Eugenie Bouchard n'était pas satisfaite de son entrée en scène à Wimbledon. Mais la 13e tête de série a évité le piège que lui a tendu le tirage au sort en l'opposant à Daniela Hantuchova au premier tour. Et pour l'heure, c'est tout ce qui compte.

«Je m'attendais à un match difficile, et c'en fut un», a dit l'athlète de Montréal, qui l'a emporté mardi en deux manches identiques de 7-5.

Bouchard ne pouvait pas devenir mardi la prochaine championne de Wimbledon ni la première joueuse à atteindre le carré d'as des trois premiers tournois du Grand Chelem d'une même année depuis Dinara Safina en 2009. Mais le scénario d'une défaite au premier tour contre la Slovaque Hantuchova, 31 ans, 34e au monde et ancienne top 5 en 2003, n'avait rien d'invraisemblable.

Bouchard a toutefois assez bien négocié les points importants pour l'emporter. «Le premier match d'un tournoi, surtout un tournoi du Grand Chelem, c'est toujours un peu énervant, a mentionné l'athlète de 20 ans. Je n'ai pas joué mon meilleur tennis durant la plupart du match, mais j'ai haussé mon niveau de jeu quand ça comptait. Je manquais de constance, je ne frappais pas la balle aussi tôt que je l'aurais voulu. Elle tentait définitivement d'être celle qui était en contrôle des points. Quand je l'ai réalisé, j'ai fait des ajustements, notamment à la deuxième manche.»

À la première manche, Hantuchova a brisé tôt le service de Bouchard pour mener 3-1, mais n'a pu conserver son avance. Sur une balle de manche contre elle à 5-6, Hantuchova a frappé une balle près de la ligne jugée bonne mais contestée par Bouchard. Le système d'arbitrage électronique a donné raison à la Québécoise. «Je pensais que sa balle était à l'extérieur, mais on ne sait jamais avec le système d'arbitrage électronique (Hawk-Eye), donc j'étais prête à tout, dit-elle. De toute façon, ce n'est qu'un point.»

À 5-6 mais 40-0 sur le service de Hantuchova, les deux joueuses se dirigeaient vers un jeu décisif à la deuxième manche quand Bouchard s'est mise à gagner plusieurs points grâce à son jeu d'attaque. Six points plus tard, le match était terminé.

Le match contre Hantuchova était d'autant plus risqué que Bouchard avait perdu son seul match sur gazon cette année contre Vania King, 73e au monde. «Je n'ai joué qu'un match, mais j'ai beaucoup pratiqué sur le gazon, dit-elle. Je me sens mieux de jour en jour, c'est le plus important. Je pense avoir fait les bons ajustements. La saison de gazon est si courte, je veux en profiter le plus possible.»

Si elle aime tant jouer sur gazon, ce n'est pas seulement en raison de son style de tennis offensif. Le All England Club lui rappelle l'un des plus beaux moments de sa jeune carrière, son titre junior à Wimbledon remporté en 2012 justement sur le même court numéro 1 qu'elle a foulé mardi pour son match de premier tour. «C'était spécial, j'ai eu des flashbacks de ma victoire chez les juniors», dit-elle.

Sa vie a évidemment bien changé en deux ans, elle qui est devenue l'une des jeunes vedettes du circuit féminin après deux carrés d'as consécutifs en Grand Chelem en 2014. «Je sens davantage d'attention et d'attentes que je gagne plus de matchs, car je suis mieux classée que la plupart de mes adversaires, dit-elle. J'essaie de ne pas trop y penser, de me concentrer plutôt sur mon jeu. »

Eugenie Bouchard sera justement favorite pour l'emporter au deuxième tour contre l'Espagnole de 26 ans Silvia Soler-Espinosa, 75e au monde, qui n'a jamais dépassé le deuxième tour à Wimbledon. «Elle est courageuse et se bat sur le terrain. Mais je me bats moi aussi», dit-elle.

Si la logique est respectée, l'athlète de Montréal devrait ensuite affronter au troisième tour la 20e tête de série, Andrea Petkovic, puis en huitième de finale une joueuse contre laquelle elle ne partira pas favorite: la numéro un mondiale Serena Williams.