(Montréal) Simon Kean attendait depuis longtemps une grande occasion, face à un grand adversaire, sur une grande scène. Il a été exaucé. Le poids lourd de Trois-Rivières affrontera l’ex-champion du monde Joseph Parker le 28 octobre prochain, à Riyad, en Arabie saoudite.

« C’est le combat qui peut changer ma vie. »

Le choc entre Kean (23-1, 22 K. -O.) et le Néo-Zélandais Parker (32-3, 22 K. -O.) sera présenté en sous-carte du combat entre le championnat du World Boxing Council (WBC) Tyson Fury et l’ex-champion des arts martiaux mixtes Francis Ngannou. Fury ne met toutefois pas sa ceinture en jeu pour ce duel.

« Il n’y a plus de limite après ça, ajoute Kean. Comme toute business, tu es là pour faire de l’argent. Ma carrière en boxe, je la considère comme une business. C’est le combat qui pourrait me permettre de bien vivre après ça.

« Ça prend une victoire par exemple. Avec une victoire, on pourrait jaser pour quelque chose de sérieux. »

À 31 ans, Parker est loin d’être un boxeur qui vogue vers le soleil couchant. Il vient de signer deux victoires d’affilée après avoir subi une première défaite par K. -O. en carrière, au 11e round devant Joe Joyce, pour le titre intérimaire de la World Boxing Organization (WBO).

Parker a détenu ce titre en 2016 et 2017. Il l’avait remporté alors qu’il était vacant en battant Andy Ruiz par décision unanime. Il l’a défendu deux fois avant de le perdre dans un gigantesque combat d’unification aux mains d’Anthony Joshua.

« La crème de la crème, dit l’entraîneur de Kean, Jessy Ross Thompson, au sujet des boxeurs qui ont infligé des défaites à Parker. Tu regardes ces combats-là, il n’y a que Joyce qui l’a battu clairement. Les deux autres, c’étaient des décisions.

« Il se prépare pour une autre chance en championnat du monde, poursuit-il. Avec ce genre de vitrine, on peut être certain qu’il va nous offrir le meilleur de lui-même. »

Kean souhaite depuis longtemps se mesurer aux meilleurs de la division. Cet affrontement permettra de connaître sa place sur l’échiquier des lourds.

« C’est une bonne opportunité de montrer qu’il fait partie de l’élite, qu’il est capable de faire compétitions à la crème de la division, acquiesce Thompson. C’est clair que si tu livres un bon combat à Parker, tu fais aussi partie de l’élite des lourds. »

« Je suis rendu là. Il faut se battre contre des gars comme ça pour savoir où on en est. J’ai une belle cohésion avec Jessy. On a pu mettre en place une belle stratégie. On travaille ensemble depuis le combat face à (Eric) Molina, mais on avait travaillé que huit semaines ensemble à ce moment.

« J’ai évolué comme boxeur, même sans avoir livré de combat. J’ai un nouveau style. Je pense que je pourrai surprendre Parker. »

Négociations ardues

Il a été difficile pour Camille Estephan et Eye of the Tiger Management de placer Kean et Arslanbek Makhmudov (17-0, 16 K. -O.), qui affrontera le Croate Agron Smakici (19-2, 17 K. -O.), sur cette carte.

« C’est vraiment une très longue histoire, a laissé tomber Estephan. Mais on est vraiment chanceux d’avoir deux boxeurs sur cette immense carte de six combats seulement. […] J’ai fait des démarches depuis des années avec ces gens en Arabie saoudite. Il faut dire aussi que j’ai une relation très favorable avec Top Rank, qui est copromoteur de l’évènement en raison de Fury.

« On tient notre parole, on tient nos promesses. Ça a pesé lourd avec ces promoteurs-là. »

Même une fois la présence des deux pugilistes d’Eye of the Tiger Management acquise, il a fallu un certain temps avant de pouvoir en faire l’annonce.

« On m’a approché il y a quelques semaines, raconte Kean. C’est vrai qu’il s’agit d’une grosse soirée, d’un gros nom. Mais je voulais quand même voir le contrat avant de signer n’importe quoi. À un moment donné, les promoteurs de l’autre côté nous ont dit que ça ne fonctionnait plus parce que j’avais mis trop de temps à me décider.

« Ils sont toutefois revenus à la charge quelques semaines plus tard, mais encore là, ils nous ont envoyé les billets d’avion avant que je ne signe le contrat ! Pour eux, c’était fait, mais je voulais voir le contrat. Je suis content que ce soit finalement réglé », ajoute Kean, qui est toujours dans le gym, peu importe qu’il ait un contrat signé ou non.

Selon lui, le meilleur atout de Parker est son intelligence dans le ring, son « boxing I. Q. ».

« Parker, ce n’est pas un gars super athlétique à la Anthony Joshua, mais s’il est rendu où il est rendu aujourd’hui, c’est parce qu’il a une très grande intelligence dans le ring. Lui, la “game” d’échecs, il la connaît. Parfois, les gars ne sont pas les plus impressionnants dans le gym, mais une fois rendu dans le ring, c’est une autre histoire. »

Thompson assure toutefois que son protégé est prêt pour ce défi.

« Simon a 34 ans, il est allé aux Jeux olympiques. Il a fait face à de l’adversité face à Dillon Carman : il a été bien préparé pour cet affrontement », conclut l’entraîneur.