Parfois, la vie fait bien les choses, non? Il s'en est fallu de si peu pour que l'Impact de Montréal tombe en congé prématurément. Du coup, j'aurais écrit une chronique qu'un tour de force n'aurait pas pu empêcher de sombrer dans la négativité. Même en énumérant tout ce que le club a pu accomplir durant l'année, la conclusion aurait été la même: ce n'est pas assez bon.

Bien sûr, je me serais quand même efforcé d'incorporer un soupçon de pitié, étant donné les mines basses mises en vitrine après la performance navrante du onze montréalais à Toronto. Mais j'écoutais Matteo Ferrari au terme du match et, ma foi, j'opinais du bonnet. «À jouer de cette façon, on ne mérite pas de faire partie des séries...» Constat assez cru rompant avec le discours lisse des dernières semaines.

Or, c'était presque un soulagement d'entendre un membre de cette organisation étaler la vérité au grand jour sans embellir la situation. On a pourtant voulu y croire, moi le premier. Mais les belles paroles peuvent prendre la forme d'une trahison quand elles ne sont pas accompagnées d'actions. D'où la désagréable sensation de s'être fait enfirouaper.

Car depuis septembre, en pleine glissade vers le milieu du peloton, on n'a pas manqué une occasion de nous rappeler qu'il y avait encore des matchs en main, que l'Impact avait la meilleure fiche des clubs canadiens et qu'après tout, ce n'était que sa deuxième saison... D'accord, mais au bout du compte, est-ce assez bon?

Exemple parfait du positivisme dans les communications: cette propension à comparer les deux premières saisons. C'est connu, l'an dernier, Jesse Marsch avait été incapable de tirer profit d'un groupe dont on attendait plus. N'était-ce pas évident que les problèmes avaient été ciblés et corrigés cette année? En effet, jusqu'à ce que la pression accumulée à force de tant d'occasions manquées revienne mettre en doute le bien-fondé de cette affirmation. Et je ne parle pas seulement d'Andrew Wenger.

Question sur la stratégie

Elle était donc grande, la déception, samedi soir. Et il m'a semblé avoir passé une bonne partie de mon dimanche à ne pas pouvoir - ni vouloir - me réconcilier avec un club qui, en fin de compte, n'avait pas été capable de tenir ses promesses.

Plutôt que de regarder les résultats en MLS, je songeais à composer quelques paragraphes sur l'incapacité de l'Impact à se renouveler depuis que ses rivaux de ligue majeure connaissent ses forces et ses faiblesses.

Et à remettre en question la stratégie de la direction misant sur les joueurs d'expérience pour faire la différence entre une équipe ordinaire et un collectif de premier plan. Le concept étant louable sur papier, c'est à se demander si la conviction qu'on a opté pour la recette gagnante aveugle l'état-major sur la qualité réelle du jeu d'équipe montréalais. Rappelons que, récemment, l'Impact a été dominé par Toronto, Vancouver et la Nouvelle-Angleterre. Puis-je vous mettre au défi de me nommer les étoiles de ces formations-là?

Là où j'aurais sans doute été plus indulgent, c'est à l'endroit de ces jeunes qui ont eu la vie dure à Toronto. Parce qu'avec des joueurs comme Wandrille Lefèvre et Karl W. Ouimette, ce n'est même pas la peine d'en ajouter. Pour avoir été à maintes reprises dans leurs souliers, ils savent eux-mêmes, et à force de se le faire dire, que ce n'était pas assez bon. Inutile de le répéter.

D'ailleurs, ce match contre le TFC m'a fait revivre mes premiers voyages à Rochester - jadis ennemi juré. La première année, j'étais complètement dépassé et trop facilement déconcentré par l'ampleur de la situation.

La deuxième, le potentiel était là, mais pas la maturité. On aurait pu gagner, mais au verdict, rien n'avait changé. Bref, ce n'était pas assez bon. Ce n'est qu'à la troisième que le déclic s'était produit. Dans le temps, on apprenait lentement.

Mais vous savez quoi? Dimanche soir, Thierry Henry a marqué... Et les Red Bulls ont gagné.

Du coup, tout ça était oublié. Parce que l'Impact, finalement, est juste assez bon.