Un match de gala qui donne lieu à tout un spectacle sportif. Le CF Montréal s’est peut-être incliné par la marque de 3-2 devant l’Inter Miami de Lionel Messi, samedi soir, mais l’évènement a été à la hauteur des attentes au stade Saputo.

Lisez la chronique d’Alexandre Pratt « Lionel Messi a tout fait sauf compter »

Pièces pyrotechniques. Ambiance de feu. Des chandails de Miami un peu partout, mais pas la vague rose attendue. Hormis peut-être en fin de match, lorsque Montréal traînait au tableau indicateur et que le nom de Messi a été scandé avec chaleur et puissance par plusieurs sections de l’enceinte montréalaise.

« Je comprends les gens qui crient pour Messi, a commenté un Laurent Courtois visiblement dépité, après la rencontre. Mais moi, en tant qu’entraîneur-chef, pendant que mon équipe perd, entendre mon stade scander le nom de l’adversaire, c’est dur. »

« C’est décourageant un peu », a ajouté Jules-Anthony Vilsaint, auteur d’un but et d’une passe décisive pour les Montréalais.

« C’est sûr que quand on est en train de perdre 3-2, que c’est la fin du match et que ça crie “Messi”, on était déçus parce qu’on essaie de remonter, a souligné le Québécois. […] Mais je peux comprendre. C’est leur idole aussi, le meilleur joueur de tous les temps. Donc c’est 50-50. »

« Je suis très déçu pour les partisans, a ajouté Courtois. Mais pas pour les spectateurs qui sont venus chanter “Messi”. »

Un fort début de match des locaux

Évidemment qu’on attendait le show Messi : il était partant pour cette rencontre, tout comme ses ex-comparses du FC Barcelone Luis Suárez et Sergio Busquets.

En revanche, l’Argentin a été blanchi sur la feuille de pointage pour la toute première fois de la campagne 2024.

Et en début de match, c’est plutôt le CFM de Laurent Courtois qui s’est donné en spectacle. On a même vu la meilleure copie du Bleu-blanc-noir cette saison pendant les 40 premières minutes.

Je suis vraiment content de la façon dont on est arrivés avec de la qualité. Ça nous a permis de nous établir et de limiter les revirements devant les deux meilleurs joueurs de la dernière décennie à leurs positions respectives.

Laurent Courtois

Messi a touché le ballon dès la deuxième minute, et la clameur de la foule s’est dès lors fait entendre. Mais l’Argentin n’a pas eu un grand impact pendant les 43 minutes suivantes.

Rapidement, on a compris que Bryce Duke était dans l’un de ses bons jours. À la 22minute, le numéro 10 du CFM, un ancien de l’Inter Miami, qui plus est, s’est lancé en échappée. À sa gauche, Jules-Anthony Vilsaint, en contrôle du ballon. Dévalant le couloir à toute vitesse, l’attaquant a envoyé un centre parfait à son coéquipier américain, qui a placé le cuir parfaitement entre les jambes de Drake Callender. Le CF Montréal a ainsi pris les devants, un peu à la surprise de tout le monde.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Bryce Duke a marqué le premier but du match.

Miami, au-delà de ses vedettes, trône quand même au sommet de la MLS, et s’est amené à Montréal fort de six matchs sans défaites et quatre victoires consécutives.

Les percées montréalaises se sont poursuivies. De l’autre côté, Messi s’est tenu tranquillement en pointe. Il a marché et balayé le terrain du regard. Toujours prêt à s’activer lorsque le moment s’y prêtait. Mais il nous a semblé, du moins dans cette portion du match, un peu hors de son X, avec quelques passes ratées qui ont amusé les gradins du stade Saputo.

Montréal a ensuite décidé d’épater la galerie à sa manière. Une action collective de toute beauté entre Vilsaint, Ariel Lassiter et Fernando Álvarez a permis au Québécois de creuser l’avance des siens à la 33minute.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Jules-Anthony Vilsaint célèbre son but marqué en première demie.

« J’ai travaillé dur pour ces moments, a dit l’homme du match pour Montréal. Revenir de blessure, travailler sur mon corps, et avoir de plus en plus de minutes, mentalement, ça me fait du bien. »

On s’est approché de la mi-temps. George Campbell est entré en contact avec Messi au milieu. Ce dernier est resté au sol, a reçu des soins, puis a dû ensuite quitter temporairement le terrain en raison des nouvelles règles de la MLS pour accélérer le jeu.

