Ça achève. Mais comme le dirait Gerry Boulet, l'Impact est toujours vivant. Avec un match à jouer, l'équipe amorce l'automne telle une chenille qui se prépare à faire son cocon. En attendant qu'elle ne se transforme en papillon, notre arpenteuse espère prolonger son existence avant d'entamer son hibernation et de rêver à l'effervescence de la MLS.

Séries éliminatoires ou non, la direction du club devra bientôt prendre des décisions sur l'avenir de chaque joueur faisant partie de la formation actuelle de l'Impact. Si certains sont déjà liés par contrat à des formations MLS - Ryan Pore et Miguel Montaño sont prêtés à l'Impact jusqu'à la fin de la saison -, la plupart des joueurs se retrouveront au chômage faute d'une nouvelle entente.

Une perspective inquiétante pour ceux qui conservent un goût amer de cette année difficile. Nombreux sont les joueurs qui se savent capables d'offrir un meilleur rendement que celui qu'ils ont démontré en 2011.

À voir le langage corporel des substituts - sans parler de ceux qui ne sont pas en uniforme -, on devine ce qui passe par la tête de vétérans ayant été délogés de leur poste par des recrues estivales à qui tout sourit par les temps qui courent. Il n'est jamais facile de célébrer avec un coéquipier qui est aussi un rival...

Une transition imposée

Avant de les accuser d'être égoïstes et de nuire à l'esprit d'équipe, il faut comprendre qu'on se trouve dans des circonstances exceptionnelles en cette fin de chapitre dans l'histoire du foot montréalais. À ce titre, il est normal qu'on se préoccupe de son avenir.

Alors que l'Impact s'apprête à rejoindre le circuit majeur, il n'est pas évident de rester zen quand on a sacrifié des années pour porter fièrement les couleurs d'un club - par passion bien plus que par appât du gain - et qu'on sent qu'on ne sera pas invité à la fête. Qui plus est, l'investissement requis pour faire partie de l'équipe étant énorme, on néglige souvent de se préparer pour passer à autre chose.

On souhaite du succès aux joueurs pour que l'aventure perdure quelques semaines de plus en deuxième division nord-américaine, mais il est bien tard pour tenter d'impressionner les entraîneurs et la direction du club. L'audition est pratiquement terminée. Le jugement, s'il n'a pas encore été rendu, ne saurait tarder. Alea jacta est. À mon humble avis, la performance dans le dernier match et en séries aura peu d'influence sur la décision finale.

Des cas difficiles

La situation est particulièrement délicate pour les joueurs qui ont joué presque toute leur carrière avec l'Impact. Pour Nevio Pizzolitto ou Antonio Ribeiro, qui ont été des ambassadeurs hors pair pour le club en plus d'être des exemples de courage sur le terrain, les liens avec le club dépassent le cadre professionnel. On parle d'athlètes qui ont contribué à instaurer le club dans le patrimoine sportif montréalais. À ce jour, on ignore toujours s'ils feront encore partie des meubles l'an prochain au stade Saputo.

Ces moments incertains sont difficiles à vivre pour les joueurs, mais la situation n'est guère plus enviable pour le directeur technique Nick De Santis, qui fait lui-même partie de l'organisation depuis sa création. Dans le rôle du juge en chef, il n'est pas évident pour lui non plus de faire la part des choses entre les sentiments et le sens des affaires. L'Impact a toute une marche à monter pour faire partie des meilleurs en MLS, mais il sait que le club aura toujours besoin de joueurs locaux pour créer un sentiment d'appartenance et démontrer l'intensité sur le terrain qu'il recherche dans son équipe.

En attendant le dénouement de cette année rocambolesque, tout le monde a la tête à Atlanta. Autant en profiter pendant que ça dure...