C'est à Melbourne, il y a un an, que la popularité d'Eugenie Bouchard a explosé avec l'apparition de la «Genie Army», les premiers éléments d'une énorme collection d'animaux en peluche et, surtout, des performances exceptionnelles qui l'ont menée jusqu'en demi-finale des Internationaux d'Australie.

Et ce n'était que le début d'une saison phénoménale au cours de laquelle la Canadienne a aussi atteint les demi-finales à Roland-Garros, la finale à Wimbledon, en plus d'enlever un premier titre WTA à Nuremberg. La belle machine s'est toutefois un peu enrayée au milieu de l'été en raison des blessures et sans doute aussi de la pression.

Qualifiée pour le Championnat du circuit en fin de saison à Singapour, Eugenie s'y est fait malmener par ses rivales. À l'heure des bilans, la joueuse de 20 ans a décidé de procéder à des changements autour d'elle afin d'aller de l'avant.

Changement dans l'intersaison

Elle a ainsi mis fin à sa longue collaboration avec l'entraîneur Nick Saviano, opté pour une nouvelle agence - WME-IMG (la plus importante), où elle est chaperonnée par la réputée Jill Smolle - et pris des vacances afin de recharger ses batteries.

De retour au boulot avec l'entraîneur Diego Ayala, le capitaine de l'équipe canadienne de Fed Cup, Sylvain Bruneau, et un nouvel entourage qui devrait encore évoluer au cours des prochaines semaines, Bouchard n'a disputé que trois matchs hors concours à la Coupe Hopman, remportant quand même de belles victoires contre Serena Williams et Flavia Pennetta.

Un an plus tard, Eugenie est de retour à Melbourne et le charme opère de nouveau. Elle était d'ailleurs l'une des quatre vedettes du Kids Day (avec Roger Federer, Ana Ivanovic et Nick Kyrgios), samedi, sur le court du stade Rod Laver.

La plupart des experts ne lui donnent toutefois que peu de chances de répéter ses exploits, croyant plutôt qu'elle sera frappée par la guigne de la deuxième année (ce que les anglophones appellent le sophomore jinx).

La championne de 2014, Na Li, qui l'avait battue en demi-finale l'an dernier, rappelait d'ailleurs vendredi matin lors du tirage au sort que c'est très difficile de revenir défendre un titre ou une belle performance.

«Tout le monde se souvient de vous, toutes vos rivales surtout, et chaque match devient aussi important qu'une finale, a souligné la jeune retraitée. On ne devient vraiment à l'aise dans ces situations qu'avec l'expérience. Ça m'a pris dix participations et trois finales avant de finalement soulever le trophée de la championne. Il faut être patiente.»

Bouchard amorcera le tournoi contre la modeste Anna-Lena Friedsman (95e), mais pourrait ensuite croiser les coriaces Svetlana Kuznetsova (27e) et Carla Suarez-Navarro (17e) en route vers un possible duel avec Maria Sharapova (2e) en quart de finale.

De nombreux partisans d'Eugenie voudraient retrouver la même joueuse qui les avait séduits, il y a exactement un an, mais cette jeune femme de 19 ans n'existe plus. En 12 mois, Bouchard a probablement vieilli de bien plus qu'un an.

Et c'est bien ainsi.

Comme l'a dit Na Li, ce n'est qu'avec l'expérience qu'on devient une vraie championne. Laissons à Eugenie le temps de le devenir.

Un premier match lundi

MONTRÉAL - Les adeptes de tennis du Québec devront couper court à leur nuit, lundi, pour voir à l'oeuvre Eugenie Bouchard aux Internationaux d'Australie.

La Montréalaise de 20 ans, qui est devenue la coqueluche du tennis féminin en 2014 après une saison marquée par une participation à la finale de Wimbledon et aux demi-finales à Melbourne et à Roland-Garros, disputera son premier match du tournoi contre l'Allemande Anna-Lena Friedsam, classée 98e au monde.

Bouchard, détentrice du 7e rang mondial et septième tête de série, foulera le terrain de l'Aréna Margaret Court à 19 h, heure de Melbourne, soit à 3 h du matin au Québec.

Bouchard est la seule athlète issue du Canada dans le volet féminin du tableau principal des Internationaux d'Australie. Ses compatriotes Françoise Abanda, Gabriela Dabrowski et Sharon Fichman ont été éliminées dès le premier tour des qualifications.

Abanda a été la seule des trois à gagner un set, remportant la manche initiale face à l'Israélienne Shahar Peer, qui a déjà occupé le 11e rang du classement mondial en simple. Abanda a même eu une balle de match, en deuxième manche, dont elle n'a toutefois su profiter.

Chez les hommes, Milos Raonic, huitième tête de série, et Vasek Pospisil, classé 55e au monde, ne joueront pas avant mardi. En attendant un possible rendez-vous avec le numéro mondial Novak Djokovic en quarts de finale, Raonic devra d'abord se défaire de l'Ukrainien Illya Marchenko, 144e mondial, au premier tour de la compétition.

De son côté, Pospisil aura un adversaire de taille au premier tour en l'Américain Sam Querrey, 35e raquette mondiale. Querrey a remporté son seul match face à Pospisil, en quatre manches, lors du premier tour des Internationaux de Wimbledon de 2012.

- La Presse Canadienne