Il y a très exactement 10 ans cette semaine, à la Coupe Rogers, un blanc-bec de 19 ans s'offrait une victoire contre un futur membre du Temple de la renommée. En finale. Rien de moins.

En cette journée du 14 août 2005, quand le jeune Rafael Nadal a battu le légendaire Andre Agassi, les Montréalais avaient alors assisté, peut-être sans le savoir, aux balbutiements de ce qui allait être une des plus prolifiques carrières de l'histoire.

«En 10 ans, j'ai vécu de bons moments, et d'autres moins bons. Ce furent 10 années fantastiques. Je suis heureux de revenir à Montréal, car c'était ma première victoire sur surface dure», a expliqué Nadal lors de sa rencontre avec les médias, hier.

Cette prolifique carrière, elle se traduit par des chiffres ahurissants: 67 titres, dont 14 en Grand Chelem. Si la terre battue est sans contredit sa surface de prédilection, il a néanmoins remporté cinq autres titres majeurs (deux sur gazon, trois sur ciment).

Et il a réussi tout cela en dépit d'un style de jeu hautement énergique, qui a nettement plus hypothéqué son corps que celui d'un Roger Federer, par exemple. Avant, c'étaient les problèmes de genoux. L'an dernier, c'était un traitement de cellules souches pour son dos.

Le résultat de tout ça, c'est qu'à 29 ans, Nadal a plus d'années derrière lui que devant. Et il en est parfaitement conscient.

«C'est évident que j'en ai plus derrière moi que devant. Mais j'y vais un jour à la fois. Quand j'ai gagné en 2005, j'avais 19 ans, maintenant, j'en ai 29. Je suis pas mal sûr que je ne jouerai pas jusqu'à 39 ans! Ça fait partie de la carrière de tout joueur. Mais j'ai la motivation de continuer.

«Les gens me demandent souvent quand ce moment arrivera, quand ce sera la fin. Je dis toujours la même chose. Quand ce moment arrivera, je vais le savoir. Quand je vais me lever un matin et que je n'aurai plus la motivation d'aller m'entraîner, de m'améliorer, ce sera la fin. D'ici à ce que ce jour arrive, j'en profite.»

Le parallèle avec Federer

À la base des interrogations sur la longévité de Nadal, il y a ses résultats de l'année en cours. Il compte trois titres à son actif, mais aucun en Grand Chelem ou en Masters. En 2014, il en avait remporté un de chaque type, et l'année d'avant, il comptait deux Grands Chelems et cinq Masters à son palmarès.

Son parcours n'est pas sans rappeler ce qu'avait vécu Federer en 2013, année au cours de laquelle il avait remporté un seul petit tournoi. Ralenti lui aussi par les blessures, et alors âgé de 32 ans, le Suisse était perçu par plusieurs comme étant sur le déclin.

«Chacun a son chemin, rappelle Nadal. Ma carrière est différente de celle de Roger. Dans le sport, quand un bon joueur comme Roger a des difficultés, tout le monde commence à évoquer la fin, et le problème est exagéré. Maintenant, Roger joue bien, il connaît une saison fantastique. C'est une bonne chose pour le tennis qu'il joue bien. Dans mon cas, mon histoire est différente de la sienne. J'ai eu plusieurs blessures, j'ai dû prendre quelques pauses. Quand tu te blesses, c'est toujours difficile de revenir.»

Djokovic «comme les autres»

Pendant qu'on se demande si on reverra Nadal aussi dominant qu'à ses belles années ou si Federer reviendra à Montréal en tant que joueur, ces questions se posent moins dans le cas de Novak Djokovic.

Le Serbe participera à son 10e tournoi de la saison. Six fois, il a conclu son parcours avec le gros trophée. Sa fiche en 2015: 48 victoires, 3 défaites. Un collègue lui a demandé s'il connaissait sa meilleure saison depuis 2011, quand il avait fini l'année avec 10 titres. «Certainement», a répondu le numéro 1 mondial.

Cela dit, malgré toute l'attention qui vient avec son statut, Djokovic demeure bien terre à terre lorsqu'il est interrogé sur ses chances de succès cette semaine.

«Je sens que je suis dans la même position que les autres joueurs: je me bats pour le trophée. C'est mon approche.»

On demandera à ses prochains adversaires s'ils se sentent eux aussi dans la même position que le «Djoker»...