Novak Djokovic a gagné un match des Internationaux de tennis d’Australie, mardi, entre deux athlètes aux prises avec des problèmes aux muscles abdominaux, et affrontera en demi-finale un joueur qui a vaincu un adversaire handicapé par d’invalidantes douleurs au dos.

Dans l’autre section du tableau, l’état du dos de Rafael Nadal s’améliore au moment où il se prépare pour un match des quarts de finale contre un rival dont l’adversaire a dû se retirer de ce tournoi du Grand Chelem à cause de sa propre blessure abdominale.

Ainsi, la santé était au sommet des préoccupations de Djokovic, le numéro un mondial, qui voit ce qui se passe autour de Melbourne Park et établit un lien direct avec les quarantaines de 14 jours imposées à cause de la pandémie du coronavirus lorsque les joueurs sont arrivés en Australie en janvier.

Selon Djokovic, qui a annoncé l’année dernière qu’il mettait sur pied une nouvelle association pour représenter les joueurs de tennis masculin, la plupart ne veulent pas poursuivre la saison si ça signifie qu’ils doivent se soumettre à répétition à cette forme d’isolement — que ce soit avec une limite de temps pour s’entraîner et aller au gym sur une base quotidienne ou, dans le cas de joueurs potentiellement exposés à la COVID-19 lors de déplacements, demeurer confinés dans leur chambre d’hôtel pendant ces deux semaines.

« C’est trop de blessures, honnêtement », a déclaré Djokovic, qui a ensuite longuement soupiré, lors d’une entrevue menée sur le court après sa victoire en quatre manches contre Alexander Zverev, en quarts de finale.

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Alexander Zverev

« J’espère seulement que tout ça est temporaire, pour que nous puissions retourner à ce à quoi nous sommes habitués, sans interruption d’entraînement, a ajouté Djokovic. La quarantaine de 14 jours — les gens ne le réalisent pas, mais le nombre de blessures dans ce tournoi démontre quel effet elle a sur les corps des joueurs. Malheureusement, elle a eu des conséquences sur chacun d’entre nous. »

Zverev a disputé le match avec du ruban adhésif à la hauteur de l’abdomen. Le Russe Aslan Karatsev, 114e joueur mondial et prochain adversaire de Djokovic, a battu Grigor Dimitrov, qui a eu toutes les difficultés du monde à monter un escalier pour quitter le court. Il a plus tard affirmé que son dos le faisait tellement souffrir, au préalable, qu’il lui avait été ardu d’enfiler ses chaussettes.

Nadal a été ennuyé par des problèmes au dos pendant des semaines, et il a fait impasse sur l’un des tournois préparatoires présentés sur le site des Internationaux d’Australie.

L’Italien Matteo Berrettini, neuvième tête de série, s’est retiré du tournoi après une blessure à un muscle abdominal en troisième ronde. Le match de quatrième tour d’Andrey Rublev a pris fin après deux manches lorsque Casper Ruud a abdiqué à cause d’une blessure. L’Espagnol Pablo Carreno Busta, l’adversaire de Dimitrov en troisième ronde, a abandonné après seulement sept jeux.

Et ainsi de suite.

« Ce que nous voyons n’est pas normal. Ce n’est pas une situation à laquelle nous sommes habitués. Les meilleurs joueurs sont ceux qui sont le plus en forme. […] De toute évidence, il y a un lien avec ces circonstances dans lesquelles nous avons été », a renchéri Djokovic lors de sa conférence de presse d’après-match, en faisant allusion aux quarantaines mises sur pied pour empêcher la propagation de la COVID-19.

« Je ne veux pas m’asseoir ici (et) me plaindre de ce que nous avons traversé. Mais nous devons être honnêtes et réalistes qu’il y a un effet sur le bien-être physique des joueurs, a-t-il affirmé. Bien sûr, mental aussi, émotionnel. »

Djokovic dit avoir « entendu beaucoup de plaintes » de la part de joueurs qui étaient prêts à accepter une quarantaine pour les généreux chèques qui accompagnent un tournoi du Grand Chelem, mais qui s’inquiètent des bourses moins importantes lors de tournois de catégorie inférieure.

Djokovic a aussi parlé de la possibilité d’instaurer une bulle, comme dans la NBA la saison dernière, avec toutes les compétitions présentées sur un site unique.

C’est une idée avec laquelle Zverev est d’accord.

« Nous ne pouvons pas avoir un circuit itinérant en ce moment », a déclaré le septième joueur mondial, finaliste des Internationaux des États-Unis en septembre.

« Ce que l’ATP devrait faire, je pense, c’est d’identifier un site, comme ici, et de jouer pendant plusieurs semaines à un endroit. Tournois multiples, semaines multiples », a précisé l’Allemand de 23 ans.

« Parce qu’au bout du compte, en Europe en ce moment, nous ne pouvons pas accueillir de spectateurs, de toute façon. Alors, qu’est-ce que ça dérange la ville où le tournoi a lieu ? On peut changer l’arrière-plan, on peut changer le nom de la ville sur le court ou peu importe, et ensuite jouer à un endroit. »

En réponse à une demande de commentaires, le président de l’ATP, Andrea Gaudenzi, a acheminé un courriel par l’Intermédiaire d’un porte-parole qui, en partie, se lisait comme suit : « La quarantaine de deux semaines était une première, et nous surveillons de très près les conséquences sur la santé des joueurs ».

En ce qui a trait à l’idée d’une bulle, la réponse de Gaudenzi se lisait ainsi : « La nature de notre circuit est vraiment universelle — une décision allant à l’encontre de cette structure amènerait d’importants défis en comparaison avec plusieurs autres sports ou ligues. Nous allons continuer d’évaluer toutes les options réalisables pour maintenir les opérations et assurer les meilleures conditions possible pour les joueurs dans le contexte des circonstances difficiles d’aujourd’hui. »