Interrogés sur le scandale qui éclabousse l'athlétisme russe, les meilleurs joueurs de tennis, réunis à Londres pour le Masters, convergent pour condamner le dopage mais divergent sur les moyens de lutte.

«Je n'ai pas été surpris d'entendre que des pays ne font pas tout comme il faut, a commencé le Suisse Roger Federer vendredi. Des rapports existaient sur beaucoup de pays ne respectant pas exactement les règles. Attention, on parle de pays, pas d'une discipline».

Troisième joueur mondial, Federer, 34 ans, détenteur de 17 titres en Grand Chelem, jouit d'une autorité naturelle. Et il a visiblement un avis plus tranché que d'autres.

«On peut toujours faire plus. Cela devrait être plus fréquent, avec plus de moyens. Les joueurs doivent sentir qu'ils vont être contrôlés, ce qui les empêchera d'avoir des pensées stupides. Je suis toujours surpris après une finale quand je me dis "mais où sont les contrôleurs?"», a-t-il poursuivi en annonçant avoir subi seulement cinq contrôles hors-compétition cette saison.

«Lance Armstrong a répété des années qu'il était le plus contrôlé alors ça ne garantit pas grand-chose non plus», relativise l'Écossais Andy Murray.

«Je l'ai été plus que jamais cette saison mais je ne sais pas à quoi ressemble le système parfait, a poursuivi le numéro 2 mondial. Plus c'est transparent, mieux c'est. Notre sport pourrait investir plus dans l'antidopage pour attraper plus de tricheurs et aussi gagner la confiance du public. C'est vital, on a l'impression qu'il se passe maintenant quelque chose de nouveau chaque semaine».

Novak Djokovic, l'intouchable numéro 1 mondial, n'a pu échapper au sujet. Mais il prend ses distances avec ses rivaux.

«L'arrivée des Jeux olympiques draine toujours toujours des controverses, c'est la course à l'information», a ainsi estimé le Serbe avant de se lancer dans un satisfecit.

«Dans le tennis, on est très bon. Je n'ai aucun reproche à faire pour l'instant. Depuis 10 ans, je n'ai pas trop vu ce genre de scandale. Moi je suis très régulièrement contrôlé», a-t-il poursuivi en déclarant qu'il avait reçu 3-4 visites chez lui. «Je suis toujours disponible, ils savent où je me trouve, je suis favorable au plus de tests possible. Le passeport biologique est aussi une étape supplémentaire pour s'assurer que le sport reste propre».

«Les exigences sont parfois trop fortes, juge-t-il pourtant. Ce n'est peut-être pas nécessaire de dire chaque jour de l'année où on est. En dehors de la saison, la localisation est parfois compliquée à organiser».

Au centre de certaines rumeurs dans le passé en raison de sa morphologie, Rafael Nadal a enfin livré son point de vue.

«Ce qui est important c'est que vous soyez convaincu que le joueur en face est au même niveau de possibilités que vous et je n'ai jamais eu aucun doute», a certifié l'Espagnol, âgé de 29 ans.

«Dans les sports où le physique compte, le dopage a un gros impact sur le résultat. Dans le tennis, l'antidopage marche bien mais les contrôles devraient être publics», a-t-il demandé avant de dévier les accusations vers ses dirigeants.

«Le tennis est l'un des sports les plus riches et c'est à ceux qui le dirigent de s'assurer qu'il est complètement propre. Les joueurs doivent avoir confiance dans leurs dirigeants, savoir qu'ils conduisent leur sport de la bonne façon», juge-t-il.