L'attaquant du FC Barcelone Thierry Henry retrouve mercredi en quarts de finale de la Ligue des Champions Arsenal, «son» club où il a été vénéré comme un dieu vivant, un statut jamais atteint en Catalogne.

La chanson que les Gunners lui ont dédiée résume son histoire londonienne: «Thierry Henry nous est venu de Turin, pas certain de jouer» («Thierry Henry came to us from Turin, not too sure about playing») avant d'en repartir «le meilleur attaquant qu'il nous ait été donné de voir» («the best striker we've ever seen»).

Arsenal a fait d'Henry un grand joueur après un passage raté à la Juve. Et Henry a remboursé en devenant le symbole d'un Arsenal spectaculaire, élégant et conquérant, la marque de fabrique de l'entraîneur Arsène Wenger.

Entre 1999 et 2007, Henry a marqué 226 buts en 369 matches, il a été désigné quatre fois meilleur buteur, il a remporté trois Coupes d'Angleterre et deux championnats, dont celui des «Invincibles» en 2004.

Même s'il a surtout fait chanter le vieux stade d'Highbury, n'ayant passé qu'une saison décevante à l'Emirates, Henry s'attend à une soirée «très spéciale», «pleine d'émotion». «C'est très étrange de rentrer chez soi», a-t-il expliqué aux médias du Barça. «J'ai joué huit saisons à Arsenal. C'est comme si Xavi quittait le Barça pour y revenir.»

La blessure de 2006



Le Français n'a pas été oublié parce qu'il n'a jamais été remplacé. Nicklas Bendtner et Emmanuel Adebayor n'ont pas sa classe; Robin Van Persie est un sempiternel blessé. Et Arsenal n'a plus rien gagné depuis son départ...

De son histoire d'amour avec Arsenal, il reste aussi une immense blessure, la défaite contre le Barça en finale de la Ligue des Champions 2006. Elle a commencé de le convaincre qu'il ne remporterait pas le trophée majeur du football européen à Londres.

La saison suivante, il a publiquement exprimé ses doutes sur la politique de développement de jeunes joueurs menée par un Wenger, bridé financièrement par la construction de l'Emirates, et qui appelait chacun à une «patience» que Henry, la trentaine approchant, ne pouvait plus se permettre.

Souvent blessé, il a vu ses relations se détériorer avec les jeunes pousses du vestiaire, qui supportaient mal son paternalisme et ses reproches. Les stars montantes, Cesc Fabregas et Van Persie, avaient besoin d'air. Tout était réuni pour un départ.

Étoile pâlissante

Le sacre de Barcelone à Rome l'an passé lui a donné raison pour ce qui est du palmarès. Henry a atteint son Graal sportif après deux saisons et fini par convaincre les supporteurs catalans d'abord dubitatifs. Mais il n'a jamais trouvé le même amour à Barcelone, où il n'est qu'une étoile parmi les autres, pas la plus brillante et de plus en plus pâlissante.

Mercredi, le Français, désormais âgé de 32 ans, n'est pas certain de jouer. Cette saison, il doit de plus en plus se contenter d'un rôle de remplaçant de luxe. Souvent blessé, irrégulier, il n'a commencé que 14 rencontres de Liga et n'a inscrit que trois buts toutes compétitions confondues, même s'il reste capable de débloquer des matches, comme contre Valence le 14 mars.

Wenger, qui a fait débuter le jeune Parisien quand il entraînait Monaco, le connaît trop pour ne pas s'en méfier. Mais si la qualification devait être décidée par Henry, le bonheur de l'attaquant ne sera pas complet.

«Avant le tirage j'avais dit que je ne voulais pas affronter Arsenal. C'était mon souhait», regrette Henry qui il y a quelques mois affirmait: «Je serai toujours un Gunner.»