« Noël est en avance », a écrit Matías Cóccaro sur Instagram, mercredi matin. Sur sa story : la chanson Let It Snow, Let It Snow, Let It Snow de Dean Martin, et des images d’une neige qui fouette les murs du Centre Nutrilait. On ne vous en tiendra pas rigueur si vous ne riez pas.

L’Uruguayen, blessé, avait le luxe de passer sa matinée à l’intérieur, probablement non loin de son maté, d’où son ton à la rigolade. Ses coéquipiers du CF Montréal, quant à eux, ont dû subir les contrecoups de cette température hivernale de plein fouet.

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE MATÍAS CÓCCARO

Matías Cóccaro a eu le luxe de passer la matinée à l’intérieur, mercredi...

On aimerait vous citer les propos d’un Laurent Courtois tout emmitouflé lorsqu’il se rendait péniblement vers le terrain naturel du centre d’entraînement, mais notre inutile parapluie était en train de perdre son intégrité. Notre concentration était donc ailleurs. Sous son foulard et son capuchon, on a pu déduire qu’il était question, dans la langue de sir Alex Ferguson, d’« enfer » et de « phoque ».

« Je m’en vais dans le jacuzzi après ça, a lancé Dominic Iankov devant les médias après coup. Cette météo est folle. »

« Pour être honnête, c’était terrible aujourd’hui, a dit George Campbell en souriant. Mais c’est correct, je suis habitué. »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

George Campbell

Campbell est originaire de Chester, en banlieue de Philadelphie. Son expérience avec le froid ne l’a pas empêché de quitter le terrain dès que l’entraînement s’est arrêté, une bonne demi-heure avant l’heure de fin habituelle. Tout comme le reste de ses coéquipiers, dont quelques-uns restent généralement un peu pour s’exercer aux tirs et à d’autres manœuvres après le coup de sifflet.

Mais quand le vent souffle à un tel débit, avec une pluie froide se transformant graduellement en neige, à la fin d’avril qui plus est, on évite de s’éterniser.

« On était supposés avoir une séance encore plus intense aujourd’hui, a rappelé Iankov, mais [les coachs] ont retiré quelques éléments de l’entraînement. »

Cette matinée misérable a en plus fait émerger une autre mauvaise nouvelle dans le camp des attaquants du CFM : Sunusi Ibrahim et Jonathan Sirois ont subi une collision, et le Nigérian a dû mettre fin à sa séance quelques instants plus tard. Il a quitté le terrain en voiturette, mais s’était préalablement relevé par ses propres moyens, les jambes visiblement lourdes.

Quelques heures plus tard, on écrit ces lignes alors que le soleil brille à Montréal. Allez comprendre.

Des fins de match pénibles

Fin de la rubrique météo. Passons à la rubrique courrier des lecteurs.

« Je suis le CF depuis plusieurs années, nous a écrit Hugo Paradis après le match nul de 2-2 de samedi dernier contre Orlando. J’ai l’impression que les buts accordés en fin de partie sont devenus la marque de commerce de l’équipe. Auriez-vous des statistiques à l’appui qui viendraient confirmer cet énoncé ? J’ai l’impression que le CF a bousillé plusieurs victoires en accordant des buts dans les cinq dernières minutes de jeu. Merci ! »

En cette jeune saison, effectivement, Montréal est le cancre de la ligue à ce chapitre. On parle de 8 filets encaissés entre la 76e et le coup de sifflet final, sur 16 au total – au quatrième rang des pires totaux de la MLS. Traduction : la moitié des buts accordés en 2024 l’ont été en fin de match. Il faut dire que l’effondrement de 3 buts à Chicago et la défaite chaotique de 5-0 à Seattle n’ont pas aidé.

La fiche du club est de 6 buts marqués contre 11 encaissés en deuxième mi-temps, contre une fiche positive de 6-5 en première période.

En revanche, on ne peut pas établir une tendance qui en aurait fait sa « marque de commerce » pour les dernières années. En 2023, le CFM sous Hernán Losada a marqué deux buts de plus qu’il en a encaissé entre la 76e et la 90e (10-8), et a figuré au milieu du peloton. Même chose pour 2022, sous Wilfried Nancy (9-7). En 2021, ç’a été plus difficile, avec un différentiel de -4 (8-12).

« On doit être plus concentrés »

Sachant cela, comment corriger cette tangente dangereuse pour la saison actuelle ?

« On a commencé la campagne vraiment bien, de l’autre côté du spectre sur cet aspect », affirme Campbell.

Le défenseur américain fait référence au jeu blanc de 0-0 à Orlando en entame et à la victoire de 2-1 face au FC Dallas, et il n’a pas tort.

« On doit être plus concentrés, oui, continue-t-il. Mais il y a aussi la communication à travers l’équipe. Peut-être qu’on n’a pas été sur la même longueur d’onde à certains moments. Des gars ont voulu appliquer de la pression, d’autres voulaient rester derrière, et vice-versa. Il faut prendre un moment pour respirer, être sur la même longueur d’onde, et parler plus. C’est ce qui fera la différence. »

Est-ce que le risque d’accorder plus de chances de marquer fait partie de l’ADN du style de jeu de Laurent Courtois, plus axé sur l’attaque ?

« Peut-être, mais je pense qu’aucun entraîneur ne veut concéder de but », soumet Campbell en souriant.

Surtout pas des buts cadeaux comme ceux accordés dernièrement. C’est peut-être Noël chez Cóccaro, mais pour le CF Montréal comme pour dame Nature, il est temps de passer à autre chose.