Trois intervenants, trois réponses similaires. Il semble que le mot s’est passé chez le CF Montréal : il lui faut corriger et améliorer la « concentration », le « désir » de vaincre et l’« attitude » à adopter, notamment sur les jeux arrêtés.

Laurent Courtois, Joel Waterman et Fernando Álvarez ont tous les trois, à leur façon, relevé ces facettes des récentes performances du Bleu-blanc-noir qu’ils estiment à retravailler, mardi matin. Le CFM, qui est sur une séquence d’une seule victoire en huit matchs, a aussi la pire défense de l’Association de l’Est avec 23 buts accordés.

Courtois aimerait notamment voir ses hommes démontrer plus de « compétitivité », de « vice ».

« Je ne sais pas comment l’appeler », dit-il, le terme grinta ne lui venant pas à l’esprit à ce moment précis.

L’entraîneur-chef donne l’exemple de « la gestion des moments clés de fin de mi-temps ».

« Quand on sait qu’ils vont jouer un coup franc rapide, et ils font semblant d’être en désaccord avec l’arbitre, alors qu’en fait, ils attendent juste de faire une transition ou déconcentrer sur les corners. C’est plus un aspect mental pour moi qu’un vrai aspect tactique. »

Ce qui revient à son propos de samedi soir, après la défaite de 3-2 contre l’Inter Miami de Lionel Messi et Luis Suárez. « Si on ne fait pas un virage mental, disait-il, on va continuer à être une équipe qui produit par à-coups de l’excellent jeu, mais qui va concéder par manque de concentration, par [manque] d’instinct du tueur. Aujourd’hui, ça a fait mal. »

Montréal avait pris les devants 2-0 dans ce match, avant d’encaisser trois buts, dont deux sur séquence de jeu arrêté. Et c’est cela, précisément, qui tiraille Joel Waterman.

« Ce n’est pas assez bon pour notre groupe, souligne le défenseur, les yeux encore petits en ce mardi matin. On a travaillé pour être meilleurs sur ces jeux dans les dernières semaines. Et on a échoué à ce chapitre encore une fois. »

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Lionel Messi et Joel Waterman

« Ce match, c’étaient les jeux arrêtés, a noté Álvarez. Le prochain, ça pourrait être autre chose. Oui, on a fait une belle première mi-temps, mais on doit conserver le résultat. L’énergie de l’équipe était bonne, mais on doit être plus concentrés. »

C’est Waterman qui amène l’idée d’un « désir » faisant défaut à Montréal.

« On se positionne bien, on a des gars dans la zone, on couvre nos hommes. Il ne nous faut que le désir de ne pas laisser les autres marquer. On sait que ça ne revient qu’à notre concentration et notre désir. C’est la guerre dans les deux boîtes. Il faut qu’on adopte cette attitude chaque fois qu’ils ont ou que nous avons un jeu arrêté. Il faut qu’on marque nous aussi. »

Le Canadien mentionne quand même être « super fier » de ses coéquipiers, qui ont su tirer du « positif » de cet affrontement contre une formation qui est « favorite » pour remporter les grands honneurs à la fin de la saison. « Maintenant, il faut aussi aller chercher des résultats », ajoute Waterman.

« Ça a fait mal »

À peine trois jours plus tard, les sensations de ce match contre Messi étaient encore dans l’air chez le CFM.

Laurent Courtois s’était désolé, après la rencontre, d’avoir entendu des partisans montréalais au stade Saputo scander le nom de la supervedette argentine alors que son équipe avait besoin du soutien de la foule en fin de match pour revenir au score. Avec un peu de recul, est-il encore du même avis ?

« Ouais, tout à fait, répond-il. Je comprends l’engouement. Je suis moi-même un très grand fan du joueur exceptionnel qu’on a la chance de croiser. Mais il faut savoir qui on représente et qui on soutient. C’est vrai que ça a fait mal. Mais bon, c’est du passé, je passe à autre chose. »

« Je me répète, ajoute-t-il ensuite, mais pour les partisans qui viennent nous soutenir, je sais que ça leur a fait quelque chose. Je suis conscient que c’était un moment particulier pour le foot à Montréal et en Amérique du Nord, pour chaque équipe qu’il visite. Mais ce n’est pas quelque chose que je peux valider. »

« Will, il s’en fiche »

Courtois et le Bleu-blanc-noir peuvent se consoler : il ne devrait pas y avoir le même engouement pour le Crew de Columbus d’Aidan Morris, même si Wilfried Nancy laisse peu d’indifférents dans la communauté foot montréalaise.

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L’entraîneur-chef du Crew de Columbus, Wilfried Nancy

L’an dernier, probablement en guise de réprimande après le divorce difficile entre le CF Montréal et l’entraîneur français, Nancy avait allégué que Montréal avait empêché le Crew de s’entraîner sur le terrain naturel de son centre d’entraînement – une norme dans la ligue –, le forçant plutôt à utiliser le synthétique.

Cette année, Courtois, un ancien collègue de Nancy dans l’organisation de Columbus, ne veut pas jouer à ce jeu.

« Je vais les envoyer au parking là, lance à la blague le coach du CFM en regardant à travers la fenêtre du Centre Nutrilait. Non. Je crois beaucoup au karma. Ce genre de petites choses, ce n’est pas mon truc. Je ne suis pas au courant, mais je ne pense pas qu’on se soit organisé de la sorte. J’espère que non, mais bon, on s’en fiche. Je peux te dire que Will, il s’en fiche. On veut juste jouer au foot et donner une bonne version de nos joueurs. »

Le CF Montréal affrontera le Crew de Columbus ce mercredi soir à 19 h 30, au stade Saputo. Le match sera diffusé à RDS, sur BPM Sports et sur Apple TV.