Alors, jouer en après-midi, c'est fini? Malgré la victoire convaincante de l'Impact par trois buts contre DC United, posez la question à Nesta ou Ferrari. Ils vous répondront qu'il n'est plus question de disputer une partie en plein soleil. Incommodés par la canicule, les défenseurs italiens n'ont pas hésité à implorer le président Saputo de ne plus faire subir un tel supplice aux joueurs. Eux qui craignaient le froid en arrivant à Montréal, souhaitons-leur plus de succès avec cette requête qu'en ont eu leurs prédécesseurs.

L'atmosphère n'était peut-être pas aussi survoltée qu'en soirée, mais tout compte fait, le Bleu-Blanc-Noir obtient les trois points. Fort de ses cinq victoires consécutives, le onze montréalais est en pleine ascension au classement et représente désormais un adversaire inquiétant pour quiconque aura à l'affronter d'ici à la fin octobre, voire la fin novembre!

Bon gardien, charnière centrale de luxe, milieu de terrain qui marque à profusion en plus d'un joueur désigné qui s'est réveillé; le plan imaginé il y a un an par la direction de l'équipe est en train de fonctionner. Y en a-t-il qui regrettent encore Martin Rennie?

La formule Marsch

Si Jesse Marsch a essuyé des critiques pour la gestion de son personnel et ses substitutions inusitées cette saison, il a certainement réussi à insuffler une attitude gagnante à ses joueurs. La formule opère de mieux en mieux, si bien que maintenant, Marsch est moins sous les feux de la rampe et ses hommes trouvent plus de place pour s'exprimer.

Finie la controverse au sujet de Patrice Bernier, injustement laissé de côté plus tôt cette année. «Il a décollé», a dit Marsch à propos de celui qui est devenu la véritable dynamo d'une équipe conquérante. Si cette épreuve mentale imposée à l'athlète était une erreur de jugement de la part du coach, il faut toutefois reconnaître que les doutes qu'entretenait Marsch au sujet de Bernier ont contribué à fouetter le joueur québécois, qui connaît sa meilleure saison à vie sur le plan statistique.

Cela dit, heureusement que Bernier a des traits de caractère qui l'amènent à se dépasser semaine après semaine. Le numéro huit de l'Impact a la faculté admirable de pouvoir monter son niveau de jeu d'un cran en plein match, même s'il ne le commence pas bien. Contrôle raté ou passe trop forcée, Bernier ne se laisse pas décontenancer. Loin d'être accablé par la chaleur ambiante, le meilleur marqueur du Bleu-Blanc-Noir en a profité récemment pour mettre feu aux défenses de San Jose et de DC United, lui qui a participé aux cinq derniers buts marqués par son club.

À l'instar de sa vedette locale, le progrès réalisé par le onze montréalais est colossal après un début de championnat laborieux à Vancouver, en mars dernier. Depuis ce temps, les Whitecaps de Martin Rennie - qu'on avait bel et bien tenté d'embaucher à Montréal - ont littéralement pris un coup de vieux!

Il faut dire que pendant que l'Impact s'est italianisé, les Whitecaps, eux, se sont britannisés avec les arrivées des vétérans Robson, Miller et O'Brien. Malheureusement pour eux, la mayonnaise ne semble pas prendre aussi vite qu'au stade Saputo. Tout comme Obélix, les partisans risquent de perdre l'appétit! Bien qu'il s'accroche encore à la 5e place dans la section Ouest, Vancouver est pratiquement en chute libre, subissant même un 3e revers consécutif samedi soir à Portland.

Pas de surprise à ce que le moral aille bien mieux du côté des Montréalais. On ignore toutefois si Jesse Marsch se laisse gagner par la nostalgie quand il observe son équipe des lignes de côté. Il faut dire que les fondations de l'Impact rappellent drôlement celles du Fire de Chicago de 1998, une équipe d'expansion dans laquelle il s'était révélé un titulaire indiscutable.

Pour vous donner le contexte, le Fire était essentiellement composé d'une bande de joueurs ambitieux bien que méconnus, menés par des vétérans européens ayant la motivation de dominer le circuit nord-américain. Au lieu d'une ossature italienne, Chicago avait à l'époque embauché trois joueurs polonais et un libéro tchèque - avouez que ça sied bien à la Ville des vents - autour desquels s'articulait une formation mise en place par Bob Bradley. Une équipe qui allait causer la surprise en remportant le titre de la MLS dès sa saison inaugurale.

Est-ce la chaleur qui me joue des tours? Chicago, Montréal... On est encore loin de Hollywood, mais il me semble bien qu'on a là tous les éléments pour un superbe remake.