Après sa victoire par K.-O. en demi-finale du gala Bazinyan-Phinn, jeudi soir, au Casino de Montréal, le boxeur Avery Martin Duval s’est ouvertement demandé s’il ne ferait pas un bel adversaire à Thomas Chabot, qui s’était exécuté juste avant lui.

« À quel round je l’arrête ? », a pavoisé Duval (11-0-1, 7  K.-O.) avec un brin d’humour, après avoir arrêté Ezequiel Palaversic (8-3-1, 4 K.-O.) au quatrième round. L’Argentin venait de recevoir un deuxième compte et l’arbitre a jugé qu’il en avait assez vu.

Deux « tigres » d’Eye of the Tiger Management (EOTTM) pourraient-il se mesurer l’un à l’autre ? Ce n’est pas dans les habitudes de la maison, mais cela ferait sans doute un autre excellent duel local… « Peut-être, peut-être », a réagi le promoteur Camille Estephan en réfléchissant à voix haute, en toute fin de soirée.

« En tout cas, ce serait un très beau combat, a acquiescé Duval, qui a lui-même avancé le nom de Chabot. Thomas et moi, on n’est pas des amis, mais on s’entend bien ensemble. Le gars, c’est un solide. Il a un cardio infini. Ce serait un beau coup à faire quand il est prêt à y aller. »

Martin Duval a admis avoir ressenti « un petit stress » à sa première expérience comme demi-finaliste d’une carte d’EOTTM. Palaversic s’est montré solide… jusqu’au quatrième, où les frappes au visage du Montréalais lui ont fait mal.

« Je savais qu’il avait une bonne mâchoire, mais comme je l’avais dit en conférence de presse, j’allais le casser, a rappelé Martin Duval, remerciant Dieu à quelques reprises. Je pensais que ça prendrait plus de rondes honnêtement, comme sept ou huit. J’ai commencé à le toucher et je me suis dit : à un moment donné y en a un qui va le pincer ! »

Le Sud-Américain a mis un genou au sol la première fois et est tombé à la deuxième. Palaversic s’est relevé, mais l’arbitre a refusé de le laisser poursuivre.

Chabot surmonte ses craintes

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Thomas Chabot

Après « une année perdue » en raison d’une blessure à un pied et d’une annulation, Chabot (10-0, 8 K.-O.) n’a pu retenir ses larmes devant les journalistes après sa victoire par K.-O. devant Alfredo Jimenez Espino (6-3, 2 K.-O.). Le pugiliste de Thetford Mines a fait tomber le Mexicain sur les fesses après une série de combinaisons au corps au cinquième round. Manifestement touché au foie, Espino a mis deux bonnes minutes avant de se relever.

« Je me sentais un peu rouillé, mais surtout très anxieux, plus qu’à la normale », a révélé Chabot, qui savait que ses deux dernières sorties n’avaient pas été convaincantes, surtout celle de décembre 2022 à Shawinigan, où il s’était fait mitrailler. Les juges l’avaient sauvé dans une décision controversée.

« Je suis un guerrier, capable d’en prendre, capable d’en donner », a indiqué le super-plume, qui voulait impressionner son nouveau coach François Duguay.

Je vais en donner jusqu’à ce que je meure. Je pourrais y laisser ma peau quand j’embarque dans le ring. Mais je suis en début de carrière. Ce ne sont pas des combats assez importants pour faire ça consécutivement.

Thomas Chabot

Chabot a craqué en pensant à sa longue absence. « Ça m’a manqué… Honnêtement, j’ai eu peur. Ça me manquait et j’avais beaucoup de craintes : est-ce que je vais revenir dans le ring et ne plus être capable de sortir le bon côté technique que je me sais capable d’avoir ? Je pense avoir brisé la glace de ce côté-là. »

Une clinique de Fendero, malgré une blessure

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Moreno Fendero

En ouverture de gala, Moreno Fendero (5-0, 4 K.-O.) a poursuivi sa progression en dépit d’une blessure au biceps droit subie à mi-chemin du combat l’opposant au tenace Argentin Nicolas Luque Palacios (13-11, 2 K.-O.). Au sixième et dernier round, le gaucher de 24 ans s’est servi de sa main naturelle pour pincer son adversaire en haut de l’oreille, le projetant au tapis. Palacios s’est relevé, mais l’arbitre a mis un terme au combat quelques secondes plus tard, confirmant le quatrième K.-O. consécutif du poids moyen originaire de Chartres.

Avant même que le médecin n’examine Fendero, son entraîneur Marc Ramsay a donné son propre diagnostic – déchirure du biceps –, ce qui a semblé surprendre le spécialiste. « Il y a plus de boxeurs qui ont ça qu’il y en a qui ne l’ont pas », a tranché le coach d’expérience, qui ne semblait pas inquiet.

« Ça a changé tout le combat », a expliqué Fendero, fier d’être seulement le deuxième à arrêter Palacios avant la limite. « C’est pour ça que j’ai travaillé qu’en direct avec ma main droite et que j’ai essayé de me concentrer sur ma gauche. Malgré tout, je me sens bien, en pleine forme. Je n’ai pas pris trop de coups, c’est ça qui est important. J’ai gagné avec la manière, c’est très bien. »

Gaumont chasse la rouille

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Alexandre Gaumont l’a emporté par arrêt de l’arbitre à 1 min 56 s du deuxième round.

Fendero s’attend donc à être en mesure de se battre le 25 mai à Shawinigan. Idem pour Alexandre Gaumont (10-0, 7 K.-O.), qui a accepté une offre tardive pour le gala de jeudi. L’orgueil de Buckingham ne s’est pas éternisé, l’emportant par arrêt de l’arbitre à 1 min 56 s du deuxième assaut contre le Tanzanien Abdallah Luanja (17-12, 12 K.-O.), qui s’est présenté à Montréal sans entraîneur.

Je me suis dit : si je suis capable de l’arrêter, je vais le faire sans trop forcer les choses. Mais on savait que ça s’en venait.

Alexandre Gaumont

De retour à la compétition après une absence de huit mois pour soigner une blessure au bras gauche, Gaumont s’est quand même fait surprendre par quelques frappes de Luanja en début d’engagement. « C’était peut-être la rouille, a indiqué le poids moyen de 28 ans. J’ai fait beaucoup de sparring, je pensais que je n’étais plus rouillé, mais quand tu rentres dans le ring avec des gens autour, ce n’est pas la même chose. En gros, j’ai bien fait. J’ai mangé une couple de coups pour rien, mais à part ça, tout a bien été. »

À Shawinigan, Gaumont se prépare à affronter un vis-à-vis de meilleure qualité, un Argentin invaincu comme lui.

C’est qui le patron ?

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Jhon Orobio

À 20 ans, Jhon Orobio avait beau avoir près de la moitié de l’âge de son adversaire Cristian Palma (33-15, 7 K.-O.), il a été le seul patron entre les câbles : le Montréalais d’origine colombienne a envoyé le Chilien de 39 ans au plancher à trois reprises au deuxième assaut, ce qui a mis un terme à ce match inégal chez les poids légers. Orobio, qui s’exécutera lui aussi en Mauricie en sous-carte du duel Mbilli-Heffron, porte donc sa fiche à 8-0 et 8 K.-O. Il lui en manque 12 pour rattraper Artur Beterbiev…