Roger Federer, qui avait rarement paru aussi impuissant, a subi l'une des défaites les plus marquantes de sa carrière, en s'inclinant face au Français Jo-Wilfried Tsonga (7-5, 6-3, 6-3) mardi en quart de finale de Roland-Garros.

C'est seulement la cinquième fois depuis 2004 que le Suisse échoue à atteindre les demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem. Ce chiffre incroyable dit bien toute la grandeur de Federer, qui disputait mardi son 36e quart de finale consécutif en Grand Chelem.

Mais jamais lors de ses échecs précédents en quarts - en 2010 à Roland-Garros contre Robin Söderling et à Wimbledon contre Tomas Berdych, en 2011 à Wimbledon contre Tsonga déjà, et en 2012 à l'US Open contre Berdych encore - il n'était apparu autant à court d'arguments.

À chaque fois, il avait pris au minimum un set, et offert une résistance bien plus vigoureuse. Car mardi, l'homme aux 17 titres du Grand Chelem a été surclassé. Il a subi sa défaite en Grand Chelem la plus lourde, en termes de jeux encaissés, depuis sa finale perdue 6-1, 6-3, 6-0 face à Rafael Nadal en 2008.

«Il a très bien joué. Dans tous les domaines, il a été bien meilleur que moi», a convenu Federer. «J'ai été impressionné par la manière dont il a joué aujourd'hui. J'ai eu du mal dans tous les secteurs. C'est triste de jouer un match comme ça, mais c'est ainsi.»

«Aucune excuse»

Il avait l'occasion de battre le record de victoires à Roland-Garros (58), qu'il partage avec Guillermo Vilas. Mais après qu'il eut mené 4-2 dans le premier set, son jeu s'est complètement effiloché. Il a accumulé les fautes directes, surtout en coup droit, son point fort.

«J'ai essayé de tenter des choses différentes, mais il a maintenu la pression», a-t-il expliqué. «Il a mieux retourné, mieux servi. J'ai eu du mal à trouver le rythme. Les conditions étaient différentes des jours précédents, mais il n'y a aucune excuse.»

Le troisième joueur mondial a connu un début de saison décevant, puisqu'il n'a toujours pas remporté le moindre titre, une première depuis 2003. Il essaiera de réparer cette anomalie lors de la campagne sur gazon et sera sous pression à Wimbledon, dont il est le tenant du titre.

Solide et serein à la fois, Tsonga, sixième tête de série, peut lui croire en ses chances de mettre fin à trente ans de disette française en Grand Chelem depuis la victoire de Yannick Noah à Roland-Garros en 1983.

Pas un set perdu

Pour cela, il lui faudra d'abord battre vendredi l'Espagnol David Ferrer (4e), qui a démoli (6-2, 6-1, 6-1) son compatriote Tommy Robredo, pour retrouver les demi-finales à Paris comme l'an passé.

Ferrer et Tsonga sont les deux seuls joueurs à ne pas avoir encore perdu le moindre set. Si l'Espagnol n'a encore jamais dépassé le stade des demi-finales dans un tournoi du Grand Chelem, le Français avait été finaliste en 2008 en Australie.

L'an passé, Ferrer s'était incliné en demie face à Nadal, qui avait ensuite remporté le tournoi pour la septième fois.

Tommy Robredo avait animé le tournoi en devenant après les quarts de finale le premier joueur à remonter un handicap de deux sets à zéro dans un troisième match consécutif dans un Grand Chelem depuis Henri Cochet à Wimbledon en 1927, il y a 86 ans.