Le départ est bon. L'Impact a ouvert sa saison de brillante façon en l'emportant la semaine dernière à Seattle. Une victoire et ses trois points qui soulagent le onze montréalais d'une pression qui se serait accentuée à Portland si le compteur était resté à zéro.

C'est bien connu, les voyages dans l'Ouest peuvent être dévastateurs pour le moral des équipes montréalaises, le soccer n'y fait pas exception. On a donc évité ce scénario cauchemardesque grâce à la bonne tenue des hommes de Marco Schällibaum face aux Sounders.

Du coup, le périple dans le Nord-Ouest américain permet de souder l'esprit d'équipe dans la bonne humeur. Mais après l'épreuve de Seattle, l'Impact n'est pas encore sorti de l'auberge en Oregon puisque les Timbers évoluent devant un public capable d'allumer son équipe comme nul autre en MLS.

Déjà à l'époque où les deux formations militaient en USL, l'intimidation faisait partie intégrante du jeu lorsque nous affrontions cette équipe de bûcherons de l'Ouest. Et je ne parle pas seulement de la mascotte qui faisait rugir sa scie mécanique après chaque but des Timbers. Ne manquait qu'un masque de gardien de hockey et l'on aurait cru Jason dans un mauvais film d'horreur...

Bref, que ce soit le terrain étroit, la pelouse en plastique ou l'acoustique saisissante de ce stade creusé dans une pente, le Jeld-Wen Field constitue une énigme pour bien des clubs qui ont passé un mauvais quart d'heure dans cet endroit inhospitalier. Parlez-en aux Red Bulls de Thierry Henry qui ont concédé un match nul aux Timbers la semaine dernière alors qu'ils avaient pris une avance de deux buts.

Diego Valeri contre Nesta et Ferrari

«Et l'Impact, t'en as pensé quoi?», m'ont demandé d'éminents collègues. «Match d'anthologie ou simple coup de chance?» Peut-être que les commémorations du 20e anniversaire de l'Impact affectent mon jugement, mais la performance rigoureuse du Bleu-blanc-noir à Seattle m'a rappelé de nombreuses victoires acquises par une marge infime. L'Impact de Schällibaum a joué comme dans le bon vieux temps. Dans le temps que le club gagnait régulièrement sans jouer de façon spectaculaire. Dans le temps aussi où le public n'était que le quart de celui qui remplit maintenant le stade Saputo. Une victoire style rétro qui peut avoir des allures de renouveau pour ceux qui n'ont pas connu ces années fondatrices. La victoire d'un club de plus en plus fidèle à ses racines.

Assez de nostalgie, prenons le temps de mieux parler de l'adversaire. Le danger principal que présente cette équipe de Portland proviendra sans doute du joueur désigné Diego Valeri. Originaire d'Argentine, Valeri fait partie de cette nouvelle vague albiceleste qui déferle sur la MLS. Inspirés par les succès de Javier Morales au Real Salt Lake ou encore de Mauro Rosales à Seattle, nombreux sont les clubs du circuit Garber à avoir courtisé un «enganche» - milieu de terrain créatif - au pays du tango. On n'a qu'à penser à Federico Higuain à Columbus ou encore Claudio Bieler à Kansas City qui font déjà leur marque en ligue majeure.

Auteur d'un but et d'une passe décisive contre New York, Valeri sera opposé à la charnière montréalaise composée d'Alessandro Nesta et de Matteo Ferrari. Un défi à la mesure du distingué duo de défenseurs. Mais en monopolisant l'attention montréalaise, Valeri risque de libérer ses partenaires. Gare à Darlington Nagbe, un joueur susceptible d'y aller d'un coup d'éclat surtout, lorsque galvanisé par la Timber Army.

Malgré l'optimisme suscité par le succès obtenu à Seattle, l'Impact a tout intérêt à rester fidèle à ses couleurs comme le chantent si bien les Ultras montréalais. Avant de quitter Montréal pour ces deux premiers matchs, Marco Schällibaum avait indiqué qu'une récolte de quatre points sur une possibilité de six serait satisfaisante. Un objectif en voie de réussite avant le retour au bercail et la première rencontre avec le public montréalais. Un public qui aime le spectacle, mais qui aime encore plus la victoire.