Le Bureau du coroner du Québec recommande que la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) renforce ses mesures de contrôle avant d’autoriser un boxeur ayant subi un K.-O. lors de son précédent combat à remonter sur le ring.

Le DJacques Ramsay, qui enquêtait sur la mort de la boxeuse mexicaine Jeanette Zacarias Zapata survenue dans un gala tenu à Montréal en août 2021, note dans un rapport dévoilé mardi que l’organisation devrait « systématiquement » exiger une description complète du knock-out, une vidéo du combat si possible ainsi que le rapport de l’examen médical d’après-combat « pour pouvoir mieux apprécier » la nature des blessures subies par l’athlète.

Le coroner suggère par ailleurs que la RACJ exige la production d’un rapport de neuropsychologie qui pourrait permettre de détecter des dysfonctions neurologiques « même lorsque le boxeur semble n’avoir aucun symptôme et ne perçoit rien d’anormal », ce qui était apparemment le cas de Jeanette Zacarias Zapata.

La boxeuse, note le coroner, avait été mise K.-O. en mai au Mexique lors d’un violent combat et soumise à une suspension de 60 jours qui est arrivée à échéance quelques semaines avant son combat fatidique à Montréal.

Le père de la boxeuse, Estaban Zacarias, avait indiqué à La Presse qu’aucun médecin qualifié n’était présent lors du combat au Mexique et qu’il avait dû lui-même transporter sa fille inconsciente dans une camionnette pour trouver un hôpital susceptible de la prendre en charge. Il avait précisé que la présence d’un hématome cérébral avait été mise en évidence par un examen en tomographie, mais que la jeune femme avait pu repartir au bout de quatre heures en observation.

Le coroner souligne pour sa part que le père a déclaré qu’un examen médical pratiqué une semaine après le combat du 15 mai n’avait pas révélé d’anomalie.

Le DRamsay indique par ailleurs que la commission de la boxe de la ville d’Aguascalientes « n’avait pas fait preuve de laxisme » à la suite du combat au Mexique puisque la période de 60 jours de suspension imposée après le K.-O. correspond, dit-il, au délai qu’il faut « pour la plupart des athlètes » pour se remettre d’un traumatisme craniocérébral.

Il s’est dit cependant « interpellé par le fait que les examens, clinique et radiologique, soient insuffisamment sensibles pour détecter le rétablissement sous-optimal, particulièrement en présence d’un athlète qui pouvait être tenté de minimiser ses symptômes pour remonter plus tôt dans le ring ». Les tests neuropsychologiques suggérés, souligne le coroner, seraient en mesure de combler cette lacune.

Dans le cas de Jeanette Zacarias Zapata, il est « possible d’envisager qu’une ancienne blessure à la tête puisse avoir fragilisé l’enveloppe méningée et les vaisseaux cérébraux » et que les coups subis lors du combat à Montréal soient venus « compléter une blessure antérieure ».

Accueil favorable

Une porte-parole de la RACJ, MJoyce Tremblay, a indiqué que l’organisation accueillait « favorablement » les mesures suggérées par le coroner et entendait « tout faire pour les mettre en œuvre ». Elle a prévenu qu’un délai serait nécessaire puisque des modifications législatives et réglementaires pourraient s’avérer nécessaires pour aller de l’avant.

Le rapport du coroner souligne par ailleurs que le promoteur a une « responsabilité partagée » avec la RACJ pour assurer la sécurité des boxeurs et devra aider à ce que les exigences additionnelles suggérées puissent être satisfaites dans le cas où un boxeur a été victime d’un K.-O. lors de son précédent combat.

Yvon Michel, le promoteur du combat montréalais à la suite duquel Jeanette Zacarias Zapata est morte, a déclaré en 2021 qu’aucun boxeur venant de l’étranger qui a subi un K.-O. dans son dernier combat ne serait recruté pour les galas organisés par son entreprise.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Jeanette Zacarias Zapata

Lors d’une conférence de presse en ligne, M. Michel a indiqué en après-midi mardi qu’il entendait maintenir cette approche à l’avenir même si elle va au-delà de ce que suggère le coroner.

Tout en relevant que le rapport validait selon lui les mesures de sécurité prises en prévision du combat montréalais, il a salué comme une « très, très bonne recommandation » l’idée d’instaurer à l’avenir des tests neuropsychologiques, y compris pour les boxeurs amorçant leur carrière professionnelle de manière à permettre des comparaisons ultérieures.

Le promoteur a indiqué que la mort de la boxeuse mexicaine avait été l’une des expériences « les plus difficiles de [s]a carrière » et qu’il avait été particulièrement touché, en se rendant au Mexique pour les funérailles, par la détresse des membres de sa famille.

Lisez notre article « Une suite d’erreurs majeures » Lisez notre article « Les gens de la boxe, c’est une famille » Lisez notre article « Ma petite fille est enfin revenue »