Eugénie Bouchard et Filip Peliwo ont accompli la semaine dernière ce qu'aucun autre Canadien n'avait accompli avant eux: remporter un tournoi du Grand Chelem. Un accomplissement qui, selon Louis Borfiga, vice-président du développement de l'élite chez Tennis Canada, confère au pays un statut de «nation ambitieuse»

«Il faut maintenant travailler fort pour rejoindre les grandes nations de tennis, ajoute-t-il. Je sens qu'avec ces jeunes, mais aussi avec nos athlètes établis comme Milos Raonic et Aleksandra Wozniak, nous allons pouvoir aller de l'avant.»

Il reste qu'un titre junior à Wimbledon, c'est bien, mais qu'un titre chez les professionnels, ce serait encore mieux.

Ainsi, à peine revenus à Montréal afin de poursuivre leur travail au Centre national d'entraînement de Tennis Canada, les deux athlètes de 18 ans pensent déjà à la prochaine étape, c'est-à-dire faire le saut chez les pros et y maintenir le même niveau d'excellence.

La route pour y arriver est toutefois ardue, et plusieurs s'y sont perdus. Mais Bouchard et Peliwo sont armés pour y arriver.

«C'est une étape très difficile du développement des athlètes, et toutes les fédérations cherchent la bonne méthode, analyseLouis Borfiga. Mais quand on a le potentiel d'Eugénie et Filip, on part avec une longueur d'avance. Il leur faut maintenant oublier le titre à Wimbledon et n'en retenir que l'expérience. Il faudra garder les choses simples et établir un bon programme d'entraînement.»

De l'expérience, les deux jeunes surdoués en ont certainement fait le plein sur le gazon anglais.

«C'était très spécial, de jouer sur le court numéro 1, a confié Eugénie Bouchard. J'étais étonnamment peu nerveuse à l'approche de la finale, et ç'a très bien été pour moi.»

«Remonter un retard de 2-5 au premier set m'a donné une bonne dose de confiance, a quant à lui raconté Filip Peliwo. Je crois que cette victoire a donné une très belle vitrine au tennis canadien.»

Tous deux, d'ailleurs, répètent à qui veut l'entendre que le programme de développement de Tennis Canada a joué pour beaucoup dans leur réussite.

«On nous donne le soutien nécessaire pour voyager, prendre part à un maximum de tournois, ce qui est essentiel dans un sport comme le tennis», a souligné Eugénie Bouchard.

«Nous sommes au meilleur endroit possible à l'heure actuelle», a renchéri son compatriote.

Prochaine étape

La prochaine étape pour Filip Peliwo sera le US Open junior, un tournoi auquel Eugénie Bouchard n'est pas certaine de participer, après une saison chargée. Dans tous les cas, si elle devait y prendre part, ce serait assurément son au-revoir au tennis junior, puisque son admissibilité se termine le 31 décembre prochain.

Après cette date, c'est le grand saut, bien que certains tournois professionnels soient déjà à son agenda, notamment laCoupe Rogers, à Montréal, et le Challenger de Granby.

Même si Eugénie doit encore améliorer des aspects de son jeu, l'entraîneur en chef du volet féminin de Tennis Canada, Sylvain Bruneau, estime qu'elle est fin prête à jouer contre des femmes plus vieilles.

«Elle joue un tennis moderne, très rapide, dit-il. Elle frappe la balle tôt, sert bien, entame tous les points du bon pied, punit son adversaire. Elle n'a pas vraiment de coup spécial, mais elle ne présente pas de faille majeure...»

«C'est non seulement ce que je note, mais ce que les autres entraîneurs avec qui je parle me disent, poursuit M. Bruneau. Elle continue de progresser, mais surtout, elle est avide de commentaires : il y a très peu de joueuses qui veulent entendre les critiques directement sur le terrain. Ça la rend unique.»