(Riyad) Dans une salle de sport de la capitale saoudienne, Riyad, Abdallah al-Qahtani enchaîne les coups contre son partenaire d’entraînement, entouré d’une douzaine d’autres combattants d’arts martiaux mixtes (AMM) partageant le même tapis.

Le décor ne ressemble en rien à celui qui l’attend cette semaine à New York, sous les projecteurs du Madison Square Garden, où le Saoudien et l’un de ses compatriotes défendront les couleurs du royaume face aux grands noms de la discipline.  

Les AMM, qui mêlent plusieurs sports de combat comme la boxe, la lutte ou le Muay Thai, étaient peu connus dans la monarchie du Golfe jusqu’à l’organisation de la compétition régionale Desert Force en 2014.   

Depuis, il a gagné en popularité avec l’émergence de combattants du Moyen-Orient et la création d’une fondation saoudienne des AMM pour soutenir les talents locaux.

Mercredi soir, Abdallah al-Qahtani et Mostafa Rashed Neda, basé à Jeddah, participeront à New York aux éliminatoires de la Professional Fighters League (PFL), une compétition phare qui, espèrent-ils, leur permettra d’obtenir une reconnaissance mondiale.

« Ils se battent pour faire leurs preuves », affirme Peter Murray, PDG de la PFL, championnat rival du célèbre Ultimate Fighting Championship.

Pour lui, l’Arabie saoudite est un vivier potentiel de combattants et de fans des AMM.  

« Nous pensons qu’il y a des talents et un besoin de capacités supplémentaires », ajoute-t-il.

Abdallah al-Qahtani, appelé « The Reaper » (le faucheur), se dit prêt à affronter le poids plume américain David Zelner, en dépit de son expérience relativement limitée.  

Son club de sport, aux murs tapissés de dessins à l’effigie de Mohammad Ali et de Mike Tyson, n’est peut-être « pas le meilleur » et n’est pas doté d’équipements dernier cri, « mais il a de très bons combattants », assure-t-il.  

« Lieu sacré »

Après avoir appris à boxer au Maroc, où il a passé une grande partie de son enfance, Abdallah al-Qahtani est rentré en Arabie saoudite en 2010. Mais les AMM n’étant « pas connus » à l’époque dans le pays, il n’a trouvé aucun club où s’entraîner régulièrement avant 2016.

Mostafa Rashed Neda, lui, a dû se tourner vers YouTube pour se familiariser avec les techniques des AMM, après avoir été initié au jiu-jitsu par son professeur d’anglais.  

Il a longtemps promu la discipline, la présentant comme une forme de « combat de rue », avant de créer son propre club.  

« C’était une période difficile, mais Dieu merci, les AMM se sont beaucoup développés ces quatre ou cinq dernières années », se réjouit-il.  

« Il y a une très grande base de fans, avec une croissance rapide », abonde Peter Murray de la PFL, qui espère organiser des évènements dans le royaume dès l’année prochaine.  

« Les fans des AMM au Moyen-Orient et en Arabie saoudite s’intéressent de plus en plus à ce sport », ajoute-t-il.  

Les débuts des AMM dans le pays n’ont pourtant pas été faciles.  

En 2019, la société de sport et de divertissement Endeavor, propriétaire de l’Ultimate Fighting Championship, a remboursé un investissement de 400 millions de dollars au fonds souverain saoudien, prenant ses distances après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi par des agents du royaume.  

Mais pour les adeptes saoudiens, l’émergence de l’Arabie sur la scène mondiale des AMM est inévitable, et ils espèrent bien le démontrer dans la cage du Madison Square Garden.

« Ce combat va sceller mon destin […], c’est un lieu sacré pour nous », affirme Abdallah al-Qahtani : « Si Dieu le veut, je rendrai fier tout le monde et je gagnerai. Je n’ai pas peur, je suis plutôt enthousiaste ».