La Presse dresse le portrait de chacun des huit groupes de la Coupe du monde. Aujourd'hui, place au groupe H dans lequel les quatre pays - Pologne, Sénégal, Colombie et dans une moindre mesure le Japon - peuvent nourrir des espoirs de qualification pour les huitièmes de finale.

Pologne

LA DÉFENSE VA-T-ELLE TENIR?

Après un Euro 2016 annonciateur d'un avenir intéressant, la Pologne ne cache pas son ambition à la Coupe du monde. Son objectif minimum est un quart de finale, ce qui signifie, probablement, battre la Belgique ou l'Angleterre au tour suivant. Ambitieux? Non, tout simplement normal quand on peut compter sur l'un des tout meilleurs attaquants du monde. Robert Lewandowski, qui martyrise les défenses de Bundesliga depuis 2010, est celui qui a le plus fait trembler les filets durant les qualifications avec 16 buts. Il est un très gros morceau du casse-tête, mais le reste n'est pas mal non plus dans une équipe qui a bien réussi l'amalgame entre les joueurs expérimentés et les plus jeunes. Plusieurs d'entre eux ont cependant connu des saisons difficiles dans leur club à cause de blessures (Arkadiusz Milik) ou d'un temps de jeu limité (Grzegorz Krychowiak). La défense polonaise peut être un motif d'inquiétude après avoir accordé 14 buts lors des qualifications.

Trois joueurs à suivre

Lukasz Piszczek

Position: arrière latéral / Âge: 32 ans

Nombre de sélections: 61 (en date du 5 juin)

Participations à la Coupe du monde: 0

On ne prendra pas la défense polonaise pour la meilleure du monde, mais elle présente quelques garanties. L'une d'elles est Piszczek, un ancien ailier, qui a encore connu une bonne saison à Dortmund. Son absence en cours d'année s'est fait grandement ressentir.

Piotr Zielinski

Position: milieu de terrain / Âge: 24 ans

Nombre de sélections: 31 (en date du 5 juin)

Participations à la Coupe du monde: 0

C'est en Italie que Zielinski a conclu sa formation avant de gravir les échelons et de rejoindre Naples en 2016. Il a d'ailleurs prolongé son contrat à Naples malgré de l'intérêt provenant d'Angleterre. Ancien numéro 10, il joue en tant que relayeur.

Robert Lewandowski

Position: attaquant / Âge: 29 ans

Nombre de sélections: 93 (en date du 5 juin)

Participations à la Coupe du monde: 1

Doit-on encore le présenter? Lors des trois dernières saisons avec le Bayern Munich, il a inscrit 89 buts de championnats et 22 en Ligue des champions. Il détient les clés du succès polonais durant ce Mondial.

Le sélectionneur: Adam Nawalka

Âgé de 60 ans, Nawalka dirige l'équipe depuis 2013. Cela veut dire qu'il participera à son deuxième tournoi après avoir mené la Pologne jusqu'en quarts de finale du dernier Euro. Il a déjà annoncé avoir le même objectif pour cette Coupe. Nawalka, ancien milieu de terrain, a défendu les couleurs polonaises à 34 reprises.

En chiffres

4 - La Pologne n'a subi qu'une défaite lors des qualifications, mais quelle défaite! En septembre dernier, elle a flanché 4 à 0 sur le terrain du Danemark.

39 - Lewandowski était déjà avec la sélection polonaise lors du Mondial 2006. Remplaçant, il avait disputé 39 minutes en 2 apparitions. Il n'avait pas marqué.

50 - Dans la famille des éclopés, on demande l'attaquant. Depuis son arrivée à Naples en 2016, Arkadiusz Milik a raté en tout 50 matchs en raison de blessures à un genou.

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Photo Kacper Pempel, Reuters

Lukasz Piszczek

Sénégal

AU BON SOUVENIR DE 2002?

