(Wimbledon) Ce sera une histoire de premières, samedi en finale féminine de Wimbledon : la Tunisienne Ons Jabeur, première Africaine à jouer le titre d’un tournoi du Grand Chelem, affrontera Elena Rybakina, première représentante kazakhe à le faire.

Jeudi, sans une once de pitié, Jabeur a battu en demi-finale son amie Tatjana Maria 6-2, 3-6, 6-1.

« C’est un rêve qui se réalise après des années de travail acharné et de sacrifices. Je suis heureuse que tout ça paie enfin et que je puisse jouer encore un match », a déclaré la Tunisienne de 27 ans.

« Elle me doit un barbecue pour toutes les courses qu’elle m’a obligée à faire sur le court », a lancé Jabeur au sujet de Maria, sa « partenaire de barbecue », comme elle l’avait présentée mardi.

Les deux joueuses se sont d’ailleurs donné une longue accolade au filet à l’issue de la rencontre.

« Je voulais partager ce moment avec elle parce qu’elle est vraiment une source d’inspiration pour tant de gens, y compris moi », a expliqué la no 2 mondiale en référence à la performance réussie par Maria (103e). L’Allemande de 34 ans, mère de deux petites filles dont la dernière est née il y a moins d’un an, n’avait encore jamais dépassé le troisième tour d’un tournoi majeur.

« Fière femme tunisienne »

Mais Jabeur est elle-même un modèle. Première joueuse du monde arabe à atteindre les quarts de finale d’un Grand Chelem aux Internationaux d’Australie en 2020, elle a monté deux marches de plus cette année à Wimbledon.

« Je suis une fière femme tunisienne aujourd’hui. Je sais qu’en Tunisie, ça doit être la folie en ce moment. J’essaie juste d’être autant que possible une source d’inspiration, je veux voir plus de joueurs arabes et africains sur le circuit », a-t-elle lancé avant de quitter le court central.

Il ne lui reste plus qu’un match pour que le rêve devienne totalement réalité.

Et ce match, ce sera contre Rybakina (23e) qui, pour sa deuxième participation, s’est hissée jusqu’en finale en écartant jeudi la championne de 2019 Simona Halep (18e) 6-3, 6-3.

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Elena Rybakina

« Je ne sais pas comment décrire ce que je ressens, c’était vraiment bien, j’étais bien préparée mentalement, j’ai fait tout mon possible et j’ai réussi un match incroyable », a affirmé la joueuse de 23 ans dont le meilleur résultat en Grand Chelem était un quart de finale à Roland-Garros en 2021.

Moscovite

Rybakina, qui est née à Moscou, y a grandi et y réside, mais joue sous le drapeau du Kazakhstan, fait parler sa puissance depuis le début du tournoi.

Avant la demi-finale, elle avait réussi 122 coups gagnants en 5 matchs, dont 44 aces, et remporté 85 % de ses jeux de service.

Halep le savait, mais elle n’a rien pu faire et sa défense a été emportée par les 5 aces – dont un à 195 km/h pour mener 5-3 et se retrouver à un jeu du match – et 21 coups gagnants de Rybakina.

Le seul jeu remporté par Halep sur service adverse lui a été offert sur un plateau par la Kazakhe qui a enchaîné quatre fautes directes pour permettre à la Roumaine de revenir à 2-2 dans la seconde manche. Halep, qui estimait après son quart de finale avoir retrouvé son meilleur niveau, celui qui lui avait permis d’atteindre la place de no 1 mondiale et de remporter Roland-Garros en 2018 un an avant Wimbledon, n’a jamais eu d’autre balle de bris que celles de ce jeu.

Néanmoins, Rybakina se méfie de Jabeur. « C’est une grande joueuse, très difficile à jouer, et il ne sera pas facile de contrer ses amortis et ses volées », a prédit la Kazakhe qui sera la plus jeune finaliste du majeur sur gazon depuis Garbine Muguruza en 2015.