Ironie du sort : Messi a regardé le jeu des lignes de côté lorsque son coéquipier Matías Rojas a enfilé un but qui figurera assurément dans les jeux de la semaine en MLS. Son coup franc, de loin, a battu Jonathan Sirois et a réduit la marque à 2-1 à la 43minute.

Le vent tourne avant le retour aux vestiaires. On vous disait que Messi était peu efficace ? Voilà peut-être ce qui fait sa magie. Flairant tout à coup l’occasion, il a combiné avec Suárez. Le jeu s’est terminé en corner, dans les arrêts de jeu. Puis le ballon a fait son chemin jusque dans la surface, a touché la tête de Duke et s’est rendu jusqu’au pied bien placé de l’artilleur uruguayen. Juste comme ça, c’était 2-2.

« Ça crève le cœur de ne pas être en mesure de finir la mi-temps comme il se doit », s’est désolé Courtois.

Et l’entraîneur d’ajouter : « C’est dur, parce que c’est comme ça que le match bascule. »

Le moment Messi… qui ne vient pas

Montréal a poussé en début de deuxième. Mais Miami a confirmé son élan. À la 59e, Matías Rojas a servi un magnifique lob, du milieu du terrain, vers Benjamin Cremaschi. Ariel Lassiter a bien suivi le jeu, et a même cru avoir effectué le travail défensif. Mais le ballon a fini par lentement traverser la ligne de but. Malgré la prestation très respectable de Montréal, les visiteurs ont pris les devants 3-2.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Lionel Messi a été discret en début de match.

Le Bleu-blanc-noir est chez lui, et Messi ou pas, un résultat est encore à sa portée. Il a fait preuve d’une belle volonté offensive en deuxième période. L’entrée en jeu de Dominic Iankov, à la 63e, a aidé à ce chapitre. Malgré tout, on a l’impression que les espoirs des locaux, avec les deux superstars en pointe de l’autre côté, peuvent être anéantis en une fraction de seconde.

Et justement, à la 84minute, Montréal passe tout près d’avoir son moment Lionel Andrés Messi. Son tir, dans la surface, passe à la droite du cadre. C’est là que la foule a scandé son nom.

Une autre occasion est survenue trois minutes plus tard. Un coup franc bien placé, juste à l’extérieur de la surface, qui aurait pu permettre à la Pulga de marquer l’une de ses frappes enroulées qui ont fait sa renommée.

Le tir est passé tout juste au-dessus du cadre.

Encore une autre chance, à la 91e. L’homme sur qui tous les yeux sont rivés s’amène, seul dans la surface, défendue par trois Montréalais. Jonathan Sirois fait l’arrêt, un autre d’une grande importance en fin de match.

Interrogé sur le fait d’avoir blanchi Messi, Vilsaint n’a pas débordé d’enthousiasme.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Jonathan Sirois fait l’arrêt devant Lionel Messi.

« Malheureusement, on a perdu, et c’est ça qui compte le plus. C’est dur, mais je trouve qu’il y a eu des moments où on a perdu la concentration, et ça a fait mal à la fin. »

Montréal a cherché, puis cherché encore. Mais n’a pas trouvé la brèche. Il a fait chaud au stade Saputo à ce moment !

Mais il a manqué quelques degrés.

Vilsaint a quand même tiré du positif de son 11 mai.

« C’était l’une des soirées les plus folles que j’ai vécues au stade Saputo, a-t-il dit, malgré la défaite. Partager le terrain avec ces gars, c’est inoubliable. Je suis super reconnaissant, et je ne pourrais demander mieux, honnêtement. »

EN HAUSSE

Jules-Anthony Vilsaint

Un but, une passe pour le Québécois. Sur la plus grande scène de sa jeune carrière, devant tous les projecteurs de la ligue, sous les yeux de la légende. Il y a eu son centre pour Bryce Duke, il a eu sa propre réussite quelques minutes plus tard. Mais il y a aussi eu ses appels et sa ferveur sur l’aile gauche. En l’absence de Josef Martínez et Matías Cóccaro, les buts doivent venir de quelque part. Vilsaint aide son entraîneur à prendre des décisions, par les temps qui courent.

EN BAISSE

Mason Toye

Toye a joué 73 minutes, et malheureusement pour lui, ça n’a presque pas paru. On s’est même demandé pourquoi ce n’est pas lui qui a laissé sa place à Iankov lorsque Vilsaint a quitté le terrain.