Avec le Sénégal, c'est davantage une question de qualité que de quantité. Les Lions de la Teranga n'ont qu'une phase finale à leur actif, mais le parcours de 2002, avec une victoire contre la France en ouverture, puis une qualification en quarts, a laissé un souvenir impérissable. Aliou Cissé, présent en 2002 sur le terrain, est à la tête de cette équipe et a bien l'intention de lui faire écrire une autre page d'histoire. Le talent ne manque certainement pas entre un Sadio Mané qui sort d'une longue et belle année à Liverpool et un Kalidou Koulibaly dont les prouesses dans la défense napolitaine suscitent l'intérêt de plusieurs clubs. Cissé ne manque donc pas d'atouts au sein d'un effectif comptant des joueurs qui évoluent majoritairement en France ou en Angleterre. Il sera intéressant de voir la progression des jeunes Ismaila Sarr, Mbaye Niang ou Diao Keita Baldé. Après plusieurs essais tactiques, dont un 3-5-2 largement critiqué au Sénégal, Cissé devrait revenir à un 4-5-1 plus classique. Alors, une autre belle surprise pour le Sénégal qui semble promis à un bel avenir?

Trois joueurs à suivre

Kalidou Koulibaly

L'Observatoire du football CIES a désigné le Franco-Sénégalais comme meilleur défenseur central d'Europe au cours du premier trimestre 2018. Excellent dans les duels, le défenseur de 6 pi 4 po pourrait quitter Naples au cours de l'été.

Idrissa Gueye

Le joueur d'Everton est le milieu de terrain sénégalais le plus expérimenté avec une soixantaine de sélections. Il a réussi 117 tacles cette année en Premier League (deuxième rang), ce qui lui a valu de nombreuses comparaisons avec Ngolo Kanté.

Sadio Mané

La progression de Mané a été linéaire depuis son arrivée en Europe: Metz, le RB Salzbourg, Southampton, puis Liverpool où il a été partie intégrante dans les succès des Reds. Il a maintenant 4 saisons avec 10 buts ou plus en Premier League.

Le sélectionneur: Aliou Cissé

La symbolique est forte: Aliou Cissé était le capitaine sénégalais lors de la Coupe du monde 2002 marquée par une présence en quarts de finale. «Cette équipe du Sénégal doit écrire sa propre histoire», a espéré Cissé lors d'une entrevue avec Jeune Afrique. Il n'a pas raté ses premiers pas puisque la CAN 2017 a été prometteuse.

En chiffres

0 - Lors de sa première et seule expérience au Mondial, le Sénégal n'a pas subi la moindre défaite en temps réglementaire. Il a perdu contre la Turquie au terme des prolongations.

2 - Le Sénégal a inscrit deux buts dans cinq des six matchs du dernier tour des qualifications.

302 000 - Cissé est le sélectionneur le moins payé parmi les 32 participants à la Coupe du monde. Il touche 200 000 euros par année, soit 302 000 $.

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Photo François Mori, archives AP

Sadio Mané

Colombie

JAMES RODRÍGUEZ, MAIS PAS SEULEMENT...

Du beau jeu, des buts et des sourires. Par ses performances individuelles, son parcours et sa joie de vivre, la Colombie a séduit bien des gens au Brésil. Quatre ans plus tard, les Cafeteros, qui ont évité les poids lourds lors du tirage au sort, espèrent un scénario semblable et, pourquoi pas, se rendre encore plus loin dans la compétition. Au coeur de ce projet, on trouve James Rodriguez, véritable héros national, qui a encore connu d'excellentes qualifications et dont les coups d'éclat portent trop souvent la Colombie. Devant lui, Radamel Falcao découvrira enfin la Coupe du monde après avoir connu deux bonnes saisons à Monaco. Étonnamment, la Colombie a connu quelques soucis offensifs en qualifications avec 21 buts inscrits en 18 matchs. Durant cette période, où 45 joueurs ont été utilisés par Jose Pekerman, elle a aussi peiné à élever son niveau contre les leaders continentaux. Il y a du sang neuf plus que bienvenu dans cette équipe avec, notamment, une jeune charnière centrale composée des prometteurs Davinson Sanchez et Yerry Mina.

Trois joueurs à suivre

Yerry Mina

Il a peu joué avec le FC Barcelone depuis son recrutement au mois de janvier. Néanmoins, il ne manque pas de qualités grâce à sa taille et à sa vitesse. Que ce soit en sélection, mais surtout lors de son passage avec Palmeiras, au Brésil, il a d'ailleurs marqué de nombreux buts sur les coups de pied arrêtés.

James Rodriguez

Il a illuminé le dernier Mondial par ses gestes techniques et ses buts spectaculaires. Après un creux au Real Madrid, il a quelque peu repris confiance sous le maillot du Bayern Munich au cours des derniers mois. Il a été le meilleur buteur colombien des qualifications (six buts).

