je pense que Serena a dit : ‟Pas aujourd’hui.” »

En effet.

Elle s’était présentée sur le court vêtue d’un corsage incrusté de cristaux évoquant le ciel nocturne de New York et chaussée de baskets sertis de diamants.

L’accueil que lui a réservé la foule l’a profondément remuée.

« La réception était vraiment renversante », a-t-elle déclaré en conférence de presse. « C’était fort et je pouvais le sentir dans ma poitrine. C’était un très bon sentiment. C’est un sentiment que je n’oublierai jamais. »

Se trouvaient parmi cette foule des célébrités aussi scintillantes que l’uniforme de Williams. L’ancien président Bill Clinton était là, de même que la chanteuse Gladys Knight, le réalisateur Spike Lee, le boxeur Mike Tyson, la skieuse Lindsey Vonn, l’acteur Matt Damon et la designer Vera Wang, entre autres.

PHOTO MIKE SEGAR, REUTERS

Bill Clinton (au centre)

Leurs voix se sont mêlées à celles des amateurs moins connus ou inconnus pour créer un bruit assourdissant quand, dès le deuxième jeu du match, Williams a réussi un bris de service face à une adversaire visiblement nerveuse.

C’était à se demander si le stade Arthur-Ashe avait déjà enregistré un nombre de décibels plus élevé.

« La foule était folle », a déclaré Williams lors de la cérémonie qui devait servir à célébrer une carrière qui a transcendé le tennis, comme si les organisateurs des Internationaux des États-Unis s’attendaient à ce que sa présence en simple à New York prenne fin dès lundi soir.

« Tout est un bonus »

Il n’en sera rien. Williams, qui a annoncé il y a trois semaines son intention de se retirer d’ici la fin de la saison, affrontera au deuxième tour l’Estonienne Anett Kontaveit, deuxième tête de série aux Internationaux des États-Unis. Il s’agira d’une rivale plus redoutable que Kovinić.

Comment voit-elle ce match qui la rapprochera évidemment de sa dernière présence à New York comme joueuse ?

« À ce stade-ci, honnêtement, tout est un bonus pour moi », a-t-elle répondu devant les journalistes. « Je pense que chaque adversaire est très difficile. Je l’ai vu au cours de l’été. Le prochain match sera encore plus difficile. »

Je ne pense même pas à ça. Je pense juste à ce moment-ci. Je pense que c’est bien pour moi de vivre le moment présent.

Serena Williams

Sur le court, ce moment a été intense lundi soir, mais pas toujours relevé. Williams a paru rouillée au début du premier set, commettant des doubles fautes et dirigeant dans le filet des coups qui semblaient faciles.

Mais la cadette des sœurs Williams a relevé son niveau de jeu au fil du match, parvenant à dicter les échanges au deuxième set et à enfiler quelques as qui rappelaient ses plus beaux jours.

La foule, elle, n’a pas seulement applaudi ses beaux coups, mais également les mauvais de son adversaire. Entre les échanges, certains spectateurs dotés de cordes vocales bien développées ont même adressé à Williams des messages d’affection.

« Je t’aime Serena », s’est exclamé l’un d’eux.

Un autre a aussitôt renchéri : « Je t’aime davantage. »

Boucler la boucle

Comme Williams, Kovinić n’oubliera pas de sitôt cette foule new-yorkaise.

« Je n’entendais pas le son de la balle quand je la frappais tellement la foule était bruyante », a déclaré la Monténégrine de 27 ans. « Quand je me suis rendu compte de ce qui se passait, j’ai réalisé que le match allait être difficile. »

C’était une occasion unique dans une vie de jouer contre Serena, surtout dans un match de nuit sur Arthur-Ashe.

Danka Kovinić

Même si elle ne survivait pas à Kontaveit, Williams ne quitterait pas New York immédiatement. Elle est inscrite en double avec sa sœur Venus.

Pour les Williams, ce sera aussi une façon de boucler la boucle après des années à se soutenir l’une et l’autre.

« J’ai l’impression que c’était très important pour elle de faire partie de tout ça, a déclaré Serena. C’est mon roc. Je suis super excitée de jouer avec elle et de faire ça à nouveau. Ça fait longtemps. »