Aucun Américain n’a gagné de tournoi majeur depuis Andy Roddick, aux Internationaux des États-Unis, en 2003. Toutefois, un vent de changement souffle sur le tennis américain, et Taylor Fritz pourrait bien être le visage de cette nouvelle génération.

Taylor Fritz a tout pour réussir. Un service puissant, un coup droit précis, un excellent jeu au filet et une fluidité remarquable pour un grand gaillard de 6 pi 5 po.

Il était identifié depuis longtemps comme l’un des plus beaux espoirs du tennis mondial, et ça s’est concrétisé lorsqu’il a remporté le tournoi d’Indian Wells en mars, un tournoi de série Masters 1000, comme l’Omnium Banque Nationale. Le Californien a frappé un grand coup en gagnant à la maison et en battant Rafael Nadal, le joueur de l’année. Une pluie d’éloges s’en est suivie.

« Ça m’a aidé pour mon classement. J’ai été pas mal blessé, probablement plus cette année que n’importe quelle autre. C’est donc bon pour mon classement d’avoir obtenu une grosse victoire comme celle-là. Même si j’ai été absent, je peux toujours être dans la course pour les finales de l’ATP », a expliqué l’Américain sur la passerelle du stade IGA, dimanche après-midi.

Le joueur de 24 ans est aussi redoutable sur gazon. Il a toutes les qualités nécessaires pour bien performer sur l'herbe.

Il l’a d’ailleurs prouvé en remportant le tournoi d’Eastbourne et en poussant Nadal jusque dans ses derniers retranchements en quarts de finale à Wimbledon.

C’est la première fois qu’il atteignait les quarts de finale d’un tournoi du Grand Chelem.

« Ça me donne de la confiance », a-t-il ajouté, avec un calme déconcertant, malgré l’ampleur de son exploit. « Ultimement j’ai perdu, donc, dans cette perspective, je n’ai pas nécessairement atteint mon objectif, mais c’est sûr que c’est chouette de réaliser quelque chose de nouveau. »

Même s’il a gagné les deux finales auxquelles il a participé, qu’il rivalise avec les meilleurs joueurs au monde, qu’il a fait un bond de 10 places au classement mondial et qu’il a gagné 30 des 42 matchs qu’il a disputés en 2022, Fritz demeure sévère avec lui-même. Il affirme que sa saison ne sera pas une réussite tant qu’il sera l’extérieur du top 10 mondial. « Je pense que j’ai le niveau pour y accéder. Je me rapproche, j’y suis presque », a précisé la 13e raquette.

Un nouvel ordre mondial

Taylor Fritz, Reilly Opelka, Frances Tiafoe, Maxime Cressy, Tommy Paul et Jenson Brooksby sont tous des Américains qui figurent dans le top 50. Ils ont aussi tous 25 ans ou moins. La relève du tennis américain est ainsi presque assurée.

Même s’il est le meilleur de cette cuvée de jeunes joueurs prometteurs, Fritz ne ressent pas davantage de pression, pour la simple et bonne raison que personne ne pourra lui mettre plus de pression qu’il s’en met lui-même.

En revanche, il est à même de constater un changement dans la culture tennistique chez lui. Il note par ailleurs que c’est le cas dans plein d’autres pays et qu’une nouvelle ère est entamée dans le monde du tennis.

PHOTO HANNAH MCKAY, REUTERS

Taylor Fritz à Wimbledon

On entre dans une nouvelle époque. Nadal, Djokovic, Federer et Murray peuvent encore gagner, mais les temps changent. C’est excitant pour les joueurs de tous les pays et de tous les âges.

Taylor Fritz

Ce changement est frappant notamment à l’Omnium Banque Nationale, alors que le plus vieux joueur parmi les huit premières têtes de série est Daniil Medvedev, à 26 ans, et que les joueurs proviennent de pays variés, comme la Grèce, la Norvège, le Canada et la Pologne.

« Ce sera divertissant d’avoir de nouveaux champions. Il y a au moins une dizaine de joueurs qui peuvent espérer gagner chaque tournoi et c’est génial. C’est rafraîchissant qu’il y ait autant de prétendants », indique Fritz.

À court terme, la priorité de Fritz sera de bien jouer à Montréal pour arriver avec confiance dans quelques semaines à New York, pour les Internationaux des États-Unis, le dernier tournoi du Grand Chelem de la saison.