Radamel Falcao

Le tigre rugit de nouveau. Après une blessure qui l'a privé du Mondial 2014, puis un passage raté par la Premier League, Falcao a retrouvé la forme à Monaco où il vient de connaître deux saisons de 21 et 18 buts en championnat. Il est le meilleur buteur colombien de l'histoire.

Le sélectionneur: José Pekerman

Pekerman disputera sa troisième Coupe du monde après celles de 2006 avec l'Argentine et de 2014 avec la Colombie. Depuis le quart de finale au Brésil, les résultats ont été variés, avec une troisième place lors de la Copa America centenario, mais avec une qualification pour ce Mondial incertain jusqu'au dernier match. Le Professeur est reconnu pour sa méthode paternaliste et pour créer des liens forts.

En chiffres

5 - Auteur d'un geste à connotation raciste lors d'un match amical contre la Corée du Sud, Edwin Cardona a été suspendu cinq matchs par la FIFA en décembre. Pekerman ne l'a pas retenu malgré son importance en qualifications.

88,9% - En qualifications, 88,9% des joueurs utilisés par Pekerman évoluaient dans des championnats étrangers. Il s'agit du pourcentage le plus élevé parmi les pays sud-américains.

1998 - Cela faisait 20 ans que la Colombie n'avait pas participé à deux phases finales consécutives.

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Photo Marco Bertorello, AFP

James Rodriguez

Japon

UN CHANGEMENT TROP TARDIF?

C'est une préparation express pour le nouveau sélectionneur japonais Akiro Nishino. Nommé à la dernière minute à la place de Vahid Halilhodzic, qui a bousculé quelques codes au Japon, Nishino a eu trois matchs seulement pour préparer son équipe et aucun avant le 30 mai. Ce n'est pas un scénario rêvé, d'autant plus que le Japon semble l'équipe la moins bien armée, dans ce groupe, pour atteindre les huitièmes de finale. Au-delà du simple classement FIFA, il y a une impression de fin de cycle qui se dégage de cette équipe nippone. On ne connaît pas encore précisément le onze partant, mais 7 ou 8 des 11 joueurs pourraient être âgés de 30 ans ou plus. C'est le cas de deux des trois piliers, Keisuke Honda et Shinji Okazaki, qui combinent plus de 200 sélections. On ne sera pas étonné d'apprendre que le Japon mise sur sa discipline et sur son jeu collectif pour compenser certaines lacunes physiques. Par le passé, on a quand même vu que cela avait des limites lors des phases finales.

Trois joueurs à suivre

Keisuke Honda

L'ancien joueur de l'AC Milan a rejoint Pachuca dans le cadre d'un transfert libre en 2017. Il lui a fallu du temps pour s'adapter au championnat mexicain, mais Honda a connu une saison de clôture de grande qualité avec sept buts. Il quittera néanmoins le Mexique après une année.

Shinji Kagawa

Ses statistiques ne sont pas aussi élevées qu'il y a quelques saisons, mais Kagawa a encore joué un rôle décisif dans la saison du Borussia Dortmund. Il a aussi été ennuyé par une blessure à une cheville au cours du printemps.

Shinji Okazaki

Après des débuts européens en Allemagne, il a rejoint Leicester et a notamment fait partie de l'équipe championne de 2015-2016. Il est le joueur actif ayant le plus de sélections avec le Japon malgré le manque de confiance de son ex-sélectionneur Vahid Halilhodzic.

Le sélectionneur: Akiro Nishino

Comme en 2010 avec la Côte d'Ivoire, Halilhodzic a été congédié quelques mois avant la Coupe du monde. Pour le remplacer, après des mauvaises prestations et une incompréhension avec ses stars, la Fédération japonaise s'est tournée vers un entraîneur maison en Nishino. Il a engrangé des titres autant dans le championnat national qu'en Ligue des champions de l'AFC.

En chiffres

6 - En Russie, le Japon va disputer sa sixième phase finale consécutive. Jusqu'ici, il a atteint les huitièmes de finale à deux reprises.

10 - Lors des qualifications de la zone asiatique, le Japon est le pays qui a affiché la meilleure différence de buts avec +10.

178,1 - En qualifications, les joueurs japonais mesuraient 1,78 m en moyenne. C'est 5 cm de moins que ceux du Sénégal et de la Pologne.

Photo Philippe Huguen, archives AFP

Hiroki Sakai