Un duel entre l'Espagne et l'Italie, il y a seulement deux ans, aurait été une opposition de style et un plébiscite pour des Ibériques. En ce premier week-end de juillet, le portrait est bien moins clair. Séduisants, les Italiens ont réussi à atteindre une nouvelle finale de l'Euro 12 ans après celle de Rotterdam, tout en recrutant de nouveaux adeptes.

Le sélectionneur Cesare Prandelli est la pierre angulaire de ce changement. À l'image des sacres de 1982 et 2006, les Italiens étaient reconnus pour faire le dos rond et l'emporter sans panache, grâce à leur science tactique et leur opportunisme. L'ancien entraîneur de la Fiorentina a brisé cet état d'esprit - comme d'autres l'avaient tout de même fait avant lui - et remodelé un groupe sur les cendres d'une équipe en perdition lors du dernier Mondial. Pour Prandelli, seul le soccer offensif est source de plaisir et synonyme d'efficacité. «Nous devons avoir la force de jouer avec les idées et avec la qualité. Nous devrons être entreprenants, c'est ce qui plaît aux gens», a-t-il encore martelé, hier.

Contre vents et marées, il a défendu ses préceptes même lors des scandales ou des matchs amicaux ratés. Trois semaines après le début d'un Euro qui avait commencé dans l'ombre, son groupe l'a récompensé en montant en puissance. Gianluigi Buffon est toujours aussi solide devant une défense longtemps sous-estimée qui est pourtant la meilleure d'Europe depuis le début des qualifications. Prandelxli s'appuie aussi sur un milieu de terrain hyper technique qui, à l'image d'Andrea Pirlo ou Riccardo Montolivo, peut à tout moment mettre sur orbite la géniale mais capricieuse paire d'attaquants Balotelli-Cassano.

Dans ce tournoi, l'Italie a donc prouvé qu'elle pouvait faire le jeu - 36 tirs contre l'Angleterre - autant que subir. C'est d'ailleurs ce scénario qui va se dérouler cet après-midi dès 14 h 45, contre l'Espagne.

Des pistes pour l'Italie

Vainqueur en 2008 et 2010, la Furia Roja est un finaliste bien naturel, mais qui n'inspire plus la même crainte, voire la même admiration populaire. Son tiki-taka a même été l'objet de bruyants sifflets du public ukrainien durant cet Euro...

L'Espagne a bien étrillé l'Irlande (4-0) et poussé la France à une extrême prudence (2-0), mais rarement avait-elle été aussi bousculée que depuis le début de l'Euro. Le Portugal, qui a bien harcelé les milieux espagnols en demi-finale, aurait même pu faire la différence sur des coups francs ou des contre-attaques de Cristiano Ronaldo.

Lors de la phase de groupes, les Italiens, alignés en 3-5-2, ont aussi parfaitement contenu une formation espagnole qui avait fait le pari de jouer sans véritable attaquant. Les hommes de Vicente Del Bosque s'étaient alors montrés moins convaincants que d'habitude avec un jeu horizontal prévisible et longtemps stérile. Après avoir essayé plusieurs autres hommes de pointe, Del Bosque est sans cesse revenu avec l'idée d'un Cesc Fabregas en faux numéro 9. Malgré une possession toujours aussi astronomique, elle a ainsi peiné à se créer des occasions et à mettre en place un plan B efficace lorsque la situation l'exigeait.

Toujours est-il que l'Espagne a écarté les obstacles les uns après les autres et qu'elle aspire maintenant à une place tout au sommet de l'histoire du ballon rond. Une place contestée par Prandelli, le peuple italien et les nouveaux admirateurs de la Nazionale.