« Maintenant, avec 10 mois de recul, oui, on peut parler d’erreur. »

L’entraîneur-chef Hernán Losada a été congédié par le CF Montréal, jeudi, moins d’un an après son embauche.

Olivier Renard en convient : l’arrivée de Losada à Montréal n’a pas donné les résultats escomptés.

Au Centre Nutrilait jeudi, le directeur sportif du CFM a énuméré quelques éléments qui expliquent selon lui pourquoi l’organisation devait procéder à un changement. Il a notamment parlé d’une déconnexion avec le club au chapitre du « style de jeu », de la « non-qualification aux séries », de « joueurs déçus » et du « manque d’envie » de l’équipe lors du dernier match crucial face au Crew.

« Ce qu’on a démontré à Columbus, pour moi, était révélateur de la situation », a expliqué Renard lors de son point de presse.

Mais il nuance aussi son propos.

« “Erreur” pour moi est un mot difficile à entendre, a ajouté le DS après l’avoir formulé. Je ne vais pas mettre toute la responsabilité sur Hernán. Mais c’est certain que si [on avait fait] ce qui était prévu, on ne serait pas là à en parler maintenant. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Le directeur sportif du CF Montréal, Olivier Renard, a rencontré les médias jeudi après-midi.

En tant que directeur sportif, la décision d’embaucher Losada en premier lieu lui revenait. Son congédiement de jeudi marque-t-il un constat d’échec de sa part ?

« À partir du moment où tu dois remercier quelqu’un », dit-il, « c’est une déception ».

« C’est à moi de me remettre en question. Qu’est-ce qu’on a bien fait, qu’est-ce qu’on a mal fait ? Il faut bien analyser la saison. Tout n’était pas à jeter, et c’est ce que j’ai dit à Hernán. Il a fait de bonnes choses ici. »

Des joueurs « déçus de leur relation »

Jeudi, Olivier Renard a repris essentiellement les mêmes mots et formulations qu’il avait utilisés au bilan, le mois dernier. Il disait à ce moment vouloir discuter avec les joueurs et le personnel d’entraîneurs avant de prendre une décision formelle.

Qu’est-il ressorti de ces discussions ?

« C’est certain que moi, comme directeur sportif, je prends la température du vestiaire. Je tiens à insister, ce ne sont pas [les joueurs] qui ont décidé. »

Rappelons que certaines figures importantes de l’équipe, dont Samuel Piette et Victor Wanyama, avaient émis des doutes importants quant au style de communication de Losada et aux tactiques employées.

« Il y a certains joueurs qui étaient déçus de leur relation avec l’entraîneur. […] Mais ça se passe dans tous les vestiaires. C’est à moi de faire le juste milieu. »

« On n’était pas du tout sur la même longueur d’onde après un an, donc c’est pour ça que j’ai pris cette décision. »

Portes tournantes

Jesse Marsch. Marco Schällibaum. Frank Klopas. Mauro Biello. Rémi Garde. Wilmer Cabrera. Thierry Henry. Wilfried Nancy. Et maintenant Hernán Losada.

Le prochain entraîneur du CFM sera donc son 10e en 13 saisons en MLS. Ça fait beaucoup.

Mais pour Renard, ce n’est pas nécessairement la faute du CF Montréal. « C’est malheureusement ce qui se passe dans le football international », dit-il.

Sur ce point, il a raison. Plusieurs grands clubs européens jouent aux chaises musicales. Même en MLS, 11 équipes sur 29 ont changé d’entraîneur en 2023.

Mais l’image de Montréal à travers la ligue devient incontestablement celle d’un club qui n’offre aucune stabilité à ce poste. Est-ce que ça complique le travail du directeur sportif ?

« Quand je vois le nombre d’appels que j’ai reçus depuis les dernières heures, et même avant […], il y a beaucoup, beaucoup d’entraîneurs qui veulent travailler au CF Montréal. »

« On a un club qui aime développer les joueurs, et les entraîneurs aussi. Il y a beaucoup de candidats qui sont preneurs. »

Et ces appels viennent de « tous les côtés », précise-t-il, laissant entendre qu’il en reçoit tant d’outre-mer que de l’Amérique du Nord.

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Olivier Renard

On lui mentionne que de bons candidats seraient peut-être disponibles au sein de la MLS. Comme Pa-Modou Kah, adjoint au Charlotte FC. Ou alors Laurent Courtois et Yoann Damet, respectivement entraîneur au Crew de Columbus II et assistant de Wilfried Nancy avec l’équipe séniore.

Le regard d’Olivier Renard est perçant lorsqu’il répond.

« Nous, on va contacter les clubs si on est intéressés par des entraîneurs qui sont sous contrat. »

Il fait référence à la saga du départ de Wilfried Nancy vers le club de l’Ohio, qui est passé de travers chez le CFM. Le club avait à ce moment accusé le clan Nancy de maraudage.

« On a déjà évidemment une liste [de gens] qu’on a envie de rencontrer. Mais si jamais ce sont des candidats de la ligue, on va d’abord passer par leur club. »

Quels seront les critères d’embauche cette fois ?

« [Le candidat] devra vouloir être ici, écouter notre philosophie et la faire se déployer sur le terrain. On veut voir la grinta chez les joueurs, du premier au dernier match. Il devra aussi avoir du respect pour nos partisans. »

Parler le français sera-t-il un critère ?

« Le premier critère sera de rentrer dans la philosophie de ce qu’on veut faire, réitère le DS. Évidemment, s’ils parlent français, c’est un point important. »