Le refus de la douane australienne de laisser entrer dans le pays Novak Djokovic a fait couler beaucoup d’encre depuis mercredi. La lumière se fait peu à peu sur ce qui s’est passé à l’aéroport de Melbourne après l’arrivée du Serbe sur le sol australien.

Aux dernières nouvelles, Novak Djokovic est toujours coincé en Australie et doit se conformer au protocole d’isolement dans un hôtel de Melbourne. Depuis qu’il y a été transporté, des partisans serbes organisent des rassemblements devant le Park Hotel pour soutenir l’athlète. On peut y voir de nombreux drapeaux de la Serbie et des chandelles. Les gens réunis sur place sont extrêmement bruyants. Quand ils ne chantent pas pour encourager Djoko, ils insultent les passants qui portent le masque, comme en témoignent plusieurs vidéos diffusées sur l’internet.

Rappelons que mercredi, à son arrivée à l’aéroport de Melbourne, la douane australienne a annulé le visa du meilleur joueur de tennis au monde parce que celui-ci aurait mal rempli les formulaires nécessaires à la demande de visa. En plus de ne pas avoir été conforme aux critères sanitaires imposés en Australie. Le Serbe n’a jamais voulu confirmer ou infirmer s’il avait reçu ses deux doses de vaccin contre la COVID-19 et les organisateurs des Internationaux d’Australie lui ont quand même offert un droit de jeu exceptionnel, plus tôt cette semaine.

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Des partisans serbes organisent des rassemblements devant le Park Hotel pour soutenir Novak Djokovic.

Au cours de la journée de jeudi, plusieurs détails et nouvelles informations ont circulé à propos du dossier Djokovic, provenant en grande partie du journal australien The Age. Il avait été le premier à publier la nouvelle concernant l’annulation du visa de Djoko.

Ainsi, la raison officielle pour laquelle la douane lui a refusé le droit de passage est fort simple : les voyageurs étrangers doivent avoir été vaccinés contre la COVID-19 ou avoir une exemption médicale pour entrer en Australie. Cela vient donc confirmer en quelque sorte ce qui était devenu une évidence, soit que Djokovic n’a pas été vacciné contre la COVID-19.

Selon toute vraisemblance, l’équipe de Djokovic croyait que le fait que le nonuple vainqueur des Internationaux d’Australie avait déjà contracté le virus en juin 2020, et possiblement quelque part au cours des six derniers mois, était suffisant pour le laisser passer, puisque les risques de contracter la COVID-19 seraient moindres. Ces arguments seraient basés sur les propos du directeur de la Santé publique australienne, qui avait souligné, il y a quelques semaines, que le fait de l’avoir contractée dans les six derniers mois réduisait le risque d’être atteint de la COVID-19 une nouvelle fois. Toutefois, il avait aussi précisé dans le même discours que le risque de contracter la maladie à nouveau était beaucoup plus élevé chez les gens non vaccinés.

C’est donc dire que le problème n’était pas nécessairement lié au visa, mais sans doute plutôt à la preuve vaccinale. Tous les joueurs admis en Australie pour le premier tournoi majeur de la saison ont un visa d’athlète semblable à celui que Djokovic avait en sa possession.

La décision finale de ne pas laisser entrer le Joker a été prise conjointement par le gouvernement de Victoria, État australien dont Melbourne est la capitale, et les services frontaliers australiens.

Les avocats du clan Djokovic ont rapidement voulu amener la cause devant les tribunaux et une audience est prévue lundi, devant le juge Anthony Kelly. L’équipe du Serbe a par ailleurs demandé au juge de permettre à Djokovic de loger dans un hôtel plus grand et dans lequel il pourrait avoir accès à un terrain de tennis pour pouvoir s’entraîner d’ici à ce que la situation soit réglée.

Les parents de Djoko le comparent à Jésus

Dans une conférence de presse tenue jeudi, les parents de Novak Djokovic ont fait savoir leur mécontentement envers les autorités australiennes. Le père de Novak, Srdjan, a même comparé le traitement que subissait son fils à celui de Jésus : « Notre Novak, notre fierté. Novak est la Serbie. La Serbie est Novak. S’ils s’en prennent à Novak, ils s’en prennent à toute la Serbie et à tout le peuple serbe. Ils ont crucifié Jésus sur la croix, mais il a résisté et il vit encore parmi nous. Dans le même sens, ils essayent de crucifier Novak. Ils le sous-estiment et le forcent à se mettre à genoux. »

Sa mère, Dijana, était aussi en beau fusil et a expliqué que le traitement qu’était en train de subir son fils était inacceptable, voire odieux : « Il est dans une petite chambre mal entretenue. On ne peut même pas entrer en contact avec lui. J’espère que le monde est en train de réaliser ce qu’il se passe. Il s’agit clairement d’une attaque politique dirigée contre Novak. Tout ça pour qu’il ne gagne pas et qu’il ne puisse pas devenir le plus grand joueur de l’histoire. »

Nadal réagit

Questionné sur la situation impliquant l’un de ses plus vieux rivaux, Rafael Nadal a été clair : « C’est normal que les gens en Australie soient frustrés par la situation. Ils ont dû tout arrêter et ça fait deux ans que des familles voient certains de leurs êtres chers souffrir de la COVID. La seule chose que j’ai à dire, c’est que je fais confiance aux gens qui travaillent dans le domaine de la santé, et si ces gens disent qu’on doit se faire vacciner, alors on doit se faire vacciner. J’ai eu la COVID. J’ai pourtant été vacciné deux fois. C’est le seul moyen de pouvoir jouer ici, c’est pourtant clair. »

Interrogé plus précisément sur le sort réservé à celui qu’il a affronté 58 fois depuis le début de sa carrière, l’Espagnol n’y est pas non plus allé par quatre chemins : « Je n’ai pas à dire à quiconque quoi faire. Je pense que tout le monde est libre de faire ce qu’il veut. Sauf qu’il y a des règles et si tu n’es pas vacciné, tu t’exposes à des problèmes. »