Le traitement de la maladie du hamburger peut habituellement durer jusqu'à une dizaine de jours. Pas pour le Belge Eden Hazard, qui en présente toujours quelques symptômes, près de trois ans après les faits. Remplacé lors d'un match contre la Turquie, en juin 2011, le milieu de terrain avait été surpris, devant le stade, en train de manger un hamburger avant même le coup de sifflet final. L'image, qui avait choqué une grande partie de la Belgique, l'a encore récemment obligé à s'expliquer.

«Le match est en train de se jouer, et j'envoie un message à papa, je lui dis de venir dehors, et qu'on s'en va. Sur le coup, j'avais trop faim, après un match, c'est normal... même si c'est vrai que c'est con, ce que j'ai fait, a-t-il déclaré il y a deux semaines à la télévision. Mais ça m'a servi de leçon, maintenant je suis là pour faire une bonne Coupe du monde.»

À l'époque, Hazard était l'illustration parfaite de l'expression «nul n'est prophète en son pays». Élu meilleur espoir de la Ligue 1 française pendant deux saisons, il enchaînait les matchs de grande qualité avec son club de Lille lors de l'«affaire du hamburger».

Avec la sélection belge, cependant, Hazard était en quête de son match référence qui pourrait définitivement convaincre et conquérir les coeurs des partisans des Diables rouges. Car contrairement à Kevin De Bruyne ou à Romelu Lukaku, Hazard n'a pas disputé le moindre match dans le championnat belge. Avec Lille, il ne disposait pas, non plus, de l'attention médiatique nécessaire afin de créer un engouement national, en Belgique. «On est ici enfermés dans un système où il n'y a que le championnat belge qui compte pour beaucoup de gens», a déclaré, en 2010, Marc Wilmots, promu depuis au poste de sélectionneur.

Natif de La Louvière, Hazard a rejoint le centre de formation lillois dès l'âge de 14 ans et n'a donc pas pu se développer sous les yeux de ses compatriotes. Puis, les controverses ont longtemps ralenti son ascension, en rouge.

«Le problème avec Hazard réside en partie dans le fait qu'en Belgique, on n'ose pas affirmer haut et clair qu'il faut construire la sélection autour de lui, croit le journaliste de Be TV Bruno Taverne. Lors de la dernière rencontre amicale des Diables, on l'a tout simplement laissé sur le banc une grande partie des 90 minutes. Il était soi-disant un peu fatigué alors que, partout ailleurs, les internationaux traversent des continents avec l'espoir d'être titularisés.»

Hazard, aujourd'hui âgé de 23 ans, a franchi un nouveau palier en juin 2012 en quittant Lille - dans la peau du meilleur joueur de la Ligue 1 - et en enfilant le maillot bleu de Chelsea. La marche aurait pu s'avérer trop haute, mais le milieu gauche n'a pas mis de temps à s'adapter au rythme de jeu anglais. Avec 9 buts et 11 passes décisives, il a été choisi dans l'équipe type de la Premier League, en plus d'avoir participé au parcours victorieux en Ligue Europa.

Cette saison, sous Jose Mourinho, Hazard a encore amélioré son rendement - joueur de Chelsea de l'année - même si l'année s'est terminée par un désaccord très médiatisé. «Chelsea n'est pas fait pour jouer au foot. On est bons en contre, un peu comme le Real devant le Bayern», a-t-il lancé à propos de l'approche prudente de son équipe contre l'Atletico Madrid, en Ligue des champions. Réponse cinglante de Mourinho: «Cela ne m'étonne pas de la part d'Eden qui n'est pas un joueur qui se sacrifie à 100% pour les siens, une chose que je n'apprécie pas. Eden n'est pas du genre à regarder si le latéral gauche a besoin de lui et à laisser sa vie pour lui.»

L'entraîneur portugais a ensuite tempéré ces propos en ajoutant qu'il attendait encore davantage de son génial joueur, l'année prochaine. «C'est Hazard le vrai Special One à Chelsea, tranche Taverne. Sans lui, je ne suis pas certain que Mourinho aurait terminé la saison. Mais le fait qu'il ne privilégie pas le beau jeu et l'offensive représente un problème pour le tempérament d'Eden. Tout son jeu est basé sur le spectacle.»

Hazard serait désormais au centre des convoitises du Paris Saint-Germain qui pourrait faire une offre mirobolante pour le faire revenir en France.

L'équipe à la mode

La Belgique sera l'une des équipes à garder à l'oeil à l'occasion des prochaines échéances internationales, à commencer par le Mondial 2014. Les signaux sont au vert après une campagne qualificative sans accroc et un tirage au sort plutôt clément. Placés dans groupe H, les Diables rouges croiseront l'Algérie, la Russie et la République de Corée. En cas de qualification, le huitième de finale promet cependant d'être délicat devant l'une des grandes écuries du groupe G (Allemagne, États-Unis, Portugal, Ghana).

«La Belgique a beaucoup de bons joueurs mais ne forme pas encore un bloc très solide pour les grandes manoeuvres, explique Taverne. Beaucoup de joueurs ont raté leur saison, à l'image de Marouane Fellaini, Nacer Chadli, Moussa Dembele, ou Thomas Vermaelen. Le niveau de Thibault Courtois et de Hazard sera essentiel.»

Et, cette fois, il ne devrait pas y avoir de churrasco pendant les matchs pour le numéro 10...