On attendait un duel de rois avec des enjeux historiques, mais on n'aura finalement droit qu'à une finale entre les deux dauphins du tennis masculin.

Oubliez le Rafa Slam ou le 17e titre de Federer. Ce sont Novak Djokovic et Andy Murray qui s'affronteront la nuit prochaine en finale des Internationaux d'Australie et la qualité du tennis pourrait bien être encore supérieure à ce qu'on aurait eu avec les deux autres.

Les deux finalistes sont nés à une semaine d'intervalle (Murray le 15 mai 1987, Djokovic le 22 mai 1987) et sont copains même s'ils s'affrontent depuis longtemps. «Nous sommes un peu plus proches depuis quelques mois, avouait Djokovic jeudi. C'est sympa de voir un ami de longue date réussir si bien.»

Le Serbe a mené son pays à la conquête de la Coupe Davis en décembre et semble y avoir trouvé une formidable confiance. C'est à Melbourne qu'il a remporté, sur le même court du Rod Laver Arena, le seul titre majeur de sa carrière, en 2008. Djokovic en sera à sa deuxième grande finale consécutive, la quatrième de sa carrière.

Il vient d'éliminer Roger Federer deux fois d'affilée en demi-finale d'un Grand Chelem, un exploit considérable que personne n'avait accompli avant lui.

«Les conditions conviennent parfaitement à mon jeu ici, a-t-il expliqué après sa qualification pour la finale, jeudi. C'est un peu plus lent et cela me donne assez de temps pour mettre en place mon jeu.

«Contre Roger, je suis à la fois plus agressif et plus patient. J'attends d'avoir de bonnes balles pour accélérer et cela semble réussir.»

En 2008, il avait battu l'étonnant Français Jo-Wilfried Tsonga en finale. Murray sera un adversaire d'une autre trempe.

Murray, enfin?

L'Écossais rêve toujours d'un premier grand titre, qui serait aussi le premier d'un joueur britannique depuis Fred Perry en 1936! Deux fois finaliste en Grand Chelem (US Open 2008 et Australie 2010), il semble avoir de la difficulté à transposer sur les grandes scènes l'aisance qu'il démontre dans les tournois secondaires.

À Toronto l'été dernier, il a vaincu coup sur Nadal et Federer pour défendre son titre de la Coupe Rogers. Plusieurs analystes estiment qu'il est le plus doué physiquement du groupe de tête du tennis masculin, mais qu'il doit travailler sur son mental.

Face à un joueur qu'il a vaincu lors de leurs trois derniers affrontements, toujours sur le dur (Djokovic mène 4-3 en carrière), Murray n'aura pas à briser les barrières psychologiques qui l'ont ralenti, à ce niveau, contre Federer ou Nadal. «Nous nous entraînons beaucoup ensemble et on s'entend bien, a-t-il rappelé hier. Nous jouons au foot ensemble et nous sommes bons amis.»

Djokovic aura eu 24 heures de plus pour récupérer, mais Murray, qui a dû se livrer pendant 3 heures et 46 minutes pour disposer de l'Espagnol David Ferrer en demi-finale, ne s'en inquiète pas. «Je m'attendais à un match difficile et je suis content de m'en être sorti, a-t-il expliqué en conférence de presse. Mais je serai prêt physiquement pour la finale, pas de problème. Et j'espère que ce sera le début d'une série de matches importants où l'on s'affrontera, Novak et moi.»

Plus jeunes que Nadal et Federer, sûrement plus «affamés», Novak Djokovic et Andy Murray pourraient effectivement se retrouver encore souvent en finale des tournois du Grand Chelem.