(Wimbledon) Matteo Berrettini, l’homme qui va tenter de s’interposer entre Novak Djokovic et un 20e sacre à un tournoi du Grand Chelem dimanche, se souvient à quel point il avait été impressionné par Wimbledon lorsqu’il a participé au volet junior du tournoi.

« Pour moi, c’était tout simplement absurde. Je me suis demandé “Qui sait si un jour, je vais revenir et participer au volet principal, même seulement aux qualifications ? Je n’en ai aucune idée.”Et maintenant, je suis en finale », a-t-il raconté avant de se mettre à rire.

« Donc, tout ça est un peu étrange », a ajouté le puissant italien, maintenant âgé de 25 ans. « Mais ce qui est beau […] c’est que je suis bien plus conscient de ce que je peux faire maintenant. Je sais que je peux le faire, parce que je suis ici. »

C’est le cas. Dimanche au All England Club, la 30e présence du numéro un mondial à une finale du Grand Chelem coïncidera avec la première de Berrettini – et la première pour un homme originaire de l’Italie depuis le triomphe d’Adriano Panatta aux Internationaux de France de 1976.

Ce sera aussi, par ailleurs, la première finale masculine à Wimbledon où l’arbitre en chef sera une femme, puisque le mandat a été confié à la Croate Marija Cicak.

« Mon souhait dimanche, c’est que je puisse me présenter sur le court la tête haute, jouer selon mon style, et on verra la suite. Je ne veux pas penser que ma simple présence est déjà une victoire, que je peux en être satisfait, parce que je ne suis pas fait comme ça. J’en veux toujours plus », a fait remarquer Berrettini après sa victoire en quatre marches, 6-3, 6-0, 6-7 (3), 6-4 contre Hubert Hurkacz, vendredi en demi-finale.

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Matteo Berrettini

« Mais je dois être fier de ce que je fais, parce que ce n’est pas acquis et ce n’est pas facile. »

La clé du match pourrait tourner autour des puissants services de Berrettini (il a réussi 101 as et a seulement été victime de cinq bris de service durant le tournoi) face à Djokovic, le meilleur retourneur (il renvoie à peu près tous les services et a gagné 29 % des services de ses adversaires).

Ça pourrait aussi tourner autour de la gestion que Berrettini fera du moment.

Djokovic se souvient de la sensation qu’il a vécue lorsqu’il a participé à sa première finale d’un tournoi du Grand Chelem. Il avait 20 ans et il a perdu en trois sets serrés, dont deux bris d’égalité, contre Roger Federer lors des Internationaux des États-Unis de 2007.

« J’étais tellement emballé de jouer en finale », a-t-il raconté. « J’étais proche. J’ai joué un bon match contre Roger, mais je n’ai probablement pas assez cru, j’imagine, à la victoire à certains moments lorsque le score était serré. »

Ces jours-ci, la confiance en soi n’est pas un problème chez Djokovic. Et ça ne devrait pas l’être non plus.

Si Berrettini se sent bien après avoir gagné un 11e match consécutif, tous sur l’herbe et incluant le titre au tournoi de Queen’s le mois dernier, imaginez comment se porte le Serbe de 34 ans en ce moment.

Les statistiques, et la domination, sont vraiment époustouflantes.

Après avoir concédé le tout premier set du tournoi, il a gagné les 18 suivants. Il a triomphé à ses 20 derniers matchs à Wimbledon à commencer par sa première sortie au tournoi de 2018. Il a remporté ses 20 derniers matchs en tournois du Grand Chelem, une séquence qui a commencé au début de 2021 et lors de laquelle il a ajouté à son palmarès des titres aux Internationaux d’Australie et aux Internationaux de France, où il a pris la mesure de Berrettini en quarts de finale.

Si Djokovic ajoute un autre championnat sur la pelouse de Wimbledon dimanche, il aura parcouru 75 % du chemin vers le « Grand Chelem de l’année civile », un exploit que seulement deux hommes ont réussi dans l’histoire du tennis. L’Australien Rod Laver est le plus récent à avoir réalisé le tour de force, en 1969.

Imaginez le battage publicitaire – et la pression – avant d’arriver à New York pour le début des Internationaux des États-Unis, le 30 août.

Et il y a l’aspect « historique plus actuel qui est en jeu », comme l’a dit Djokovic après sa victoire contre le Canadien Denis Shapovalov 7-6 (3), 7-5, 7-5 en demi-finale vendredi : la chance d’égaler ses rivaux du « Big Three », Federer et Rafael Nadal pour le plus grand nombre de trophées remportés par un joueur.

Djokovic pourrait ajouter un sixième sacre à Wimbledon – et un troisième de suite – au All England Club aux côtés de ses neuf triomphes à Melbourne Park, ses trois championnats à Flushing Meadows et ses deux titres à Roland-Garros.

Et ça lui ferait huit conquêtes lors des 12 derniers tournois du Grand Chelem.

« Le plus grand défi et la tâche la plus importante sont de savoir comment rester présent et dans le moment, peu importent les possibilités, les hypothèses et les diverses options devant vous », a déclaré Djokovic à deux jours du début du tournoi.

« Il y a toujours un enjeu, je trouve, pour moi – probablement pour Roger et Rafa aussi – lorsqu’il a été question de l’histoire du tennis au cours des deux dernières années. » Mektic et Pavic raflent le titre en double. Le duo croate de Nikola Mektic et Mate Pavic a ajouté un titre du Grand Chelem à sa saison dominante en battant l’Espagnol Marcel Granollers et l’Argentin Horacio Zeballos en finale du double masculin. La paire, première tête de série, a défait ses rivaux 6-4, 7-6 (5), 2-6, 7-5 dans un match joué sous le toit du court central.

Ce triomphe s’ajoute aux sept conquêtes des deux joueurs lors de leur première année ensemble.