Ce sont des années d’efforts et d’investissements qui ont été couronnées dimanche avec le titre de Bianca Andreescu à la Coupe Rogers.

« Quand nous avons créé le Centre national de développement, en 2007, mon objectif était d’amener un jour un joueur canadien en finale de la Coupe Rogers, et de la gagner, a rappelé hier Louis Borfiga, directeur du Centre. C’est maintenant fait et c’est vrai que ça couronne le travail de toute une équipe, à commencer par Bianca elle-même évidemment. »

La joueuse de 19 ans n’a pourtant jamais été pensionnaire au stade IGA. En accord avec Andreescu et sa famille, il avait été décidé qu’elle resterait chez elle à Toronto et qu’elle travaillerait avec André Labelle, son entraîneur depuis déjà quelques années, qui était directeur du Centre U15 dans la Ville Reine. Sa progression fulgurante l’a ensuite amenée à brûler les étapes et à passer directement dans les rangs professionnels.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Louis Borfiga, président du Centre national de développement de Tennis Canada

Borfiga se souvient d’avoir été très vite impressionné par Andreescu. « D’abord, cette fille-là a un talent incroyable, un véritable don pour maîtriser tous les aspects techniques du tennis. Elle a aussi une grande variété de coups et un sens du jeu qu’on ne voit pas souvent chez des joueuses de son âge.

« De plus, c’est une formidable battante. Ça me surprend toujours de voir à quel point elle ne lâche jamais rien, quel que soit le pointage, l’adversaire. Même dans les situations les plus tendues, elle n’a peur de rien. Son désir de vaincre est incomparable et ses rivales savent qu’elle peut toujours revenir. »

Sa victoire à Toronto a permis à Andreescu d’atteindre le 14e rang du classement mondial, tout près du top 10. « Je pense qu’elle y serait déjà si elle n’avait pas raté tous ces tournois cet été, Roland-Garros et Wimbledon notamment, estime Borfiga. Elle n’a pratiquement pas joué et elle est quand même 14e. Je pense qu’elle sera vite beaucoup plus haut. »

Après avoir déclaré forfait pour le tournoi de Cincinnati, qui débutait hier, Andreescu va maintenant tourner son attention vers New York, où seront disputés les Internationaux des États-Unis dans moins de deux semaines.

« Après la Coupe Rogers, le prochain objectif, c’est de gagner un tournoi du Grand Chelem, affirme Borfiga. Et je pense que ça va arriver, tôt ou tard.

« On parle beaucoup de Bianca, mais Félix [Auger-Aliassime] a aussi fait un très beau tournoi à Montréal. Ce n’était pas facile aux premiers tours, contre Vasek [Pospisil] et Milos [Raonic], et il a ensuite joué un excellent match contre [Karen] Khachanov, un joueur du top 10, alors qu’il faisait face à beaucoup de pression. Et n’oublions pas Denis [Shapovalov], qui retrouve son jeu et sera à surveiller lors des prochains tournois sur surface dure.

C’est une “génération dorée”, mais restons patients, ils n’ont encore que 19 ans ! C’est toutefois certain que nos joueurs vont nous faire vivre beaucoup d’émotions au cours des prochains mois, des prochaines années.

Louis Borfiga

Un afflux de nouveaux joueurs ?

En 2014, les succès d’Eugenie Bouchard avaient suscité un vif intérêt chez les jeunes. Tennis Canada s’attend à ce que les exploits d’Andreescu provoquent le même engouement.

« Beaucoup de jeunes Canadiennes vont vouloir devenir Bianca, a souligné Michael Downey, président de l’organisme. Ces jeunes vont demander à leurs parents de suivre des cours de tennis. Nous devons être prêts à les accueillir, maintenant et aussi au cours des prochaines années, car ce n’est que le début.

Les 10 prochaines années vont être très spéciales pour le tennis canadien. C’est une occasion formidable, que nous ne devons pas rater.

Michael Downey, président de Tennis Canada

Ce sera bientôt la période d’inscription pour la session d’automne dans les clubs et les organismes comme Tennis Montréal. Contrairement à ce qu’on pense souvent, les coûts sont relativement abordables. Si vous croyez connaître la prochaine Bianca, le prochain Félix…