«Piton» avait raison. Celle-là ne sera pas facile. Que ce soit le calendrier chargé du onze montréalais, la course folle du début de saison dans les clubs de soccer amateurs de la province ou encore les déboires des gardiens du Tricolore, le stress semble trouver le moyen de nous atteindre tous en cette fin du mois d'avril, parfois même à plus d'un titre. Mais ce qui nous empêche de dormir ne fait pas de distinction entre l'essentiel et le futile, à plus forte raison quand on rêve de ballon rond.

À preuve, si je ne doute pas de la vigueur renouvelée qui anime désormais le Toronto FC - l'adversaire de l'Impact demain en Championnat canadien -, c'est surtout la demi-finale du Barça à Munich qui entame le sommeil de plus en plus troublé de mon âme de «Culé».

En effet, le duel entre des Blaugranas fragiles, à l'image d'un Lionel Messi toujours amoindri par une blessure, et des Allemands armés jusqu'aux dents est l'occasion idéale pour le Bayern de signaler la fin d'un cycle au sommet pour le club catalan. Au-delà de la bataille sur le terrain, il est impossible de nier la lutte psychologique qui existe entre les deux nations qui dominent la scène footballistique européenne, d'autant plus que le Real Madrid affronte le Borussia Dortmund dans l'autre demi-finale.

Après tout, comme le soulignait Gérard Piqué cette semaine, «elle est finie, l'ère du football où 22 joueurs courent après le ballon pour qu'à la fin, les Allemands gagnent. Et nous y avons mis fin, tant le Barça que la Sélection espagnole». D'accord ou pas avec l'historicité de la thèse de Piqué, on s'aperçoit que même si le verdict sera rendu sur le terrain, ce combat en est un où les mots prononcés avant le coup d'envoi ne sont peut-être pas si futiles que ça.

Pressing à la Barça du Bayern?

N'en déplaise aux Blaugranas, le favori des preneurs aux livres en cette Ligue des champions est le Bayern. Les Bavarois sont si dominants en Bundesliga qu'ils possèdent un différentiel de buts (+75) supérieur au nombre de buts marqués par la deuxième attaque du championnat allemand, le Borussia Dortmund (74 buts).

Par ailleurs, on ne se gêne pas non plus pour faire l'éloge d'une défense munichoise de plus en plus solide. J'ai beau entretenir certains doutes sur l'agilité des arrières du Bayern, le pressing haut mis en place par Jupp Heynckes explique en bonne partie le succès défensif du club allemand.

À la manière du Barça du temps de Pep Guardiola - futur entraîneur du Bayern la saison prochaine -, les Bavarois ont démontré une belle efficacité pour provoquer des erreurs dans la circulation du ballon de leurs adversaires. On se souviendra des buts marqués rapidement en contre-attaque contre Arsenal, ou encore du marquage serré en quart de finale contre Andrea Pirlo, qui avait conduit à un nombre anormalement élevé de fausses notes de la part du maestro de la Juve.

Que Messi joue ou pas, la domination en milieu de terrain sera assurément la clé pour le Bayern contre les Blaugranas, menés par Xavi, Busquets et Iniesta. Privés de Toni Kroos, les Munichois devront donc trouver un nouveau moyen de neutraliser le moteur catalan. Et tant que la bataille prendra des airs de jeu de possession au milieu, cela fera l'affaire des petits joueurs catalans, eux qui sont loin d'avoir le dessus dans les batailles aériennes près des buts.

La mission des hommes de Tito Vilanova est donc de produire un résultat qui entretient l'espoir de victoire lors du match retour à Barcelone. Fin de cycle ou pas, ils feraient bien de réviser les grands principes inculqués par Pep Guardiola - ou se rappeler ceux de Claude Ruel -, question de s'inspirer avant de fouler la pelouse de l'Allianz Arena. Sans quoi, j'anticipe quelques cauchemars de Bavarois qui ne font qu'une bouchée de ce Barça.