(Paris) La finale dames de Roland-Garros entre la Polonaise Iga Swiatek (54e), 19 ans seulement, et la lauréate des Internationaux d’Australie 2020 Sofia Kenin (6e), s’annonce comme un duel entre deux jeunes joueuses qui n’ont pas froid aux yeux samedi à 9 h (heure du Québec).

Quand on lui demande en conférence de presse de se définir en un mot, Kenin répond « bagarreuse ».

« Très bagarreuse. J’ai le sentiment d’avoir progressé, je me bats sur chaque point, ce n’est pas facile. Je suis bagarreuse, sans aucun doute », répète la jeune Américaine.

PHOTO ANNE-CHRISTINE POUJOULAT, AGENCE FRANCE-PRESSE

L’Américaine Sofia Kenin après sa victoire en demi-finale contre la Tchèque Petra Kvitova, le 8 octobre 2020.

La preuve en deux illustrations. À 21 ans, la Floridienne ne comptait que six victoires sur terre battue depuis le début de sa carrière, contre onze défaites, avant cette édition 2020 de Roland-Garros. Elle a doublé ce total pour se hisser jusqu’en finale. Et elle a bataillé trois sets dans quatre de ses six matchs.

« Vous devez adorer la compétition, vous devez avoir ce tempérament bagarreur. Je l’ai déjà dit : je déteste vraiment perdre et j’adore gagner. Alors j’essaie de faire tout ce que je peux pour gagner », expose Kenin.

Swiatek, elle, est « une bête de compétition », selon son entraîneur polonais Piotr Sierzputowski, qui travaille avec elle depuis 2016. « Elle adore la compétition, elle n’aime pas s’entraîner, c’est ennuyeux pour elle. Mais quand arrivent les matchs, elle est là », décrit-il.

Swiatek meilleure « sous pression »

« En général, je suis le genre de joueuse qui joue mieux sous pression », complète la jeune Polonaise.

PHOTO THOMAS SAMSON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Sofia Kenin et Iga Swiatek. Elles s’affronteront en finale le samedi 10 octobre 2020.

À 19 ans seulement, la native de Varsovie s’apprête à disputer sa toute première finale en Grand Chelem.

Son accession en finale majeure est déjà une rareté pour le tennis polonais, s’y imposer serait une première. Elle n’est que la deuxième joueuse polonaise à accéder à une finale en Grand Chelem dans l’ère Open (1968), la troisième au total. Avant elle, seules Jadwiga Jedrzejowska à trois reprises (Wimbledon et Internationaux des États-Unis 1937, Roland-Garros 1939), et Agnieszka Radwanska à Wimbledon en 2012, s’y étaient hissées. Sans succès.

Jusque-là, Swiatek s’est montrée irrésistible tout au long de la quinzaine parisienne : en six tours, elle n’a pas cédé la moindre manche et a laissé échapper moins de quatre jeux en moyenne par match. Son principal fait d’armes : avoir éjecté sans ménagement (6-1, 6-2) Simona Halep, tête de série N.1 et favorite du tournoi, en huitièmes de finale.

« Je gère assez bien la tension », résume Swiatek sans frimer.

« Si je ne suis pas étranglée par l’émotion, je pense que tout ira bien, anticipe-t-elle. Il y a une raison pour laquelle j’ai été si efficace : je reste hyper concentrée, je mets beaucoup de pression sur mes adversaires et je ne les laisse pas jouer leur meilleur tennis. J’espère faire la même chose samedi. »

Kenin « sait à quoi s’attendre »

D’autant que « finaliste, c’est déjà un super résultat, donc je n’ai pas de pression », souligne celle qui ne compte encore aucun titre, et une seule autre finale, perdue à Lugano (Suisse) en 2019, à son palmarès et qui n’avait jamais dépassé les huitièmes de finale en Grand Chelem jusque-là.

Sacrée aux Internationaux d’Australie début février, Kenin compte justement profiter de sa plus grande expérience, et de l’éventuelle nervosité de Swiatek.

« Je serai forcément un peu nerveuse avant la finale. Mais je sais ce que c’est, et je l’ai déjà fait. Je sais quelles émotions on ressent quand on joue sa première finale en Grand Chelem. J’espère qu’elle va être un peu nerveuse. Moi, je sais à quoi m’attendre », explique l’Américaine.

Si Swiatek a toujours su que si elle devait « jouer une finale en Grand Chelem, ce serait à Roland-Garros », Kenin ne s’est mise à apprécier la terre battue qu’à la faveur de sa victoire face à Serena Williams l’an dernier, au troisième tour de Roland-Garros justement (6-2, 7-5).

« Avant, je n’aimais pas du tout la terre battue. En juniors déjà, ce n’était pas ma meilleure surface, j’avais l’impression de manquer de puissance, je n’arrivais pas à contrôler les points, je ne bougeais pas très bien. C’était un peu une bataille pour moi », raconte-t-elle.

Battre Serena Williams, « ça m’a donné un surplus de confiance ». Et tout a changé depuis : « J’adore la terre battue maintenant », tranche Kenin.