(Melbourne) Abandon lors des qualifications, joueuse nécessitant une assistance médicale, entraînements suspendus : les fumées toxiques des incendies qui ravagent l’Australie perturbent la préparation du premier Grand Chelem de la saison dont le maintien pose question.

À moins d’une semaine du début du prestigieux tournoi de Melbourne (20 janvier-2 février), la qualité de l’air s’est considérablement dégradée et a fait ses premières victimes, dont la Slovène Dalila Jakupovic, contrainte de renoncer à poursuivre les qualifications.  

Prise de violentes quintes de toux, la 180e joueuse mondiale, âgée de 28 ans, a stoppé mardi son duel face à la Suissesse Stephanie Vögele, alors qu’elle avait remporté la première manche et était menée d’un jeu dans le deuxième (6-4, 5-6).

« J’ai vraiment eu peur de m’effondrer. C’est pour ça que je veux me suis agenouillée sur le court, je ne pouvais plus marcher », a expliqué la Slovène, raccompagnée vers la sortie par une membre de l’organisation et son adversaire.

« Ce n’est pas sain pour nous. Je pensais que nous n’allions pas jouer aujourd’hui, mais nous n’avions pas beaucoup le choix », a-t-elle ajouté alors que la gestion des organisateurs fait polémique.  

Dans la même veine, la Canadienne Eugenie Bouchard a eu recours au médecin sur le court en raison de douleurs à la poitrine, vraisemblablement dues à des difficultés respiratoires. Mais elle a pu terminer son match et se qualifier pour le deuxième tour des qualifications.

Polémique

Outre la qualité de l’air jugée « dangereuse » mardi par les autorités de Melbourne qui ont conseillé aux habitants de la ville de « rester à l’intérieur portes et fenêtres fermées », la chaleur de l’été australien a rendu les conditions de jeu particulièrement compliquées.

Par mesure de précaution, les organisateurs ont choisi de suspendre les entraînements à Melbourne… mais pas les qualifications, décision qui courrouce des joueuses et joueurs.

« Je suis choquée de voir que les matchs de qualification ont commencé à l’Open d’Australie. Qu’en est-il de la santé des personnes qui travaillent ici, notamment les enfants qui ramassent les balles ? », a tweeté la Luxembourgeoise Mandy Minella.

« Pourquoi devons-nous attendre quelque chose de grave pour faire quelque chose ? », a tweeté la 5e joueuse mondiale, l’Ukrainienne Elina Svitolina, en accompagnant son message d’un graphique avec les données météo du jour à Melbourne.

« Quand on trouve des médecins qui affirment que jouer par 45 degrés n’est pas dangereux à l’AO (l’Open d’Australie) et des juges arbitres qui affirment que l’herbe mouillée n’est pas glissante à Wimbledon, on doit bien pouvoir trouver un expert qui certifie que la qualité de l’air est suffisante non », a ironisé quant à lui le Français Gilles Simon sur les réseaux sociaux.

Sharapova : « conditions extrêmes »

L’ancienne N.1 mondiale Maria Sharapova, qui participait à un tournoi exhibition à Kooyong, en banlieue de Melbourne, a préféré elle aussi abandonner mardi, évoquant des conditions de jeu « extrêmes », lors de son duel avec l’Allemande Laura Siegemund (6-7 (4/7), 5-5).

« L’arbitre de chaise nous a demandé de jouer encore un jeu. Nous jouions déjà depuis deux heures. De mon point de vue (abandonner) c’était une sage décision », a poursuivi la lauréate de cinq trophées majeurs, qui jouait avec un écarteur nasal, type de pansement adhésif utilisé pour faciliter la respiration.

L’Américain Noah Rubin s’est quant à lui plaint sur Twitter de ne pas avoir été mis au courant des conditions sanitaires, jugeant « inquiétant » ce « manque d’information ».  

Le patron du tournoi Craig Tiley a balayé les critiques affirmant que « tout le monde a reçu un courriel », expliquant que toute décision était prise après consultations d’experts.  

Tiley avait affirmé la semaine passée qu’une annulation de l’Open d’Australie, ce qui serait une première depuis la Seconde Guerre mondiale, était peu probable, alors que le N.2 mondial Novak Djokovic, président du Conseil des joueurs au sein de l’ATP, avait estimé que cette question devait être posée.

Depuis le début de ces feux dévastateurs en septembre, au moins 27 personnes et 1 milliard d’animaux sont décédés, plus de 2000 maisons ont été détruites et une zone de 100 000 kilomètres carrés (10 millions d’hectares) - plus grande que la superficie de la Corée du Sud - est partie en fumée.