C’est une Kim Clavel plus calme, plus posée, voire la tête froide, qui s’est présentée devant les médias, mercredi matin, pour sa conférence de presse d’avant-combat.

« Je me sens zen, je me sens bien, a confirmé la pugiliste dans un sourire. […] Samedi, je vais faire le mieux que je peux. On ne peut pas faire mieux que ça. Et si le mieux est assez, je vais gagner. »

Samedi soir, donc, Clavel (17-1-0, 3 K.-O.) montera sur un ring qu’elle connaît maintenant plutôt bien, celui de la Place Bell, afin d’affronter l’Argentine Evelin Bermúdez (18-1-1, 6 K.-O.). Neuf mois après avoir subi sa première défaite en carrière et avoir perdu sa ceinture de championne WBC aux mains de la Mexicaine Yesica Nery Plata, la Québécoise tentera de devenir championne unifiée WBO et IBF.

« Bermúdez, ce soir-là, elle ne repartira pas avec ses ceintures. Ce soir-là, je vais être invincible », a lâché Clavel au micro.

À l’autre bout de la table, Bermúdez a esquissé un sourire en coin quand un interprète lui a traduit à l’oreille ce qui venait d’être dit. L’Argentine de 26 ans, qui s’est battue neuf fois en championnat du monde au cours de sa carrière, s’était montrée moins incisive un peu plus tôt, se contentant de dire que « tout le monde est bon sur le ring ».

Mais Clavel n’a pas l’habitude d’être émoussée devant les micros avant ses combats. Même si elle est, sur papier, la négligée d’un duel qui se déroule chez elle, elle est restée fidèle à elle-même dans sa façon de s’exprimer.

« Je suis capable d’affronter n’importe qui. […] Je suis de niveau, ça, je le sais. Mais pour battre une fille comme Bermúdez, ça va prendre quelque chose de plus, et là, je l’ai. Le discours en ce moment dans ma tête est positif. Ça va bien, vraiment bien. J’ai des frissons juste à vous en parler. »

Plus stratégique

En Bermúdez, Clavel affrontera une « excellente boxeuse, unique », a fait valoir l’entraîneuse Danielle Bouchard. « Elle est grande, elle a une longue portée, une bonne vitesse. Elle lance beaucoup. »

Par conséquent, l’équipe Clavel s’est préparée à toute éventualité. Tous les scénarios ont été pratiqués, a assuré Bouchard.

« Je peux vous dire que le requin est prêt, a continué la coach. Le requin est reconnu pour être un super prédateur. Ses paupières ne se ferment jamais. Il n’a peur de rien. C’est un peu ce que je vois chez Kim, sa détermination. Elle veut redevenir championne. »

J’y crois. J’y crois autant que j’y croyais lorsqu’elle est devenue championne du monde.

Danielle Bouchard, entraîneuse de Kim Clavel

Les spectateurs qui seront à la Place Bell doivent s’attendre à voir à l’œuvre une Clavel « plus stratégique », « intelligente », a résumé la boxeuse elle-même. Ses attaques et ses retraits seront mieux calculés.

Enfin, rassurez-vous : la Québécoise se battra dans son identité, avec vivacité.

« Un combat de Kim Clavel, c’est rarement plate. Et ça ne sera pas plate samedi non plus, a tranché la pugiliste. Ça ne peut pas être plate avec une adversaire comme Bermúdez. Ça va être grandiose, le fun, excitant. Mais moi, je vais être intelligente dans ce que je vais faire. »

Le combat qui peut changer une vie

En boxe, on dit constamment que chaque combat est le plus important, ce qui n’est pas faux. Clavel l’a rappelé, mercredi matin. « J’ai vraiment la nette impression que ce combat-là peut changer mon avenir, qu’il peut changer ma vie », a-t-elle évoqué.

À plusieurs reprises, la boxeuse a insisté sur l’importance de remporter ce combat pour elle. Elle souhaite s’offrir, à elle-même, la preuve qu’elle peut redevenir championne du monde.

« Le combat contre Plata, je me suis laissé emporter par mes émotions. J’entendais la foule crier, je voulais en mettre plus qu’il en fallait. Ça peut être un couteau à double tranchant. Mais là, j’ai quelque chose à me prouver à moi-même et à personne d’autre. Ce combat-là, je le fais pour moi et ça me fait du bien. »

Pour elle… et peut-être un peu pour son père, Pierre.

« La semaine dernière, je réalisais que mon père vieillissait. J’ai regardé une de ses photos et j’avais les larmes aux yeux. Il avait sa casquette et il met son petit badge de moi dessus.

« Il vient à chacun de mes combats. Il a 73 ans et je trouve ça beau qu’il soit là et qu’il soit en santé pour venir. Ça me touche. Mon père, je vais lui faire vivre des belles affaires. C’est mon monde qui est là. C’est important pour moi », a-t-elle ajouté, le regard embué et le poing sur le cœur.

Et si ?

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Yvon Michel

Interrogé sur ce qui attendait Clavel advenant une deuxième défaite en neuf mois, le promoteur Yvon Michel a indiqué que ce ne serait « pas la fin du monde ». « Si elle devait perdre, on la ramènerait en championnat du monde. Il va y avoir beaucoup d’investissements en boxe féminine. Il va y avoir une ligne qui va être organisée pour elle. Il va y avoir du financement. Ça s’en vient à pas très long terme. On parle de six mois ou un an maximum. Kim pourrait être réellement dans des activités comme ça. Le plus important, c’est qu’elle garde le moral, qu’elle comprenne que ça peut arriver. »

En sous-carte

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Marie-Pier Houle

La première cloche du gala de samedi, baptisé La Reconquête, sera donnée sur le coup de 19 h. Derek Pomerleau (5-0-0, 3 K.-O.) affrontera d’abord le Tchèque Michal Chludil (3-1-2, 2 K.-O.), puis Caroline Veyre (4-0-0) se mesurera à l’Italienne Jessica Bellusci (4-0-0, 2 K.-O.). Ce sera ensuite Marie-Pier Houle (8-1-1, 2 K.-O) qui montera sur le ring afin de faire face à la Mexicaine Cindy Reyes Espinoza (4-1-0). Notons que ce dernier duel durera finalement 8 rounds plutôt que 10 comme prévu ; une décision de la Régie que s’explique mal Yvon Michel. « C’est un peu incompréhensible. J’ai demandé une révision de cette décision, mais on ne peut pas discuter avec personne de la Régie », a-t-il dit. Après Houle, Sébastien Bouchard (20-2-1, 9 K.-O.) affrontera Mazlum Akdeniz (18-0-0, 8 K.-O.). Suivront Clavel et Bermúdez aux environs de 22 h.